vendredi 19 décembre 2008

ils n'avaient pas eu d'enfant - textes du jour

Vendredi 19 Décembre 2008

Prier…[1] Ils n’avaient pas d’enfant, car Elisabeth était stérile et tous deux âgés… ta supplication a été entendue… comment vais-je savoir ? … tu n’as pas cru à mes paroles. Les deux anonciations, l’une à la future mère, Marie, l’autre, au futur père Zacharie.Les deux accueils humains, les deux manières divines, mais la même certitude, les choses se font et il s’agit du plus humain en même temps que du plus divin : de nouvelles mises au monde. L’évangile, comme l’Ancien testament (Isaac, Samson, Samuel) donnent par la tonalité et l’ambiance de ces conceptions-consécrations le sens spirituel de toute naissance. Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, lorsqu’il a daigné mettre fin à ce qui faisait ma honte aux yeux des hommes. Elisabeth a une réaction tout à fait différente de celle de Marie : le Magnificat n’est pas une reconnaissance pour l’enfant à naître, mais pour l’ensemble de l’œuvre divine envers elle, envers chacun, envers un peuple, envers l’humanité. Le personnage de Zacharie inscrit davantage l’histoire du Christ dans l’histoire contemporaine : une foule assiste d’une certaine manière à ce que vit le père du Précurseur dans le secret du Temple. Conception-consécration-naissance : combien de psaumes rappellent ces prédilections et ces desseins divins sur chacun de nous. Pas le déterminisme janséniste si angoissant et taraudant, mais la proposition divine et notre liberté de réponse, à preuve les diversités : Zacharie, Marie, Joseph, Elisabeth, le couple de Manoa, les parents de Samson. Indications aussi sur la relation de couple et d’époux criblée et révélée par le souhait des enfants et par des conceptions et naissances compliquées et tardives. Ma femme aimée et moi en savons quelque chose pour notre trésor. Tu es stérile et tu n’as pas eu d’enfant. Mais tu vas concevoir et enfanter un fils… Ta supplication a été entendue : ta femme Elisabeth te donnera un fils et tu le nommeras Jean… Il sera voué à Dieu dès sa conception… il marchera devant le Seigneur … désormais ne bois pas de vin ni de boissons fermentées… il ne boira pas de vin ni de boissons fermentées… Les conseils gynécologiques d’aujourd’hui comme de nos temps fondateurs. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-saint, elle mettra au monde un fils auquel tu donneras le nom de Jésus… Mystère, grandeur, magnificence de l’engendrement et de la vie. Tu seras dans la joie et l’allégresse. Ces deux heures dans la chambre 12 de l’hôpital Chubert, ma femme encore en soins et Marguerite, encore quasi-violette, minuscule dans mes bras de sexagénaire retombé en enfance et dans le silence complet : celui de Zacharie, tout le temps de l’action de grâce et de la récapitulation de l’œuvre de Dieu dans nos vies et dans celle, commencée, de notre fille : le premier cantique qu’elle sache, Marie, tu as dit oui, je veux te ressembler. Naturellement, pour nous, c’est toujours non, mais de moins en moins. Seigneur, mon Dieu, tu es mon espérance, toi, mon soutien dès avant ma naissance, tu m’as choisi dès le ventre de ma mère, tu seras ma louange toujours !

Extraordinaire des pères grecs, et notamment d’Origène, modernité, contemporanéité et autant de capacités novatrices, imaginatives, créatrices que de sûreté d’expression et de mobilisation des sources. Nous en sommes loin aujourd’hui, nous ne serions pas fondateurs si nous avioins à l’être, d’ailleurs nous avons à l’être, les temps sont si nouveaux, si porteurs puisque tant d’évidences frappent vraiment toute l’humanité, et à travers les hommes, tout le vivant et le créé, que chacun est pénétré de la conviction qu’il faut changer, qu’on le peut, qu’on y est forcé et qu’en même temps peuvent sortir de grands biens de tout ce qui crôûle aujourd’hui, des effondrements économiques et financiers aux injustices sociales et aux mépris de la dignité et de la liberté de tant de gens…

Origène (vers 185-253), prêtre et théologien Commentaire sur l'évangile de saint Jean, 2, 193s (trad. cf SC 120, p. 339)


« Tu devras garder le silence...jusqu'au jour où cela se réalisera, parce que tu n'as pas cru à mes paroles » En nous, la voix et la parole ne sont pas la même chose, car la voix peut se faire entendre sans porter de sens, sans parole, et la parole peut également être transmise à l'esprit sans voix, comme dans le cheminement de notre pensée. De même, puisque le Sauveur est Parole..., Jean diffère de lui en étant la voix, par analogie avec le Christ qui est la Parole. C'est ce que Jean lui-même répond à ceux qui lui demandent qui il est : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : ' Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ' » (Jn 1,23). C'est peut-être pour cette raison, parce qu'il a douté de la naissance de cette voix qui devait révéler la Parole de Dieu, que Zacharie a perdu la voix et qu'il la recouvre lorsqu'est née cette voix qui est le précurseur de la Parole (Lc 1,64). Car pour que l'esprit puisse saisir la parole que désigne la voix, il faut écouter la voix. C'est aussi pourquoi, par la date de sa naissance, Jean est un peu plus âgé que le Christ ; en effet, nous percevons la voix avant la parole. Jean désigne ainsi le Christ, car c'est par une voix que la Parole est manifestée. Le Christ est également baptisé par Jean, qui avoue avoir besoin d'être baptisé par lui (Mt 3,14)... En un mot, lorsque Jean montre le Christ, c'est un homme qui montre Dieu, le Sauveur incorporel ; c'est une voix qui montre la Parole...



[1] - Juges XIII 2 à 7 ; psaume LXXI ; évangile selon saint Luc I 5 à 25

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