jeudi 24 juillet 2008

nous tous - parcours simple (relecture)

dialogue : b.fdef@wanadoo.fr



Nous tous :

l’Eglise, l’humanité



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+ soir du samedi 19 juillet 2008 & retouches et ajouts jusqu’au samedi 25

La première étape avait été la prière du soir en famille, mon aîné, nous n’étions que deux enfants, mon aîné de dix ans, mes parents, j’étais à genoux devant mon lit, le lit le long du mur, fenêtre sur cour, gros berceau en bois, près du lit pour des peluches, un ours confectionné sous l’Occupation par ma tante et marraine, les yeux avec des boutons de culotte. L’ours, bourré à la sciure de bois, fut un jour éventré, je tentai de tuer mon père en représaille. Prière récitée :
Petit Jésus, je vous donne mon cœur,
faites que je sois bien sage,
protégez tous ceux que j’aime,
au-revoir, Jésus !
Baiser sonore de la main, signes de croix appris et faits, au mur, image naîve de mon saint, l’évêque-guerrier de Comminges. Mêmes récitations et même âme, depuis… Devant la tombe de ma mère comme sur son lit d’agonie, il y a seize ans bientôt. Assis sur le lit de notre petite fille. Cette prière continue dans les mêmes mots.

Les messes à la paroisse, les gros billets à la quête, le latin, toutouoh ! çécoulorom ! le « suisse », la canne à pommeau, pour les frais du culte s’il vous plaît, seconde quête moins importante et de loin que la première. Nous occupons tout un rang, mes parents ne communient pas souvent. Nous sommes bien habillés, pas de domestique pour la table ni la cuisine, Maman la fait (croûtons au fromage, frites, somptueux rôti de bœuf, gâteaux - deux par enfant – choisi chez Coquelin (succession de magasin de fringues depuis une vingtaine d’années, place de Passy, dont il était l’ornement ; vérifier dans le premier tome des mémoires de Julien Green si la maison n’existait pas déjà en 1919).

Le célébrant, l’hostie au-dessus de la tête, l’autel très lointain, l’ensemble intense et peu discernable, la chapelle de Saint-Jean-de-Passy, rue Raynouard à Paris. J’en suis retirépar mes parents : première confession sans que j’y ai été préparé ni ne m’en sois rendu compte. C’est ainsi que j’entre en neuvième à « Franklin », chez les Jésuites (un père spirituel par division, un préfet par collège, soit trois ou quatre divisions, un jeune scolastique comme « père surveillant » à partir de la sixième. Je suis en neuvième, communion privée, je me confesse à Gilbert Lamande, petite taille cambrée à la Foch, un don de conteur, de dessinateur, de metteur en scène, un séducteur, un imitateur d’un trafic ferroviaire en grande gare ; il tient une classe sous le charme, il organise des « camps de formation » en forêt de Compiègne, à Vieux-Moulin. Il est exceptionnel en prêchant aux enfants, la beauté, la proximité de Dieu immédiat dans notre cœur d’enfant confiant et confident, il schématise les deux testaments de la Bible pour montrer que l’un est accompli par l’autre et que l’autre fait tout saisir du premier. Aucun émoi religieux, mais la sensibilité exacerbée par les récits d’actualité que nous restitue le religieux : le guide Payot, le capitaine du Flying enterprise, le Champollion drossé devant Beyrouth : l’héroisme n’est pas à la racine, le courage mais le sacrifice de soi. Récits aussi de guerre, de résistance – Gilbert Lamande, cheminot avant d’entrer dans la Compagnie, en a fait partie. Culte de la mère, donc la mienne, c’est aisé, et de la Vierge Marie, c’est évident et chaleureux. Enorme crucifixion, presque grandeur nature dans la chapelel. Le bâtiment principal – aujourd’hui disparu – est un hôtel particulier, l’atrium en rotonde, colonnades à chaque façade, les escaliers intérieurs peu commodes, un perron dont je suis tombé, poussé par un camarade, resté anonyme jusqu’à ce jour.

Au Moyen Collège, la magnifique « chapelle » 1930 – les dimensions d’une belle église paroissiale, originalité de trois niveaux et d’une montée magnifique d’escalier jusqu’à l’autel, la fresque de saint Louis de Gonzague, l’éclairage indirect par une croix suspendue du plafond aux longueur et largeur de l’édifice – les actions de grâce, le célébrant la fait longuement, en soutane, à genoux, la tête dans les mains, nous sommes quelques-uns à l’imiter, rivalisant de persévérance. L’évocation fréquente de Charles de Foucauld, elle me paraît un appel direct, il me semble rougir au point que toute la chapelle doit le voir. Débuts de la piété, « ma » piété, la messe « privée » de Jésuites d’autres divisions servie héroïquement et avec émotion (piété) en arrivant trois quarts d’heures plus tôt que la rentrée de tous : me expectaverunt, os justi, le tout en latin, les ornements d’époque dont rien n’est omis, la raideur du XIXème siècle, intimité de quelques minutes avec un religieux sévère et mystérieux, la plupart des Jésuites sont, pour les élèves de ce modèle. Présence réelle. Dix ans ainsi. Le scoutisme continue et confirme.

