samedi 21 juin 2008

la mort

Lettre à ma mère à la suite de l’inhumation de mon père

Jeudi soir 28 février 1980
Ma petite Maman .
route très longue jusqu’à Francfort parce qu’
entièrement de nuit . n’ayant quitté St Benoît
que vers 19 h . Drame des cimetières quand
l’imagination parle trop encore : un visage .
un corps . connus . de vie à un mètre sous
la terre tassée ! Depuis six mois . la vie
prend sa dimension pour moi . sans doute définitive
un simple et si court . presque insignifiant passage .
On en vient presque à douter que l’identité
personnelle ait quelque importance réelle .
Nom du notaire : M° . St Benoît sur Loire
Nom du père abbé : Dom B.
A mon retour . Munich . je vous en voie une
brochure de lui . et les feuilles déposées
à l’entrée de l’église . Vous me direz si
vous avez reuçu le sermon .
Bien sûr . mon réveil radio m’attendait .
Tendrement et gravement .
votre Bd
P.S. Il paraît qu’une loi de 1976 a prévu pour les nouvelles veuves une allocation
mensuelle fixe . quelles que soient les autres ressources . de 2000 F pendant un an .
Vous pouvez demander à la mairie .


Samedi 21 Juin 2008

Sieste . – Inexplicablement sans cause mais avec l’effet – considérable de me mettre dans le vertige et le cafard sans le moindre repère – me vient une pensée, un état d’âme envahissant que je ne saurais dire-décrire. Le néant de la vie, la plénitude de la mort. Et j’en suis ressorti, je m’étais perdu ou j’avais été perdu.

Pourtant aux côtés de ma femme aimée . notre petite fille siestant elle aussi paisiblement après un déjeuner drôlatique et qu’elle m’ait offert une clématite, exprès de la couleur de sa robe préférée . et ave la perspective d’un travail que j’aime continuer . et d’une soirée chez des amis dont je me réjouis .

La mort par le dedans. Inattendue, totale, terrifiante, tout autre que toute idée, tout souvenir, tour pressentiment. Visite…

Ma femme me demande, nous éveillant ensemble : qu’est-ce que tu as ? – un coup de cafard, sans cause, inexplicable. Mais çà va.

Elle m’avait rappelé cette phrase de notre ami Jean Mauriac, notée dans son
François Mauriac à Malagar : " à la mort de Claire (l’une de ses deux sœurs), j’ai commencé de mourir ".

Revenu à mon écritoire-messagerie : nouvelle-courriel de l’avant-dernière de mes sœurs qui ne m’avait plus fait signe son départ assez loin, il y a plus de trois mois.


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