vendredi 21 novembre 2008

tous vivent en effet pour lui - textes du jour

Samedi 22 Novembre 2008


Prier…[1]. L’Apocalypse, clé de toute la Bible, honneur et bonheur d’avoir pu lire le texte en deux ou trois aurores, le dos au rocher même qui se fendit à Patmos tandis que Jean écrivait. D’autres images et souvenirs liés à cette île-paroxysme, intensité de la lumière, des formes et de ce que fut un moment de ma vie là-bas, il m’en reste aussi des cailloux parfaits, inouis de couleurs beiges, brunes, ocres, blanchâtres et aussi de douceur lisse au toucher, ils sont sur ma terrasse. Notre neveu, mort accidentellement à huit ans, je ne veux pas qu’on marche sur ma tombe, avait-il dit quelques semaines auparavant en passant prier avec les siens, sur celle de son grand-père, mon père, je veux qu’on mette seulement des cailloux blancs. Ange tombé du ciel qui nous habite tous, résolument, rieur dans sa vie parmi nous, beau et fin, indépendant, notre fille a un peu son corps, si l’on peut écrire cela d’une petite fille, la jeunesse incarnée. Un texte donnant des clés mais dont je ne sais pas l’usage, prophètes aux grands pouvoirs de lier ou délier, l’Eglise ? les trois jours et demi d’exposition de crucifiés sans mise au tombeau, ce n’est pas le Christ mais cela ressemble au Golgotha… Ils sont montés au ciel, et leurs ennemis les regardaient. Jean n’écrit pas pour ne rien dire, alors ? Quel livre saint non plus. Trop longtemps, l’Eglise et son peuple, monolithique intellectuellement, a manqué de curiosité pour les autres attentes de Dieu que la sienne. La Bible elle-même a tant de chemins vers le Nouveau Testament. Et Jésus se laisse interroger là-dessus, la septuple veuve sans enfants, de qui sera-t-elle m’épuse, puisque les sept l’ont eue pour femme ? Curieusement, la stérilité de ces couples n’interpelle pas. La grâce que nous avons eue… Le Christ répond par la résurrection et la vie : il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. Là est le lien décisif par lequel toute autre relation a sa vie et sa force, son accomplissement (cet agnostique, éminent ami de près de quarante ans, que visite avant-hier ma chère femme, il lui dit : soixante-et-onze ans de bonheur, de fidélité et de tendresse, son épouse sombrée dans Altzheimer parfois me reconnaît – lui, il m’a dit, la mort ? il signifiait l’au-delà… on ne sait pas, il ne disait donc pas non, je l’enveloppe dans ma prière, comme l’implore la fatoua, la vbie anticipe notre mort, c’est-à-dire notre accomplissement). Conclusion sidérée de l’ennemi qui poursuit de ses questions le Messie à longueur de ses itinéraires et de ses réunions publiques : Maître, tu as bien parlé. Livre récent d’un publiciste de carrière habile mais non sans fond, sur la philosophie de Jésus. Pourtant, ces réponses du Christ ne convainquent personne, il sera mis à mort. Ce qui a convaincu, ce sont ses appels par leur nom de tel puis tel, c’est l’accueil de la foi anonyme par une guérison. La résurrection est l’événement pour ceux qui avaient jusques-là douté : ses disciples, précisément ou paradoxalement.

[1] - Apocalypse de Jean XI 4 à 12 ; psaume CXLIV ; évangile selon saint Luc XX 27 à 40

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Saint Justin (vers 100 -160), philosophe, martyr Traité sur la Résurrection, 8 (trad. OC, Migne 1994, p. 354 rev.)

« Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants » La chair est précieuse aux yeux de Dieu, il la préfère entre toutes ses oeuvres, donc ce serait normal qu'il la sauve... Ne serait-ce pas absurde que ce qui a été créé avec tant de soin, ce que le Créateur considère comme plus précieux que tout le reste, cela retourne au néant ? Quand un sculpteur ou un peintre veulent que demeurent les images qu'ils ont créées afin de servir leur gloire, ils les restaurent lorsqu'elles sont abîmées. Et Dieu verrait son bien, son oeuvre, retourner au néant, ne plus exister ? Nous appellerions « ouvrier de l'inutile » celui qui bâtirait une maison pour la détruire ensuite ou qui la laisserait s'abîmer quand il peut la remettre debout. De la même façon, n'accuserions-nous pas Dieu de créer la chair inutilement ? Mais non, l'Immortel n'est pas ainsi ; celui qui par nature est l'Esprit de l'univers ne saurait être insensé !... En vérité, Dieu a appelé la chair à renaître et il lui a promis la vie éternelle. Car là où on annonce la bonne nouvelle du salut de l'homme, on l'annonce aussi pour la chair. Qu'est-ce que l'homme en effet, sinon un être vivant doué d'intelligence, composé d'une âme et d'un corps ? L'âme toute seule fait-elle l'homme ? Non, c'est l'âme d'un homme. Appellera-t-on « homme » le corps ? Non, on dit que c'est un corps d'homme. Si donc aucun de ces deux éléments n'est à lui seul l'homme, c'est l'union des deux qu'on appelle « l'homme ». Or c'est l'homme que Dieu a appelé à la vie et à la résurrection : non pas une partie de lui, mais l'homme tout entier, c'est-à-dire l'âme et le corps. Ne serait-ce donc pas absurde, alors que tous deux existent selon et dans la même réalité, que l'un soit sauvé et pas l'autre ?

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