Quantité de visages, de rencontres, de personnalités, de dialogues, l’apparence de grands écarts d’âge avec nos éducateurs, mais ils n’avaient pas quarante ans, beaucoup sont morts à soixante, foi de ces Jésuites-instituteurs, talent qui ne s'imposait pas, était naturel, coulait de source précisément… éclat et attractivité de mes « camarades de classe » et déjà des groupes, des exclusions ou des affinités, qui – à cette époque : de nos vies, ou de la société contemporaine française ? – étaient déjà du racisme ou de l’amour. Dieu était un bain, une ambiance, où d’autres éléments comptaient pour ainsi écrire : autant, mais n’était pas encore une personne. J’appris deux choses : que la foi n’est pas acquise par nous, mais reçue de Dieu ; que Jésus est sauveur, et que Le ressentir, L’appeler ainsi, est signe d’une maturité spirituelle. La conscience de notre condition pécheresse… une grande cohérence : foi, succès dans les études, homogénéité et accessibilité sociales. Aucune question d’aucune sorte, pas de trouble, une portance.

Second personnage, il est multiple : les autres. La foi a pour « preuve » que d’un lieu à l’autre, d’une génération à l’autre, d’un temps à un autre, les réflexes et les expériences sont les mêmes, l’homme devant Dieu, ou l’homme pour dire, le prêtre, le prédicateur, le pape, notre conscience, tout fait redondance. Je doute moins que jamais, je resterai ma vie entière, à l’intérieur de la foi et de l’Eglise. La troupe scoute que j’anime deux ans multiplie ces rencontres d’autrui dans la foi. Dieu est le bien le plus commun des hommes. Du patronage à Bezons, quelques dialogues avec les curés de paroisses où nous campons. Mon ancêtre éponyme encore, des dialogues par lettres avec mon aîné accomplissant son service militaire au Sahara– malgré l’Algérie, mais il a maintenant huit sœurs et frères – je me pose « la question de la vocation » (religieuse ou sacerdotale). Pas de souci de perfection, pas d’évaluation d’un état de vie, mais un appel, une destinée. Ce devient progressivement le centre de mes questionnements intimes : unique entretien avec mes parents qui me dissuadent. Mon père : les parents sont des mendiants d’amour… Trois amis de cette enfance puis adolescence, vraiment intimes, deux entrent dans la Compagnie à quelques années de distance, le troisième chez les Franciscains. Tous trois ont quitté leur congrégation, deux sont morts. J’en accompagne un à deux moments, manquant l’essentiel, celui où il quitte – épuisé et écartelé – la Compagnie bien avant profession et sacerdoce, et celui où se remariant il est allé, à ce qui semble un suicide. Michel Thellier de Poncheville n’a plus cessé plus de m’accompagner. D’être avec moi.. Je ne réponds à la question de toute mon adolescence que maintenant – « mon » bonheur conjugal et la grâce qui le pérennise –, me le permettent. La soixantaine nous rend contemporain de nos idéaux et ambitions d’adolescence, mais elle les exauce, les réalise tout autrement que nos tentatives de vie et nos apparences de carrière. Ainsi ce blog. depuis Pâques environ, et la diffusion électronique de l’écriture de « ma » prière à mesure que chaque matin, je lis les textes de la liturgie du jour. Apostolat et témoignage, sans mandat certes, sans formation certes, mais en partage d’Eglise.

Ambassadeur de France au Kazakhstan – j’ouvre la relation diplomatique en 1992 – je convainc le ministre de la Justice, un des juristes soviétiques les plus éminents, disciple des fondateurs dans les années 30, que la représentation du Vatican en Asie centrale règlera la question du financement des paroisses locales, généralement tenues par des prêtres allemands ou tchèques à peine sortis de prison, l’évêque est lithuanien, 400.000 catholiques pour plus de 50 millions d’habitants, plus de mille kilomètres entre chaque église… et qu’elle placera un témoin irrécusable dans la capitale s’il devait y avoir un retour des anciens temps. L’établissement de cette relation me vaut d’être reçu par Jean Paul II, encore en grande forme, seul à seul, puis d’assister le lendemain, seul laïc, à sa messe privée. Puis nouveau moment seul à seul. France fille aînée de l’Eglise, je l’ai représentée.

