dimanche 26 avril 2009

touchez-moi, regardez - textes du jour



Le ciel des promesses à Abraham : la croix du Cygne, Deneb et Altaïr, Cassiopée et le Scorpion, mais quelques nuages ont déjà blancs. Hier, comme toute la vie, deux tests en sens contraire. Je suis cinq heures d’affilée à cet écritoire pour la mise au net de mes notes d’entretien téléphonique, mais voulant monter sur le muret pour au téléobjectif photographier le plan de mer qui semble s’exhausser entre deux horizons, l’un avec ce moulin, l’autre avec le bout de nos prés, ne je m’y prends que de l’appui d’une main et l’ayant d’ailleurs pressenti, je tombe assez lourdement ; j’aurais pu donner de la tête sur le pavement que j’ai organisé à l’automne. Je suis intact et mon appareil de photo. aussi. – Prier [1] les disciples qui rentraient d’Emmaüs, racontaient … ce qu’il s’était passé sur la route et comment ils avaient reconnu le Seigneur… Le témoignage type, non pas du moi-moi-moi ou de la morale sexuelle. L’insistance, de chacun des évagélistes mais à sa manière sur les sacrements laissés, institués par le Christ : comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain. Dans mon enfance, l’expérience de la rencontre par le sacrement : la consécration, le mon Seigneur et mon Dieu que partout à cette époque (les années 50 après les années 10 ou 20 selon mon cher Denis M.) on nous enseignait à murmurer, la communion, l’action de grâces la tête dans les bras ou dans les mains – l’illumination du sacrement de pénitence ou de la confession (on dit aujourd’hui autrement : aucun des mots n’est vrai, mais l’expérience, c’est-à-dire celle d’une présence puisqu’il y a rencontre, est vraie, objective). Enfin, dans l’instant de l’échange de nos consentements, il y aura dans quelques semaines cinq ans, la chapelle magnifique du Val-de-Grâce, la perception infailliblement nette du changement d’essence de notre relation devenue et bénie conjugale. Comme ils en parlaient encore, lui-même était au milieu d’eux… il leur montra ses mains et ses pieds. Le pain, cette fois, n’est plus le sacrement du divin, mais le signe de l’humain : ‘Avez-vous ici quelque chose à manger ? …Touchez-moi, regardez-moi.’ Et ce sont ses mains et ses pieds transpercés que Jésus montre à ses disciples : mort et résurrection vont de pair. C’est à Thomas qu’il propose, non pas l’ultime blessure, il était mort avant le coup de lance, mais le signe le plus spectaculaire. Le moment se clot – comme une messe – par l’appel à la mémoire : rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous, puis par le sens et enfin par l’envoi en mission. L’ensemble des évangiles, et tant de passages dans l’Ancien Testament, sont structurés par ce rythme ternaire : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. Ce qui remet à sa place toutes les repentances, celles des souverains pontifes comme celles des politiques… quelle outrecuidance que nos demandes de pardon… à qui ? … notre mémoire implore le pardon d’une autre mémoire ? sans cependant rien apporter au présent et au futur qui seraient la conciliation et l’amour. En celui qui garde fidèlement sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection. Jean affirme qu’il n’y a donc de pardon comme il ne peut y avoir de défense que selon le Christ, par lui et en lui. Pierre poursuit l’évangile de Luc : Dieu qui par la bouche de tous les prophètes, avait annoncé que son Messie souffrirait, accomplissait ainsi sa parole. Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés. La Pentecôte nous ramène à la Genèse, au péché originel et à notre rédemption. Ainsi accomplis en ce lever du jour, nous pouvons dire et vivre, et je vis avec mes aimées encore endormies : dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors : car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance. Ce qui est précurseur de notre ultime sommeil et signifie bien notre espérance-certitude de la résurrection. Pourquoi seul ? sans doute pour affirmer notre liberté, notre individualité à partir de laquelle se vivent et bâtissent notre communion à tous et notre remise en Dieu. Le psaume, comme la plupart, alterne le nous et le je : Qui nous fera voir le bonheur ? Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage. Soleil levant – j’en suis encore loin – et reflet de la lumière venant sur tout ce qui s’y prête : nos visages, aussi. La beauté reflet ou transparence, dans les deux cas – que fait vivre l’amour humain quand il dévisage et se réjouit de la beauté de qui il aime – il y a la lumière. Pierre, le renégat, avait tout de même suivi tout le procès de Jésus : devant Pilate, qui était d’avis de le relâcher, vous l’aviez rejeté. Communion dans la responsabilité, communion dans cet immense mouvement dont le Christ nous prend. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Peut-être, sans doute, notre arrivée à l’orée – si l’on peut ainsi écrire – de la vie éternelle, aurons-nous cette extraordinaire sensation … Il ne reste plus qu’Altaïr et l’étoile du Berger, ou est-ce Jupiter ? les nuages sont devenus noirs et le ciel est presque clair.


[1] - Actes des Apôtres III 13 à 19 passim ; psaume IV ; 1ère lettre de saint Jean II 1 à 5 ; évangile selon saint Luc XXIV 35 à 48


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