jeudi 28 mai 2009

j'ai fait de toi mon refuge - textes du jour




Jeudi 28 Mai 2009


. . . prier [1] : garde-moi mon Dieu : J’ai fait de toi mon refuge. Ce que je ne fais pas habituellement, je viens de regarder le texte proposé comme chaque jour par l’envoi de l’Evangile au quotidien : Guigues le chartreux et l’union éternelle. Vivant encore un entretien hier après-midi, en famille, avec un moine ami, il me vient tout simplement que la vie spirituelle comme profession est évidemment une vocation particulière mais qu’autant que je le sais et qu’il m’en est témoigné, elle est de plus en plus difficile à vivre à notre époque parce que l’Eglise tend, dans ses aspects hiérarchiques, à se dessécher et à faire primer les règles sur – précisément – la vie, que les vœux d’obéissance, s’ils ont été faits, risquent souvent d’être la base habituelle d’une disposition de soi par autrui qui a autorité, selon le droit canonique ou les règles de communauté, et non pas la grâce d’un accompagnement. Je sais que le dire ainsi peut choquer ceux dont toute la vie humaine se déroule dans cet empire. Mais il y a plus, pendant deux millénaires, la vie religieuse a été la fine pointe de la chrétienté, le sacerdoce, dans mon collège d’enfance et d’adolescence, était évoqué sinon proposé comme « le plus haut service », on disait même le PHS. Soit, il serait mutilant pour quelque génération et quelque civilisation que ce soit qu’il n’y ait pas des religieux répondant à une vocation pour, par consécration, essayer de vivre uniquement et exclusivement notre commune aspiration à l’union avec Dieu, dès ici-bas (je préfère dire ainsi plutôt que de rechercher la perfection qui n’est pas forcément rechercher Dieu), et l’Eglise catholique comme l’orthodoxe ne peut vivre, nous ne pouvons vivre sans les sacrements, donc sans le prêtre et les évêques l’ordonnant, mais il est possible que les rôles dans l’émulation et l’édification mutuelles s’inversent quelque temps, que les laïcs immergés dans le précaire et l’instabilité, dans la débrouille des dificultés de discernement et d’orientation, tâtonnant pour l’amour et pour le travail soient les porteurs de la vie religieuse et sacerdotale, et témoignent de la possibilité d’aimer Dieu et de lui répondre sans les structures cléricales et religieuses, puisqu’ils n’en ont pas reçu la vocation. Le témoignage de l’amour et de la sollicitude. Sans doute, le religieux sauf à tomber dans la banalité et de minuscules compensations, a-t-il vitalement besoin du soutien de Dieu et d’une certaine expérimentation de ce soutien, mais un laïc dans la vie qui est la sienne, même s’il peut s’en dispenser comme l’immense majorité des « gens », ne vit pleinement que dans la même dialectique de recherche et de ebsoin de ce soutien. Vraie gloire – au sens évangélique du terme – du religieux, du prêtre plus encore puisqu’il est plus visible personnellement (il y a forcément du collectif chez le religieux : communauté, congrégation) : il ne peut qu’être exemplaire constamment, notamment dans la relation de personne à personne, donc être exemplaire d’intelligence et de dévotion affective et amoureuse. C’est une lourde charge, elle suppose l’aide divine et l’indulgence, le discernement des laïcs, du « monde » : pas toujours acquis mais que notre époque décape, puisque le clergé n’est plus, sauf dans sa hiérarchie, le gratin d’une société ou au moins l’un de ses pouvoirs temporels, concurrent ou allié de l’Etat.

Bref… que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde crois que tu m’as envoyé. Notre unité, notre amour mutuel, possibles seulement en Dieu et ayant pour fin le témoignage pour la puissance de Dieu. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée. Jésus ne donne que ce qu’Il reçoit, et Il donne tout, pas seulement sa vie humaine, mais sa divinité-même en nous y associant. Le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ils ont reconnu, eux aussi, que tu m’as envoyé. La clé est donc la foi en une personne et plus encore en son identité confondue avec sa mission (en ce sens, ce qui est demandé à l’homme est analogue dans le christianisme et dans l’Islam : reconnaître l’Envoyé – un de mes travaux est certainement de reprendre cette lecture paisible et chrétienne du Coran, en y cherchant les points de convergence et, bien entendu, en y trouvant un lieu et un instrument de prière, cela je le sais déjà et l’ai éprouvé, Dieu est là, là aussi). Je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître encore. Pourtant, l’expérience spirituelle, sauf celle de nos grands devanciers, Moïse et les patriarches, n’est pas la connaissance de Dieu par son Nom, elle est d’abord l’expérience du besoin de Dieu, il est vrai précédée si l’on a eu la grâce d’une foi native dès le berceau ou la très petite enfance, de l’expérience de la présence et de la venue de Dieu, nous visitant au plus intime de nous-mêmes : action de grâces de l’enfant que je fus (et crois rester) après une messe de communion. Expérience paulinienne : courage, le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome. Les géants qui nous ont devancés et nous guident encore, étaient pas à pas menés par Dieu : Paul du chemin le menant à Damas jusqu’à la décapitation après procès à Rome. C’est à cause de notre espérance en la résurrection des morts que je passe en jugement. Astuce inspirée de Paul divisant ses détracteurs, mais réalité fondamentale et juste expression de notre aspiration à tous.


[1] - Actes des Apôtres XXII 30 à XXIII 6 à 11 ; psaume XVI ; évangile selon saint Jean XVII 20 à 26


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