Humanae vitae, propagandée et dialoguée avec ceux de mon âge, garçons et filles, comportement amoureux et sexualité de plus en plus consciente, chemin solitaire plus éclairé par les débuts multiples que par l’enseignement de l’Eglise. Je vis « sur accus. ». La Bible lue dans le désordre à mes quinze ans, le Cantique des cantiques comme initiation à la beauté féminine et à ce qui sera peut-être l’étreinte, mais dans ce genre Les fleurs du mal, aussi, et les Chansons de Bilittis. Des décennies alors de recherche d’une stabilité et d’une femme me la procurant, mélangée de relents d’ambition peu méthodique : entrer au conseil du prince. J’en rencontre beaucoup et ne retiens que ceux qui mourront avant moi. J’ai peine à reconstituer « ma » prière de ces si longues attentes, mais Dieu était quasiment à domicile, quand même et toujours. Pluralité amoureuse, recherche d’un état dans la sphère d’orientation et de décision de l’Etat.

Aucune des femmes qui se succèdent dans ma vie ou la partage ne sont – durant ces années – pieuses ni pratiquantes. Mon témoignage ne vaut pas, amants sans consécration, un avortement. Figures fugitives et non décisives de prêtres, à ces mêmes époques.

Et je m’aperçois d’un oubli essentiel – pourquoi cet oubli ? A mes vingt ans, en formation de chef scout, la marbrerie sur la Sarthe de l’abbaye bénédictine de Solesmes. Rencontre décisive, qui se continue aujourd’hui, avec des décennies en points de suspension et des retrouvailles fortes. Dom Jacques Meugniot, témoin et accompagnateur de mes vingt ans, de l’appel que j’entends à la sainteté, de deux fiançailles ratées et d’un mariage que je ne voulais pas mais ne sus refuser qu’en me réfugiant dans l’hôtellerie dont il avait la charge. La vie monastique est dès lors une structure de proximité, mais sans que je l’embrasse jamais. De cette rencontre, date cependant la lecture fréquente de l’office et à l’église, chant grégorien, corps plié en conclusion de chaque psaume, expérience irréversible et nourrissante en toute époque de la vie, en toute situation de ce que les psaumes sont le corpus de toute prière en même temps que l’abrégé délectable ou secourable de la psychologie humaine (et de celle de Dieu). Les psaumes ne me quitteront plus, la communion fréquente, la confession pas rarissime sont mes structures minimales. Structures « reçues », grâce déterminante qu’elles m’aient été données.

Celui que j’ai longtemps appelé « mon moine » sera ermite en Mauritanie, aux époques où moi-même en serai absent – c’est là que j’ai accompli à mes vingt-deux ans le service « militaire », il m’avait conseillé le désert pour trancher mes interrogations en état de vie mais j’y vêcus mon premier amour, malheureux comme beaucoup de ceux qui suivirent, j’y rencontrai un Jésuite qui défroquait peu avant l’époque du sacerdoce dans une vie religieuse, allait vers Feurbach et le marxisme, devenant universitaire par le compte-rendu d’une expérience tronquée de sociologie politique arabo-africaine. Rencontre d’abord ténue, encore très progressive aujourd’hui de l’Islam, qui ne me quitte plus car ce pays m’a aimé comme je l’aime. Dom Meugniot est aujourd’hui aumônier des moniales bénédictines d’Argentan. Nous nous aimons en nous décevant souvent car l’esthétique en commun ne produit pas forcément un vocabulaire commun, simplement une exigence qui use beaucoup. L’homme est le plus complexe que j’ai connu – quel que soit « l’état de vie » de ceux que j’ai rencontrés ou croisés avec Dieu et la vie comme thème d’échange et comme nerf du parcours –, le plus apte à souffrir d’une indélicatesse, d’un égotisme, d’une imperfection le blessant autant quand ce sont celles des autres que les siennes, alors visibles. C’est un classique au sens vrai du siècle qu’on a baptisé ainsi, c’est-à-dire un homme qui aime les structures, en trouve et en donne, et qui pourtant est fantaisiste, spontané, romantique, contemplatif vif. Il apprend l’exigence et fait surtout éprouver que nous ne sommes pas exigeants. La vie, Dieu, et souvent autrui, le sont, d’où la conscience de nos limites. Il se trouve que le confident-accompagnant de ma lente entrée dans « l’âge adulte » peut de nouveau être mon frère, mais tout autrement, sans que la relation soit tout à fait inversée. Le secret de chacun est plus intense parce que nous nous connaissons l’un l’autre de biographie et que chacune approche son achèvement. L’œuvre de Dieu et la règle de saint Benoît pour vivre en homme ou femme. Qu’est-ce que la consécration ? je l’envisage mieux maintenant que ce n’est plus une alternative entre le mode religieux et le mode conjugal. Associer « mon moine » au désert et à l’amitié, expériences primordiales de l’adolescence, prise de conscience très décalées de ce que je vivais, me paraît aujourd’hui appeler à beaucoup de conclusions et d’approfondissements que notre âge a rendus possibles : mes vingt ans et ses trente-six ans, maturité qui m’impressionnait, jeunesse absolue rendant rétrospectivement l’expérience et la science humaines étonnantes ; maintenant, nous sommes ensemble dans le « troisième âge ».

