dimanche 21 décembre 2008

réjouis-toi, Marie Jérusalem - textes du jour

Dimanche 21 Décembre 2008

Que de demandes et d’espérances, en Dieu, ce matin… je reprends les textes d’hier d’abord [1] : viens, Clé de David ! Toi qui ouvres les portes du Royaume, arrache à leur prison les captifs des ténèbres. Ouverture par un homme, par les hommes, Marie : tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir. L’a-t-elle cherché ? non, tout est naturel chez cette jeune fille. Virginité perpétuelle et vœux en ce sens ? le texte ne l’induit pas, elle est fiancée, promise, pas encore mariée, Joseph sera son seul homme. Je ne crois pas qu’il y ait à ajouter, aura-t-elle d’autres enfants après Jésus, pourquoi pas ? mais ce n’est ni un problème ni l’important. Nous avons focalisé là-dessus et l’Eglise beaucoup trop en défense : le toujours vierge me semble un ajout qui ne vient pas des textes. Marie parle peu dans l’évangile, et toujours extrêmement brièvement (comme à Lourdes au contraire de la logorrhée inspirée de Mezzugorgié). Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. C'est la formule des miracles du Christ, mais inversée. D’ordinaire, plus tard, Jésus établit ses bienfaits sur la foi du demander : que tout se passe selon ta foi. La place de Marie dans l’histoire de notre salut et dans le cœur de Dieu est telle que c’est elle qui « autorise » l’action de Dieu, l’ordre miraculeux vient de sa disponibilité et de sa foi. Elle est totalement désintéressée, ce n’est pas elle qui demande quoi que ce soit à Dieu, c’est le contraire, c’est Dieu qui lui demande tout. C’est renversant et jamais le texte ne me m’était apparu à ce point. Elle ne commente en rien la fresque grandiose que déploie l’ange. Celui-ci, conscient – si l’on peut écrire pour un être spirituel – de la hauteur dans laquelle il a placé son propos, revient à ses débuts qui était la salutation de cette jeune fille et évoque sa famille, la cousine Elisabeth. Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles. « Portrait-robot » de la simplicité mariale. Achaz, dont j’ai toujours été surpris qu’il soit mal « noté » pour sa réplique : ne pas provoquer Dieu en lui demandant des signes, ce qui agace Jésus dans les évangiles, obtient l’extraordinaire prédiction de la conception racontée par Luc. Ciorrespondance forte entre Isaïe – évangéliste par intuition et inspiration – et les évangiles, chacun d’eux.

Denis M. à qui je téléphone pour qu’il ne s’inquiète pas de mon absence à la messe ce matin (et qui me demande dans quelle église parisienne je serai… alors que je pensais ne pas aller à la messe aujourd’hui, sauf de pensée… ce qui me réengage à me rendre comme chaque fois que je suis à l’A F P à Notre-Dame des Victoires, ce que je vais faire…) me reparle du trexte de saint Bernard, glosant sur une humanité suspendue à la réponse de Marie. C’est solliciter le texte, dit-il, et je l’en approuve. Marie, comblée de grâce, est le terrain idéal, il n’y a aucune alternative, il y a l’adhésion quand les choses sont exposées. La liberté n’est pas manichéenne ni de trancher une alternative, ce que nous croyons pourtant en comportement quotidien, et en discernement aux heures graves ou difficiles. Elle est de comprendre à fond, et d’adhérer. Le peu que j’ai réussi dans ma vie mais qui est fondateur – notre mariage et la conception de notre fille – a été ainsi. Mon ami, analogue à Chouraqui pour la traduction des Béatitudes : non pas, heureux qui… mais : en marche qui… observe que le Je vous salue, Marie… n’est pas exact, il faut dire : Réjouis-toi, Marie… comme Jérusalem est invitée à le faire dans l’Ecriture).Textes du jour [2] … la reprise de l’évangile de Luc. Elle fut toute bouleversée… sois sans crainte. L’émotion de l’inattendu, la maîtrise de soi retrouvée grâce au comportement adéquat de l’ange. Le temps présent, celui du dialogue. Le temps passé, tout humain, familial, celui d’Elisabeth, le temps à venir : d’événement décisif dans l’histoire de la création et dans notre histoire personnelle, que spirituel. Rien n’a de sens que spirituellement et gratuitement. Voilà le mystère qui est maintenant révélé : il était resté dans le silence depuis toujours, mais aujourd’hui il est manifesté. Germination, ombre, connaissance, universalité. L’obéissance de la foi. Traduction littérale de ce qui est rendu par obéissance ? ce mot est tellement mal compris et mal vêcu, généralement synonyme de contrainte et donc d’inadéquation à ce que nous sommes, à notre élan, à notre identité. Il doit y avoir autre chose : adhésion et confiance, accord et mise en harmonie, correspondance. L’éducation de notre fille et la relation avec elle nous donne la piste. L’obéissance est ultime, elle n’est heureuse et efficace qu’aimée et aimante. Dieu dépasse nos souhaits et nos attitudes : David ne construira pas le Temple, mais il a mieux à faire et est promis à immensément davantage : il va être être Temple lui-même, la lignée de l’incarnation divine. Le Seigneur te fait savoir qu’il te fera lui-même une maison… ta maison et ta royautré subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. Complexité du psaume, multivalence des Ecritures non sur l’exercice monarchique du pouvoir, mais sur les lignées dynastiques, ce qui emporte sens et dévolution du pouvoir, donc le sacré dans le temporel. Problème contemporain, en France, notamment. Né de la Vierge Marie … né de toi… Jésus né et non pas apparu. Factuel et non déduit ou philosophé. Dans trois jours, tranquille et joyeuse célébration. D’ici là, messe de demande autant que d’action de grâces, à cette basilique, d’un des vœux de Louis XIII, enchâssée dans ma recension de toute l’A F P sur le général de Gaulle, travail porteur et structurant s’il en est, les textes et ambiances de 1944 à 1958, tandis que mes aimées dorment encore. Du paysage d’ici, Lariboisière, ligne 2 du métro aérien à la rivière Penerf, avant-hier, les traces de passée des sangliers le long des dalles de notre terrasse, le mystère – dessins de Gustave Doré – de notre petit bois aux pommes de pin, ambiance de fond de mer, lumières d’algues comme dans la cathédrale de Quimper : Ys..


[1] - Isaïe VII 10 à 16 ; psaume XXIV ; évangile selon saint Luc I 26 à 38

[2] - 2ème livre de Samuel VII 1 à 16 ; psaume LXXXIX ; Paul aux Romains XVI 25 à 27 ; évangile selon saint Luc I 26 à 38

Aucun commentaire: