samedi 27 septembre 2008

vêcu - réunions et évangélisation

Réunions – témoins : points de départ de l’évangélisation aujourd’hui


Les professionnels – l’apologétique, le commentaire, les rédactions revues et d’articles, les conférences. Le clergé – diminuant de moitié en nombre tous les dix ans, au moins en France – administrant les sacrements. Les pratiquants – de moins en moins nombreux, récriminent et découragent leurs prêtres, et n’attirent quant à eux plus personne. Alors ?

Je participe à deux réunions. L’une d’un mouvement des chrétiens retraités. Première fois que j’y vais, selon une annonce en fin de messe dominicale.. L’autre, où je me rends pour la seconde fois, prépare depuis le début de l’année, un pèlerinage en Terre sainte. Deux ancrages pour la vie spirituelle personnelle, sans doute, mais possibles points de départ pour un rayonnement et la « nouvelle évangélisation ».

Notes de journal…

Une réunion du mouvement des chrétiens retraités. Anita B. m’avait appelé en fin de matinée me disant que je serai déçu, que ce ne serait pas intéressant (sous-entendu pour moi), je n’avais pas eu l’esprit de lui demander pourquoi cela l’intéresse – elle ? J’ai répondu que je viendrai par intérêt pour la rencontre elle-même. Je n’ai pas été déçu. Nous sommes six moi compris, indication de deux couples absents. Le diagnostic de base de D. est vrai, ce mouvement censé atteler les générations les plus âgées à une certaine transmission aux plus jeunes n’a aucun rayonnement ni vis-à-vis de sa clientèle biologique ni vis-à-vis des autres, censément à épauler. Je ne sais d’ailleurs la finalité de ce mouvement ni son histoire. Chronophagie ? ou divertissement ? selon les occupations ou inoccupations des uns et des autres. Des cahiers servent de guide, bien faits dans les questionnements, discutables quand les professionnels du « baratin » spirituel prétendent se mettre à la place des ouailles. Manifestement, l’Eglise de plus en plus enfermée sur elle-même au lieu de se lancer dans la bataille d’un monde meilleur, bataille à l’occasion de laquelle un témoignage d’expérience de Dieu peut – éventuellement – être livré.

Je suis donc là mais je ne perds pas mon temps. Le couple B. – BCBG, l’authenticité de lui, Michel, ne peut certainement se percer qu’à la longue, réflexions un peu réac. sur la soutane ou les signers distinctifs, sur l’impression produite par une assemblée de trois cent et quelques prêtres à Lourdes, concélébrant avec une douzaine d’évêques. Je lui dis au contraire ma rage de ce gaspillage, comme dans les concélébrations à la cathédrale de Vannes, quand des lieux perdus sont sans plus aucune messe. Qu’il n’y ait qu’un assistant ou même pas du tout, je crois à ces messes dans des lieux froids et déserts mais qui furent autrefois habitées par des gens qui venaient prier et qui y ont vêcu. Elle – censée animer, n’est qu’un cri. Son histoire est celle d’une constante adaptation, d’un oui perpétuel et notamment à un mari qui tient de la place mais n’apporte pas grand-chose (sinon un niveau de vie) qui soit immédiatement évident ou secourable. Elle trouve force et discernement dans « la parole de Dieu ». J’admire qu’elle ait tenu jusqu’à maintenant, mais peut-être y a-t-il tendresse que je ne vois pas. Il ne s’est pas agi d’échanger des récits de vie mais de répondre, en gros, à deux questions : comment caractériser la génération à laquelle on se sent appartenir ? les ponts vers l’autre, savons-nous les construire,avons-nous peur de les traverser ?

Ce que j’entends de l’autre bord de notre aisance et de notre culture m’a saisi. Une Louisette P., de Quimperlé dit surtout qu’elle a eu de la chance, génération de l’Occupation, l’arrivée des Allemands, l’anecdote d’une église qu’ils cherchent, et veulent tout à eux, en fait une messe, église pleine. Elle ressasse sa chance : celle d’avoir échappé à l’adversité ? vivant à la campagne, elle n’a pas manqué, sa famille en nourrissait d’autres. Une sœur religieuse, qui a donné un récit d’adolescence et de débuts de vie religieuse, j’ai demandé à le lire, évocation d’éducation stricte mais tout à fait consentie par des religieuses à Saint-Brieuc, les paires de claques reçues et acceptées. L’évidence qui m’avait frappé en première année de droit, des éducations et des enseignements qui ne conduisent de la part des maîtres, éducateurs ou professeurs qu’à reproduire ce qu’ils sont eux-mêmes et ce qu’ils ont vêcu, au lieu d’un départ en mission et en création, tâche à laquelle se mêleraient aussi ces éducateurs et professeurs. En ce sens, si j’ai regretté de ne pas avoir ce « filet » protecteur qu’aurait été l’Université – dont JMJ me disait la sécurisation qu’il opéra dans sa vie politique et gouvernementale – je n’ai jamais regretté une carrière me polongeant dans les problèmes du monde contemporain et me faisant rencontrer une quantité de situations et de personnes, si diverses, que mon célibat ou ma prodigalité m’ont vraiment permis de partager, dans lesquelles je me suis immergé pendant vingt ans, et mes dix ans de solitude relative ici depuis ma disgrâce ont été aussi un séjour en « pays étranger » et à découvrir des « autochtones »…