A cette époque, j’ai contracté aussi, en lien plus profond avec « le spirituel » que je ne le vêcus d’abord, l’accompagnement mental passionné et de plus en plus documenté de deux personnages politiques, de premier plan, et d’évidente valeur morale (hommes de convictions religieuses, aussi, quoique sans ostentation, naturelles) : Moktar Ould Daddah, président-fondateur de la République Islamique de Mauritanie, celle aussi de Pschari, Saint-Exupéry, Diego Brosset à l’environnement proche à tous points de vue de celui de l’ermite de Tamanrasset, qui importe tant à ma famille de sang et à ma généalogie d’élection. Et le général de Gaulle. Beauté, structures, explication du monde et la possible transformation des choses et des gens, le charisme de susciter l’événement et le consensus, puis la puissance des départs et d’une mort terrestre sans quitter plus jamais l’Histoire. Ainsi entra la politique dans ma vie, d’une manière proche de la mystique et de l’amour, excluant donc toute carrière dans ce qui est devenu un milieu quand les circonstances font défaut – c’est une évidence seulement rétrospective mais qui a fait la méfiance des professionnels. Le désintéressement matériel et le don, un consentement à la destinée qui produit grandeur et assurance. J’ai écrit sur le saint dont notre époque a besoin, il s’apparente à un politique qui serait vrai. Jean-Yves Calvez qui vêcut la tentation des années 1950 la dialectique historique selon lui, l’expérience interdite des prêtres-ouvriers pour d’autres, récusa ma proposition pour Etudes. Nos échanges me plaisaient, d’estime mutuelle. La revue des Jésuites m’accueillit longtemps, sans que je pense ou que l’on pense m’en rendre co-équipier.

Rencontre contemporaine, datant maintenant de plus de vingt ans mais entretenue jusqu’il y a peu : Jean Laplace, Jésuite, passé à Dieu, il y a bientôt deux ans. Les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, l’exploitation de la Bible, la dialectique du « milieu divin », un enseignement lapidaire, aussi pratique que prenant, et une belle figure d’homme – que je continue de pratiquer par ses écrits et aussi par la correspondance ou le dialogue avec d’autres de ses disciples. Un prêtre ayant pratiqué, explicitement ce dont attestent ses papiers, son enseignement avant de le « donner ». Retraites de discernement qui ne m’orienteront pas mais qui m’imprégneront pour une nouvelle étape de vie spirituelle. Jean Laplace est, à l’âge adulte que j’ai atteint très tardivement, à peine aujourd’hui, ce que fut Gilbert Lamande pour mon enfance. Ils ont construit l’exigence de Dieu en moi et l’expérience de la grâce et surtout de l’action de grâce. Je voudrais prolonger son ministère en donnant ce dont il était fait, et comment il avait toujours cru, sa manière presque sereine de souffrir discrètement et de débattre sans insister, professionnellement aigu mais compatissant, spirituellement si simple et pratique, l’humilité a bien plus de formes diverses que la vanité et l’orgueil, je l’ai expérimentée contagieuse car elle nous fait sortir de nous-mêmes alors que la vanité nous y enferme. Jean Laplace nous mettait à l’aise, beaucoup – femmes « consacrées » ou pas, sur lesquelles il a beaucoup écrit et dont il a sauvé quelques-unes, enfermées dans l’absurdité, et des religieux – attestent qu’il les a libérés. La grâce m’est donnée d’en lire un peu plus et de constater que dans une vie religieuse – expressément voulue – le mariage de l’humain et du divin est toujours particulier. Ce qui est simple, n’est pas facile.

Deux fois de suite la lecture suivie, en cent semaines, de toute la Bible. Structure de vie cependant que chaque semaine, hors les vacances supposées scolaires, lire d’affilée une dizaine ou une vingtaine de chapitres de nos Ecritures. Un animateur, chanoine : Jean Le Dorze, esprit simple, clair, autoritaire ou délicat selon le sujet et le moment, très organisé mentalement, pédagogue quoique nivelant un peu son auditoire, m’apprenant aussi le mental de mon terroir d’adoption. Prêtre solide. Qui m’apprend – supplément imprévu – la Bretagne et les Bretons. Je note – en lisant – mais ne retiens que peu, même si le florilège du plus parlant se constitue ainsi. Trésor de chacun de ces livres, aux esprits si différents pour assurer et montrer la même chose, dont l’inventaire est disponible, univers d’accès désormais aisé et dont l’habitude que j’en avais, a changé. La même chose, ce mot de mon cher Jésuite : la chose de toute la Bible est Jésus-Christ, par extension je reconnais que la vie entière de chacun – pour soi – et de tous dans le regard que nous avons les uns pour les autres, n’a fnalement qu’une seule aimantation : la relation à Dieu.

