mardi 2 décembre 2008

voir ce que vous voyez - textes du jour

Mardi 2 Décembre 2008

Rapprochements, cette configuration ( la nuit totale, le spectacle comme je ne l’avais jamais vu d’une lune entourée de deux planètes, l’une dans son voisinage habituel et l’autre si proche d’elle à l’instant de notre observation qu’elle semblait la toucher : extraordinaire - notre petite fille : « la lune, c’est son bébé. Regarde, il y a plein d’autres enfants dans le ciel. ») et cette allumette jetée dans une boîte aux lettres d’immeuble à l’Haÿ-les-Roses, par trois adolescentes pour embêter une quatrième, Dix-huit morts dans l’incendie de la tour, qu’elles ont déclenchées, responsables mais pas coupables. Les effets et la cause. On juge ce genre d’affaires, pas une mauvaise politique qui ruine des millions de vies … les sanctions sont toujours sans le moindre rapport avec les causes, tout simplement parce que ce n’est pas du même ordre. Vengeance ? compensation ? réparation ? exemplarité pour que ne se reproduise pas l’analogue ? pas de réponse. Dans le dialogue amoureux, seulement, il y a la relation entre la cause et l’effet. D’expérience de notre fille, la vraie sanction qui convertit l’autre et lui fait demander non le pardon mais la recrudescence d’amour, c’est l’ignorance. On ne la voit plus, on parle d’elle en feignant de ne pas l’entendre ni la voir, et elle s’amende c’est-à-dire qu’elle revient et que c’est un nouveau commencement, sans que nous discutions chacun ce qui faisait conflit l’instant d’avant où sa propre représaille à notre endroit était de nous signifier en parole ou en mouvement son départ définitif, assorti d’un reniement : vous n’êtes plus mes parents, mieux encore tu n’es plus mes parents. Ce qui fait voir qu’à la racine de l’amour, il y a la considération. Mot très fort, mais peu usité et peu compris, sauf à le galvauder e conclusion de correspondances. J’interrogeais Etienne Burin des Roziers sur tel ou tel de l’entourage de de Gaulle, et il me répondait : le Général avait beaucoup de considération pour lui. Ce qui me parut banal, ce que je comprends maintenant. Prier…[1] Jésus exultant de joie sous l’action de l’Esprit saint, une des phrases (pour moi), les plus mystérieuses de l’évangile. Divinité et trinité, et pourtant emprise comme psychotique d’une des personnes divines sur une autre. Analogie de tant de spiritualités ou d’écrits du genre sur les motions, les mouvements sans cause et autres événements d’âme, rapportés en termes sensoriels et qui sont souvent présentés comme un but en soi, la vie spirituelle pour « sentir » la joie, la paix, l’amour. Peut-être… mais je n’en suis pas. Conséquences accessoires, oui. Mais biens à rechercher, non. Alors ? Jésus nous donnerait-il là une de ses prières – en clair, comme on dit aujourd’hui – il y a la prière qu’il nous recommande de vivre : le Notre Père, et il y a la sienne, la supplication dont les mots ne nous sont pas parvenus complètement, au Jardin des Oliviers, Père, si c’est possible, que ce calice… et il y a celle-ci, la place du Christ dans l’histoire et la dialectique de la rédemption, la place de tous, une sorte de nouvelle échelle sociale, la définition de la véritable intelligence. Prière du Christ, prière totalisant le monde et plaçant celui-ci au cœur de la Trinité. Prière de louange, destinée de chacun. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits…Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. Les deux discours du Christ, son transport est public, la prière qui énonce la réalité avec une telle force, chacun peut l’entendre. Mais la comprendre ? alors il se tourna vers ses disciples et leur dit en particulier… A lire ces pages, comment ne pas voir-ressentir ce qui devrait nous habiter à chacune de ces lectures : l’amour et la fascination que Jésus faisait ressentir à son endroit par ces hommes et ces femmes qui l’entouraient, les disciples appelés un par un, et les femmes – dont il n’est jamais dit qu’elles ont été appelées – mais qui presque tous ont été caractérisées par le Seigneur dans leur état et leur parcours spirituels. La béatitude, la restauration de tout, la dissolution de toutes les contradictions car la connaissance du seineur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. Images des livres pour enfants : le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. Cette connaissance guignée par Adam et Eve, bêtement, au Paradis. Eve et son parcours, Adam appelé par Dieu, non pas : où êtes-vous ? mais où es-tu ? [2]


[1] - Isaïe XI 1 à 10 ; psaume LXXII ; évangile selon saint Luc X 21 à 24

[2] - Gn III 9

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