Puis, le couple vraiment beau par sa discrétion, son union, sa totale pudeur, pas du tout voulu, mais parfaitement naturelle, plus de quatre-vingt ans chacun, elle tient l’harmonium. Sans qu’elle l’articule ainsi, elle est la génération de l’honneur, fortes études, carrière dans les services de perception et de trésorerie de l’Etat, connue comme chrétienne, les millions et les billets manipulés, expérience de la débâcle, du cours forcé du mark, des billets français brûlés en hâte (les instructions de MCM que j’ai vues « en amont », poursuite de l’ambiance, mon dire du projet de sa biographie fait que Michel B. me propose la mise en rapport avec une nièce ou une sœur ayant bien connu les filles de mon grand homme : avec empressement, j’ai accepté). Lui, engagé volontaire dans la marine en 39-40, navigué pendant trois-quatre ans. En fait, les Forces navales françaises libres à 17 ans, puis la marine marchande, un premier engagement dans un bateau de la SNCF, que la concurrence privée fait réglementairement éliminer, puis pris, sur recommandation de la SNCF dans une compagnie de navigation caennaise, tout de suite comme second, et ensuite commandant de navire. Etait-ce de voyageurs de fret ? je le saurai. Il est probablement mal entendant, dit avoir du mal à s’exprimer mais cela ne vaut que dans le registre de la réunion et pour le commentaire spirituel, mis devant son expérience et le récit de sa vie, il est disert, me passionne, il est parfait. Marie-Madeleine et André – Deux heures par mois ne sont pas astreignants, j’irai donc, et tâcherai de faire des adeptes. J’ai évidemment témoigné de la manière dont je lance sans cesse mes filets, témoigné aussi du désastre d’un couple apparemment si chrétien et pratiquant, les S. – D. est arrivé comme nous finissions, messe de funérailles à …, église pleine mais une vingtaine de communions, dont la plupart n’avait manifestement aucune habitude de la recevoir, ils ne savaient devant le prêtre, le ciboire et l’hostie quelle contenance avoir. Désespérance blasée de mon ami… qui se sent fatigué malgré ses vacances, qui vit mal de ne pouvoir travailler à quelque chose qu’il ne définit pas mais dont il est empêché par visites et appels de peu de sens.

Accessoire… Signature superficielle de la bonne volonté, l’énumération suggérée des générations : la guerre, etc… mais « génération Mitterrand » puisqu’il y eut cette ingénieuse publicité en 1988, récri général, le marin, Mit’ran ? non, et le retraité d’affaires : alors, génération Jean Paul II. Quant à moi, la génération du Concile ? non, le concile, long et profus, cinq ans ne m’a pas marqué, les encycliques, si. Je les ai même fait circuler et commenter. Sans insister, j’ai dit internet, mes diffusions, mes conversations de métro, les prises d’adresses et les étudiants qui me sont passés par le cœur et l’agenda, puisqu’il s’agissait de réfléchir sur les ponts. Anita n’arrive pas à dire ceux qu’elle n’a pas franchis, et témoigne d’une éducation, il est vrai induite par les psaumes, la rétribution. Aller à l’autre apporte forcément. Soit ! mais il y a Paul, commenté par Paul VI : je ne peux pas ne pas… je suis poussé… Et puis rien ne peut se dire sans l’écoute préalable et constante. Mais en même temps, susciter… comment le faire sans parler soi-même ?

Réunions d’hier. Autant celle de l’après-midi était psychologiquement et sociologiquement passionnante – psychologiquement, le couple B. : elle fatiguée de consentir sans cesse à son mari, de s’adapter et trouvant qu’il intervient trop et prend trop de place, et lui une assurance et une simplicité sympathiques, mais en fait sur la réserve, et sociologiquement les trois autres, leur richesse, leur histoire, du plein terroir… autant celle d’hier soir autour de D. a été décevante. Fatigue ou ennui, j’ai surtout lutté contre le sommeil et mes notes pourtant prises sur cet écritoire, n’ont aucun intérêt. Il est vrai que ces « lieux-saints » sont pour la plupart discutables, non seulement parce que les évangiles se contredisent, mais parce que les générations des Byzantins aux Croisés, puis aux divers religieux s’implantant à la fin du XIXème siècle, ont chacune eu leur manière d’identifier et de vénérer. Alors, il me semble que ce pèlerinage sera une initiation à un pays, à des paysages et surtout une prière inspirée, sans préavis ni d’autre préparation que le désir de Dieu. Quant à ses traces, elles sont dans nos âmes. J’apprends avec ennui que l’évêque sera avec nous. Comment n’avoir pas été mal impressionné par sa présence en réunion (la soirée de Vannes, il y a dix-huit mois, la date ne me revient plus du tout, seulement circonstances et ambiance) et ne pas lui en vouloir de ne pas répondre aux lettres.

27.IX.08

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