Période dépressive, expérience de l’accompagnement médical, puis psychologique et rencontre d’un cistercien, la Trappe de Bricquebec. Une lumière comme tout ce qui arrive de saint Bernard et de l’affectivité quand elle a choisi de contempler. Dom Amédée Hallier, des heures de dialogue, son émerveillement pour la confidence et son enseignement au consentement. Il meurt lui aussi, figure décisive de pureté et d’une certaine humilité alors qu’on fait pèlerinage pour se reposer auprès de lui ou le consulter. Etonnant pédagogue, culture encyclopédique, piété des bergers à Bethléem, luminosité de son église, exemplarité brute de quelques figures antécédentes, dont celle de Victor Lehodey, abbé dans le premier tiers du XXème siècle : spiritualité de l’abandon. Obscurantisme du clerc de notaire à qui fut délégué le tri de ses cartons de documentation – cinquante ans de classement de l’actualité quand elle apporte à l’esprit et à l’âme, événements, auteurs, saints : tout fut jeté, quelques références aux journaux notées, alors que l’instrument si original et exhaustif avait été là, au palier d’un escalier de l’autre siècle dans des bâtiments où réserver désormais aux pieux et aux chercheurs l’antre du vieux prieur, ne privait personne, et certainement pas sa communauté. Mais j’eus la grâce de recueillir à temps quelques gemmes du trésor. Cadre d’une église, d’horaires vêcus plus consensuellement et une histoire de la communauté qui a ses parts de miracles. Surtout et essentiellement le fait que je reçoive cet accompagnement et cette rencontre par ma future femme et que ce sont là des séjours ensemble, et non un temps vêcu physiquement sans elle.

Au passage, le Val-de-Grâce, un hâvre où meurent nos excellences et nos gens d’Etat, mais où j’ai reçu de survivre, des médecins, l’incomparable général Jean-Pierre Daly, aussi savant, méthodique que saint… et une psychologue d’une justesse, d’un respect d’accoucheuse, le commandant Victoria Horne. Ce dont est fait un corps, comment peut se réorganiser une psyché, une âme fatiguée ou trop inquiète, se tranquilliser, s’éprouver solidement pour la meilleure reprise de nous-mêmes, et le retour à la vraie confiance dans le possible et parfois le souhaitable. Entretiens sur le livre de Job dont j’esquisse pour mes accompagnants, l’analogie avec une psychothérapie

Bibliothèque religieuse commencée par la spiritualité conjugale (abonnement à L’anneau d’or du chanoine Caffarel à mes premières fiançailles – mon beau-père putatif, mécène du « père au lard » et de l’Aide à l’Eglise en détresse, que je retrouve – l’association, pas le beau-père – quarante ans après), continuée par un héros de mon adolescence, introducteur à la contemplation, sinon à la mystique : Thomas Merton, et toujours tendue par l’œcuménisme, le témoignage. Les textes des papes, procurés et étudiés dès leur parution depuis les encycliques de Pie XII jusqu’aux deux premières – peu lues – de Benoît XVI (le début de Deus caritas est me meut autant que Pacem in terrris et Mater et magistra). Et il y a quelques années, la documentation et l’écriture d’articles sur la contemplation. Quand Le Monde me publiait, il y a trente ans, des articles bien plus courts et spontanés sur l’Eglise, son image, ses tentations. C’est La Croix qui me publie, au chaud des oppositions aux solutions d’Alain Savary pour trancher le conflit école publique/école privée : je demande si les écoles confessionnelles « font » de meilleurs chrétiens que les lycées de l’Etat ? Bibliothèque pour l’âme et l’esperit, en connaissances et en témoignages, peu en dogmes ou en apologétiques, plus en journaux ou livres d’auteurs qu’en biographie. Surtout et de plus en plus du comparatif : le judaïsme, l’Islam, l’hindouisme, le bouddhisme, la psychanalyse, les Pères de l’Eglise, les apocryphes et des compagnons (Lubac, Congar, Teilhard de Chardin décidément décisif et simple, Jung, Dolto, Simone Weil, Marie Noël, Raïssa Maritain, initialement Thomas Merton). Et l’intuition de Dieu chez François Mauriac, Jean-Paul Sartre – lui-même plus encore que ses écrits…, Jean-Paul Sartre – surtout son théâtre – bien plus attachante et remuante que chez les acquis que furent Claudel – la trilogie, anticipant mes moments au Vatican mais les représentations se prêtant trop aux paraboles amoureuses dont je souffrais : à ma fiancée, à travers les branches en fleurs, salut ! – et Péguy – sauf sa Passion dite par une étonnante voix d’âme et que nous entendions, enfants, dans la chapelle de Gilbert Lamande, entre les fresques d’un peintre mort autour de ses trente ans, ce qui n’était pas encore le sida –, voire Bernanos – sauf Sous le soleil de Satan et la figure du curé de Lumbres, rencontrant en chemin creux, son double... L’inoubliable a besoin d’image.

