jeudi 6 août 2009

nouss n'avons pas eu recours aux inventions des récits mythologiques - textes du jour

Jeudi 6 Août 2009

Prier, j’en ai tant besoin, tu domines de haut tous les dieux. [1] Réponse : Jésus les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne… En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu… et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait ‘ressusciter d’entre les morts’. Les secrets de Paul, son « écharde », son transport au ciel « avec ou sans son corps ». Une prédilection du Christ ? toujours la pétition jansésniste, la prédestination ? le petit nombre, ce qui fonde aussi l’intégrisme, sa cécité et son orgueil. Le commandement du Christ, ultime au moment de son Ascension, est tout le contraire : allez dire à tous… tout l’Evangile est un souci de propagation, même enseignement, miracles, dialogues sont souvent réservés, mais précisément l’Evangile nous en fait tous témoins, comme de ce moment si extraordinaire pour les apôtres : la découverte du secret du Christ, une certaine approche de sa nature complète, transcendant l’histoire et le temps : Moise et Elie à ses côtés, et physiquement tout autre, mais l’humanité reste la même, la manifestation trinitaire n’est pas la première et ne sera pas la dernière. Ne parlent dans le moment que Pierre, le pauvre homme et de la nuée, une voix. Jésus est dans un dialogue qui échappe aux sens humains. La Transfiguration précède d’ailleurs l’apparition des deux grandes figures de l’Ancien Testament, l’Evangile éclaire le passé et fait l’avenir. Pierre ne propose de tentes que pour Jésus et ses deux compagnons, lui et les disciples s’oublient complètement, ils sont trois comme les trois personnages qu’ils contemplent, comme la Trinité divine. Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. C’est quand la vision, le message sont complets que reprend le quotidien. Cette voix venant du ciel, nous l’avons entendue nous-mêmes quand nous étions avec lui sur la montagne sainte. Pierre se fonde et nous fonde davantage sur la parole entendue que sur ce qu’ils ont vu : nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur. De fait, les images sont pauvres : une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille… une lampe brillant dans l’obscurité… l’étoile du matin. Pour le chef des apôtres, la Transfiguration est une introduction, une pénétration jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs. Daniel donne son apocalypse : le Vieillard, son habit était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine immaculée. Ce qui l’apparente au vêtement du Transfiguré, mais il ne s’agit pas de lui : je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme. Préfiguration du Christ : Fils de l’homme ? L’exégèse confond-elle le défini et l’indéfini ? joue-t-on sur les mots pour les appeler à nos propres interprétations comme les frères et sœurs du Christ qui ne seraient que ses cousins. Je n’aime pas beaucoup cette façon, tantôt la rigueur, tantôt l’élision et l’approximation. En revanche, le texte est explicite : une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. La Transfiguration préfigure un triomphe et un ordre définitif, mais Jésus en connaît le préalable d’ici à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Ce qui pourrait n’être qu’une contemplation – derrière la vitre de nos sens et de notre précarité d’âme et de chair – est en réalité une invite à participer. Pierre a pris la parole, et avant Dieu Lui-même. Jésus l’y avait convié, lui ainsi que Jacques et Jean. A la fois tout le monde et « sa garde rapprochée », dirait-on aujourd’hui. Jean le mystique ne l’évoque ni dans ses épîtres ni dans son évangile, mais Pierre le pasteur, simple et sobre, en fait son argument, il ne rapporte pas seulement une expérience, des intuitions, la somme d’un enseignement : nous n’avons pas eu recours aux inventions des récits mythologiques, mais nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur. Memento des vivants et des morts.

[1] - Daniel VII 9 à 14 passim ; 2ème lettre de Pierre I 16 à 19 ; évangile selon saint Marc IX 2 à 10

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