samedi 26 juillet 2008

le gouffre - textes du jour

Samedi 26 Juillet 2008


Eteint à minuit, moments délicieux à plusieurs reprises, plus que délicieux avec notre fille tandis que j’étais à boucler la retouche de mon texte-socle pour le blog. spirituel : elle aussi à la table en teck, ses entrainements pour me faire aller sur la terrasse, pour partager avec elle chaque moment, la nuit aussi et son silence, puis jusqu’à notre lit à propos d’ogre, et tant d’imaginations pour des invites à être ensemble. Ce fut intense. La grâce me donne de faire revenir cela maintenant, ce matin, alors que je me suis éveillé après une nuit de sommeil très conscient tant nous avons été interrompus et réveillés, et que m’a sauté à la gorge une sorte de non-sens affreux. Si je ne me donnais depuis des années – en dehors de toute la pression des circonstances à auto-gérer pour ne pas périr étranglé – des « choses » à faire, des buts et des ambitions, ainsi mes programmes d’écrire, énièmement, comme je les poste ce matin à ... après le lui avoir couriellé, si je ne me jouais cette comédie d’un futur sensé, qu’aurais-je : que le vide d’une chute qui aurait fini depuis longtemps à l’asile ou dans le suicide. J’ai compris notre Jean M., soudain le vide. Et puis, maintenant, à tenter d’écrire à François Fillon, revêtu des fonctions de Premier ministre comme il y avait la robe rouge des juges ou la tenue du bourreau : image et certitude de l’inexorabilité. Le malheur et l’épouvante du monde, c’est l’homme qui les y met… Prier… et Jésus se fait, pourtant, homme. Dieu fait homme, alors que c’est la pire condition du vivant., nous sommes nos agents de mort. La prière comme l’ultime structure face au néant et au bord du désespoir, fumée ténue d’un encens qui visiblement irait au ciel ? Car le Seigneur a fait choix de Sion, elle est le séjour qu’il désire. Dieu voulant habiter parmi nous, alors que nous sommes pour Lui et les uns vis-à-vis des autres ce que nous sommes, si persévéramment, si tenacement, agents d’horreur de tant d’hommes et de femmes pour leurs semblables. Et mes péchés explicites ou par omission. Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez. Les textes du jour me prennent à rebours, avec la même obstination que la méchanceté et le néant dont je me sens environné ce matin… l’éloge de ces personnages glorieux que sont nos ancêtres … Leur postérité a persévéré dans les lois de l’Alliance. Ne parvenant pas à passer ce seuil, je crie, ma forme de silence, et nous remets tous en Dieu. Avec confiance.[1] Et je trouve l’exorde ou l’argument ultime de ma lettre à FF : il y a des gens dont le souvenir s’est perdu : il n’en est pas ainsi des hommes de miséricorde, leurs œuvres de justice n’ont pas été oubliées. Si j’ai été retenu de mourir et de tomber depuis ma mise en jachère – qui dans notre société signifie mise au tombeau puisque argent, grade et apparence sont tout – il n’y a pas eu que mon imagination pour me trouver des buts, il y a eu la grâce, la grâce de prier, la grâce d’imaginer, la grâce de notre mariage, la grâce que notre fille vienne en ce monde et y apporte une présence et une promesse tout autres. Il y a eu la grâce, puisse-t-elle aujourd’hui et demain nous abriter.

Ma femme, debout, a tout su et respiré de mon épouvante. Elle m’assure que notre fille ne manquera de rien, elle me présente DdeV et ces autres, nantis de prébendes. Je gagne sans doute son estime – et l’amour n’y est pas pour tout, tant elle est lucide – en me cassant le t… pour autrui. Qu’elle soit ma femme me signifie continûment la miséricorde divine, l’intelligence délicate et subtile de Dieu. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. J’ajoute au memento des vivants, ce matin, ces religieux que je connais et aime, leur accompagnement ne peut être que direct, leur accompagnement par Dieu. Ayant choisi des e consacrer à Le chercher, ils ne peuvent – sans doute – survivre que par Lui. Ou alors, ils se donnent tant de choses que leur consécration n’est plus.

[1] - Ben Sirac le sage XLIV 1 à 15 ; psaume CXXXII ; évangile selon saint Matthieu XIII 11 à 17

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