Aujourd’hui, pas d’engagement physique ni en Eglise ni dans la vie politique (je n’ai jamais pu obtenir un mandat électif significatif ni la position de conseil intime auprès d’un acteur d’importance pour notre vie nationale), mais ces écrits, et les rencontres.

Divers accompagnements. Mais qui accompagne ? qui est accompagné ? quand on est présent l'un à l'autre, les uns aux autres.

Le couple déjà âgé et souffrant (cancer de l’épouse, rebond de célébrité médiatique du journaliste retraité) : un des fils de l’un de nos plus grands écrivains au XXème. Complexité des couples quand l’origine d’amour fut ambivalente, que des chemins de traverse furent pratiqués, que l’âge accumule les prétextes aux regrets et la matière à culpabiliser. Histoire particulière d’une relation que ma femme et moi vivons en communion mais avec chacun notre rôle particulier. Champ d’échange pour nous.

Un autre couple en instance de divorce parce qu’il était déséquilibré dès son origine et pâtissait de surcroît d’enfances respectives malheureuses. Les sacrements que reçoivent un couple, encore, les enfances de chacun dramatiques et désaxantes, des handicaps aussi, mais la lumière de recevoir la confiance de ceux qui demandent une intermédiation sans que je sois, surtout, pesant. Accepterais-je cela ? en temps de naufrage ? La sensation, la vérité de la réciprocité, d’apporter l’un à l’autre font seules supporter d’être aidé, donc évalué, regardé.

Un moine-frère bénédictin probablement appelé à une fondation spéciale. Celui-ci est devenu pour ma femme m’accompagnant, à ma grande joie, dans cette amitié, un frère spirituel : son humilité et sa sincérité me font entendre des manières de croire, de durer, d’attendre et de choisir étonnantes, insolites. Au jour le jour, le climat d’enfance comme école spirituelle, et l’expérience d’un équilibre reconquis par cet abandon en amour. L’échange tient à ce que je l’écoûte et crois à ce qu’il me dit, alors que d’intelligence et de culture, je devrais au moins être dubitatif.

Peut-être un autre, son cadet de beaucoup, et selon une vocation, un probable parcours très différent. Pour le laïc que je suis, décidément, un religieux, un moine n’est jamais un débutant et c’est presque toujours un maître : il a risqué de s’engager totalement. Le définitif est un milieu que je ne sais décrire mais dont je vois l’effet chez celui qui y vit : une liberté certaine, une personnalité visible.

Les confidences reçues sont fugitivement celles du bonheur, très souvent celles de la complexité. Les ordres religieux quand ils sont contemplatifs et vouent leurs postulants à la férule d’un abbé et à la stabilité dans un lieu, n’ont pas l’exutoire des carrières et de l’activité apostolique, ils semblent de moins en moins propices à des vies intérieures continues. Le mérite et l’exemplarité d’une fidélite, malgré tout, ne m’en semblent que plus grands, mais me convainquent que je n’étais ni de cette taille ni de ce bois. Spirituellement. Que – sans doute et surtout : héls ? – je demeure à mi-chemin même si je marche beaucoup. Accompagner me donne des compagnons et l’essentiel est à l’ordre du jour, avec souvent de l’humour… sans précaution ni citations d’auteurs.

A écouter autrui, d’ailleurs, que d’existences humaines sont marquées par le couple parental. Fortune incommensurable que je reçus et chance que j’eus de tout sauvegarder de mes parents, père et mère, alors que pour mes frères et sœurs – je suppose – une fin compliquée à déchiffrer, la fin apparente emporta presque tout. Je vis donc quotidiennement cette responsabilité, partagée avec ma femme, de donner à notre fille la matrice la dotant le mieux pour son âge adulte. Le mieux alors que nous-mêmes sommes si contingents. La grâce est le liant et l’ingrédient nous suppléant. Car la responsabilité insigne et définitive qui m’est échue, tard dans la vie où j’ai souvent failli à l’attente d’autres, est évidemment ce que je reçois et ce que je dois protéger des miens : vie d’échange et de partage avec ma femme – quatre ans et un mois de mariage, la sensation si vive de la grâce sanctifiante à l’échange de nos consentements dans l‘église du Val-de-Grâce – et avec notre fille, moins de quatre ans. La prière du soir, celle que je récitais dans mon enfance. Le monde vu et vêcu grâce à elles deux, et par elles. Chaque jour, une découverte, un approfondissement, l’expérience de la précarité des plus solides sentiments et engagements autant que du renouvellement de ces consentements et choix mutuels. Pleinement, maintenant, l’enseignement du Christ et de son apôtre Paul sur la parabole du mariage, Dieu et l’humanité, l’homme et la femme. Il y a trente ans, j’avais commencé d’écrire sur L’âme du sexe. Car le mariage apprend le sacrement de la chair, et surtout combien la grâce transforme le fortuit en renouvellement.

