samedi 27 septembre 2008

la mesure du temps - textes du jour

Samedi 27 Septembre 2008

Réunion de préparation à un pélerinage en Terre Sainte.Fatigue ou ennui, j’ai surtout lutté contre le sommeil et mes notes pourtant prises sur cet écritoire, n’ont aucun intérêt. Il est vrai que ces « lieux-saints » sont pour la plupart discutables, non seulement parce que les évangiles se contredisent, mais parce que les générations des Byzantins aux Croisés, puis aux divers religieux s’implantant à la fin du XIXème siècle, ont chacune eu leur manière d’identifier et de vénérer. Alors, il me semble que ce pèlerinage sera une initiation à un pays, à des paysages et surtout une prière inspirée, sans préavis ni d’autre préparation que le désir de Dieu. Quant à ses traces, elles sont dans nos âmes. J’apprends avec ennui que l’évêque sera avec nous. Comment n’avoir pas été mal impressionné par sa présence en réunion (la soirée de Vannes, il y a dix-huit mois, la date ne me revient plus du tout, seulement circonstances et ambiance) et ne pas lui en vouloir de ne pas répondre aux lettres.

Le croissant de lune au-dessus de Minnohar me Mamm, brillant et vif, tout d’argent, encore fin. Sur le ciel pâle, les étoiles d’Orion désormais seules, le baudrier bien net et Sirius toujours évidente.

Prier…[1] réjouis-toi, jeune homme, dans ton adolescence, et sois heureux aux jours de ta jeunesse. Suis les sentiers de ton cœur et les désirs de tes yeux. Mais sache que pour tout cela Dieu t’appellera au jugement. Je cherchai alors ces sentiers et ne les trouvai point, mes désirs étaient indistincts, ils embrassaient tout et n’étreignaient, ne sentaient finalement rien ni personne. Quant au jugement, trop occupé à me débattre sans aucun repère ni structure que ceux de l’échec et l’échec me venait de la non-correspondance et de la non-réponse des autres que jappelais d’amour et qui me renvoyaient des questions analogues aux miennes, et sans doute vêcues dans la même ambiance de cécité et de lumière mêlées et vagues, le jugement m’était complètement hors de vue. Le jugement vient des hommes, de la société et des conséquences des actes ou des omissions que nous avons posés à ces débuts d’exercice de notre liberté. De Dieu, nous n’expérimentons que la suite, qui est sa miséricorde et – selon mon expérience – toujours la seconde chance. J’ai vu parmi ceux que j’aimais le plus et connaissais le moins mal, tous les signes d’une prédilection divine, en tout cas de vocations religieuses éclairant leur vie, la prenant entière et leur donnant enthousiasme et assurance (trop peut-être, je regardais, enviais, partageais et écoutais), mais aujourd’hui, ils expérimentent dans l’au-delà ou ici-bas seulement la miséricorde, le chemin a été une impasse ou s’est barré ou ils l’on barré. Les jours mauvais… les années dont tu diras ‘Je ne les aime pas’, ce sont eux qui m’ont déversé, comme d’un brancard, celui de mes fortunes et dissipations, déversé dans le bonheur et la chaleur de celles que Dieu m’a données pour enfin vivre. J’espère alors que viendra le plus tard possible ce moment – splendidement décrit par l’auteur de l’Ecclésiaste, où les pleureuses sont déjà au coin de la rue… le fil d’argent se détache… la lampe d’or se brise…la cruche se casse à la fontaine… la poulie se fend sur les puits, avant que la poussière retourne à la terre comme elle vient, et le souffle à Dieu qui l’a donné. Au contraire, ce que j’ai lu de Christiane S. ou entendu de Dom Gaston témoigne de ce que la mort est lumière et s’annonce par de grandes et heureuses récapitulations et découvertes en nous et autour de nous, la mort nous transfigure par avance. Dom Amédée fut ainsi aussi. Jésus seul – parce qu’il est Dieu – fut défiguré mais par les hommes et par nous, Ecce homo… Le temps, mesure commune à l’homme que je suis, que sont les miens, et à Dieu : reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? La conscience du temps nous rapprochant de Dieu, nous donnant le décalage, la dépendance, le désir et donc la disponibilité à L’accueillir. Tout notre chemin, toutes nos voies spirituelles ne sont possibles, ne nous sont ouverts que par l’incarnation du Fils de Dieu, Sa mort et Sa résurrection. Plus nous Le regardons, parfait, complet, attirant, plus Il insiste sur Son destin terrestre, sur la rançon de notre liberté : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes.

[1] - Ecclésiaste XI 9 à XII 8 ; psaume XC ; évangile selon saint Luc IX 13 à 15

Aucun commentaire: