vendredi 27 juin 2008

au sommet de ma joie - textes du jour

Vendredi 27 Juin 2008

Prier… [1] la fin lamentable et terrible de Sédécias, pourtant mis en place par l’envahisseur et débaptisé par lui: l’on prononça la sentence, les fils de Sédécias furent égorgés sous ses yeux, puis on lui creva les yeux, il fut enchaîné et emmené à Babylone. Je crois que dans un univers qui englobe tous les autres, et qui a ses dimensions qui commande toutes les autres, il n’y a plus que deux forces, la haine et l’amour, l’amour n’a besoin ni de motif ni de retour, il se nourrit de lui-même apparemment mais il n’a sa pleine justesse qu’épanoui par son objet – je le vis, à temps, dans ma vie, et n’ai plus à payer que le remords de n’avoir peut-être pas répondu à d’autres – tandis que la haine a son fondement et parfois sa légitimité, la haine de l’envahisseur, la haine pour l’usurpateur, le pouvoir abusif et malfaisant. En ce sens, Jésus nous atteint quand il nous enseigne à haïr le mal, le péché, le refus. Historicité du mal et de la haine, le livre des Rois date avec minutie les sièges de Jérusalem. C’est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons. Comment chanterions-nous un chant au Seigneur, sur une terre étrangère ? Il y a une certaine chance dans l’histoire – bien occultée aujourd’hui par des thèmes importants mais partiels comme l’esclavage, la colonisation ou la shoah – l’histoire de notre France, que nous ayons eu à subir de mémoire d’hommes des guerres ravageuses en vies humaines, et une occupation par l’armée d’un peuple que nous avions moins su comprendre, pour le pire et pour le meilleur, que l’Allemagne et les Allemands ont toujours su nous aimer et surtout nous évaluer. L’occupation par l’étranger est toujours une profonde leçon pour l’asservi. Nos vainqueurs nous demandèrent des chansons… Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! … Si tu le veux, tu peux me purifier. Foi native d’une culture et d’une époque en une pureté originelle de l’homme, un état de santé est la norme. Dieu rétablit, plus qu’Il n’établit. L’établissement, une fois pour toutes, lors de la Création. Et le rachat, une fois pour toutes, par l’Incarnation, la Passion et la Résurrection. Notre salut très circonstancié et historiquement situé, tandis que notre création – celle de tout le vivant – est aussi perdue pour nous que notre propre conception : un fait permanent mais inatteignable en son origine, son essence. Dieu créateur : Si tu veux… Je le veux, sois… l’envers total et magnifique, bouleversant des destructions et des penchants des hommes. J’élève Jérusalem au sommet de ma joie. La suite de la Création est un dialogue. Dieu dialogue éternel avec Lui-même, par nature, et Création motivée par ce dialogue pousant à un autre dialogue, l'altérité de Dieu - s'il est possible de l'écrire ainsi - c'est l'homme, son répondant. Dieu a voulu une contingence qui Lui réponde et qu'Il puisse appeler à sa propre nature divine. Une liberté qui veuille Dieu... on ne sait pas dire de telles choses. Seul Dieu le sait et Il ne nous a pas tout dit, encore.

[1] - 2ème Rois XXV 1 à 12 ; psaume CXXXVII ; évangile selon saint Matthieu VIII 1 à 4

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