Je dis ainsi mon témoignage de vie d’Eglise, paroissien et chrétien de base, banal.

Pour situer les figures que je vais successivement présenter, soit dans leur mouvement actuel : ce que je vois de la vie spirituelle d’un autre, ce que nous pouvons chacun en tirer, sans indiscrétion, soit in memoriam, portraits et leçons. Monsieur Pouget dans nos vies, parfois. Denis Maugan, le recteur de mon village breton, entrée mutuelle dans nos vies, me maintient dans la résonnance, la joie et la discussion de toute évangélisation contemporaine. Ses homélies, son expérience, ses agacements – mais il n’est jamais las que physiquement : solidité psychique et spirituelle de ces prêtres « ruraux » que leurs évêques ont sacrifié, sans études vraiment supérieures, sans réelle direction spirituelle, s’inventant donc eux-mêmes en ne s’appuyant qu’en aveugle aux colonnes reconnues pour être celles de l’Eglise. Bien plus que les « têtes mitrées » que Jean Laplace recevait au même rang que les banaux sans jamais y voir l’Eglise à eux seuls, ces prêtres-là sont le visage et l’artisan de la communion des saints et d’un certain chemin vers l’alternative au monde actuel, celui de notre condition humaine. Le mien est exemplaire, il est mon ami.

Et la chance d’un monastère, pas trop loin géographiquement, et de beaucoup des moines de cette communauté avec lesquels la communion est rigoureuse, respectueuse, parfois âpre, mais chaleureuse et au fond fraternelle. Comme en mon enfance, où tant de Jésuites – encore en soutane mais déjà en pantalons, aussi – m’entouraient aussi majestueux que proches, ces Bénédictins savent rester familiers tout en montrant le mystère. Et qu’à l’époque comme aujourd’hui, il y ait le nombre et pas seulement l’individualité, confirme que nous avons besoin d’être peuple. Le sacrement – dit aujourd’hui de réconciliation et que m’administra pendant dix ans, l’un d’eux – introduit autant à Dieu qu’au peuple. De longtemps à maintenant, j’y entends en le recevant la vérité non sur moi, mais sur Dieu. Bien sûr, lâchages, imperfections, crises diverses en microcosme et en chrétienté, aller-retour des personnes à elles-mêmes, histoire… mais « mon » Eglise est là, dans sa concrétude ; la bonté, les ancrages, les avancées et intuitions peu remarqués parce que tant de reculs sont apparents, tout cela qui est Benoît XVI m’est également proche. Je crois aux papes, tous ceux contemporains de ma vie au monde m’ont apporté, personnellement. Pas un que je n’ai étudié en compagnon qui accepte le dialogue, qui m’instruit mais à qui je peux et dois répliquer, avant que nous tous ayons les mains jointes pour le physique du cercueil.

Je crois à la communion des saints, déjà entre nous, et ma femme et notre fille y sont avec moi, et d’elles j’ai tout à apprendre de cette communion et de la vie. Structures de départ, la prière tous trois, le bébé dans son berceau, ma femme et moi autour, puis l’apprentissage du signe de la croix, la génuflexion à l’église, la procession de communion où je suis ainsi accompagné par celle que, peut-être, dans vingt ans, je mènerai à l’autel comme cela se faisait autrefois… la messe dominicale en trinité. Puis, vérité de ma femme, l’injustice qu’elle ressent de la disparition d’un de nos chiens et le réflexe de Moïse en voulant à Dieu et représentant tout à Celui-ci, pour elle Il n'existe plus puisqu'il y a eu innocence - et elle seule - retranchée du monde : la messe sans elle, physiquement. Réemmener ainsi mère et fille, définitivement, tranquillement, habituellement, naturellement, y aller ensemble est mon souhait, mais la manière et la pratique s’épuisent. Il faut le relais de la grâce pour la piété familiale.

Ma fratrie, cadre des messes dominicales, militances diverses de mes sœurs et de mes frères, des enfants aussi de mon aîné, mouvements de piété, services de paroisse ou d’associations caritatives sans que cela introduise à un dialogue ou à des partages spirituels, des indications d’itinéraire. J’ai sans doute passé successivement pour rigide, laxiste, illuminé, mes mœurs et instabilités affectives, mes raisons d’antan. Mon aîné m’a marqué de tout lui-même d’abord, par l’histoire de sa vie ensuite, que j’ai beaucoup vue mais dont il parle peu. Je l’aime, je l’avais modélisé, il était en avance de moi, il est devenu mon frère : vraiment. Mon grand-père maternel aussi que j’ai vu, presque centenaire, s’agenouiller au bord de son lit, les coudes sur la couverture et prier, visage concentré. Mon père s’est retiré par drame familial – dont le récit excède cette épure-ci et le registre de ce blog. – à Saint-Benoît-sur- Loire. Expérience que la vie spirituelle est à la fois une donnée universelle et donc communicable selon des dires reçus par la pratique religieuse, et un lieu où l’évocation et l’accompagnement mutuels suppose l’amour mutuel. Non pas des échanges sur le dogme, mais le récit de ce qu’il se passe du fait de ces habitations périodiques par Dieu et en Lui. Entretiens de mon adolescence, avec des amis intenses puis lointains aujourd’hui, et chemins avec ma femme, sans doute renouvelés avec une déconcertante constance et beaucoup d’imprévus comme se déploie le journal – aussi – de notre chair, ensemble.
Expérience des autres et de moi, que la vie spirituelle est la vie, dont découle la vie…

Ces premières lignes donc…

Pour situer aussi la méditation-prière-partage des textes de chaque jour.

Pour introduire des réflexions particulières : intelligence, sexualité, économie, politique selon ce qu’apporte la foi au raisonnement et au comportement.

L’apologétique apporte bien moins que l’auto-biographie. D’Augustin aux deux Thérèse, quel lecteur – empoigné par ces parcours d’âme – ne le sait ? Et vous : qui dites-vous, que je suis ? Nous répondons par notre vie, et quand nous partons… par l’histoire de notre vie.

L’expérience de ma vie a été – de mes premières prises de conscience, et surtout de mes premières souffrances sentimentales, à aujourd’hui, le bonheur accompli –, que tout est grâce : c’était l’enseignement de Gilbert Lamande, dans mon très jeune âge, et quand il a administré ma mère à quelques semaines de la mort de celle-ci. Ma mère si existante, si exigeante, axe de ma vie – biographique – et de mes dialogues intimes en sollicitude d’elle. Confidente. Amie totale, remarquable et sûre. Elle s’inquiétait du bonheur de mes frères et sœurs, mais de moi elle était inquiète, elle voyait : femme et épouse, elle ne souffrit que de la chute de mon père. Elle craignait le vertige, j’avais la hantise qu’elle soit piétinée. Figures que nous avions de la société, ensemble, et non de Dieu. Ce qui d’elle était le plus fort témoignage d’humilité. Elle et ce témoignage demeurent, au moins en moi, mais il me semble que c’est, à présent, communicable. Ma femme (guillemets à l’adjectif possessif) a ses défauts et sa force, ses éclats, le même paganisme, la même certitude que chacun a le devoir de rester digne ; elle y ajoute un crû, inconnu de toute mon existence, décisif : je ne la connais jamais complètement, j’ai toujours à apprendre d’elle et de notre mélange Ma mère était lisible, ma femme est visible, audible. La parabole divine a son prophète et les questions de Dieu leur épreuve humaine. Quotidiennement, j’en suis émerveillé, la grâce du mariage est sanctifiante, l’amour si précaire peut faire du rocher. Le couple de la Genèse est autant autonome que dépendant. Ceux que j’avais formés dans ma vie antérieure et disparate, discuteuse, me donnaient à penser, sans pousser l’expérience, qu’ils ne dépendaient pas de chacun, avaient leur dynamique propre : elle fut leur mort à tous. Je vis aujourd’hui que plus on aime plus on est soi-même. J’ai fini quelque chose, quelqu’un commence. Et notre fille, incarnant la liberté de la personne humaine dès la conception, nous ressemble autant qu’elle nous échappe. Elle nous introduit à tout, que du dehors on croit souvent le passé ou la théorie.

Structures ? identité ? qu’est-ce que cette conscience de vivre toujours et sans âge depuis un commencement qui continue sans cesse à commencer ? Notre âme ? et pourtant il y a la chair dont nous ne savons qu’ensuite qu’elle fût belle. Sa résurrection est un supplément que je n’ai pas même espéré mais qui réserve tout. Quand la contingence et l’absolu sont nous-mêmes.

Le malheur a bien plus d’explications que le bonheur et ne suppose aucune foi. Je suis entré dans une phase – ou un état – de la vie où je ne m’explique plus rien. Ni personne. Sauf – en Jésus-Christ – Dieu, notre Dieu.

L’âge nous révèle à nous-mêmes, même si progressivement il nous fait disparaître au regard des autres.

Jeunesse d’amour – inventive – du Père, maturité du Fils, féminité et masculinité si caractérisées et sensibles de l’Esprit, trinité à laquelle – tous – nous sommes conviés.

A . M . D . G .

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