samedi 29 août 2009

vivement contrarié, il ne voulut pas lui opposer un refus - textes du jour

Samedi 29 Août 2009


Lancé, relancé hier soir en diffusant l’article du Pèlerin donné par mon cher aîné, le débat sur les souvenirs familiaux et leur partage. Déjà, une réponse ... écho de précédentes. Comment vit-on sans entrer dans son passé et sans l’interrogation-certitude-espérance de la foi ? La foi posant des questions mais autrement que l’absence de foi. D’ailleurs, il ne s’agit pas alors de l’absence de foi, mais bien de la croyance que Dieu n’existe pas, ou au pis qu’Il « ne s’occupe pas de nous ». Peut-on vivre avec ce qui me semble deux vides, deux trous vertigineux, ou bien ceux/celles qui vivent ainsi n’ont pas du tout ce ressenti, c’est simplement une dimension qui n’existe pas pour eux, de même que certains animaux ayant des sens différents des nôtres ou plus développés, appréhendent un monde ou le monde dont nous n’avons pas la moindre idée ou imagination ?
Prier…[1] le martyre de saint Jean dit le Baptiste a donné lieu à une foule de tableaux et d’interprétations artistiques, à un conte étonnant de réalisme (description des décors et des mœurs) de Gustave Flaubert. Du texte – que Marc donne en plus circonstancié que Matthieu [2] – on retient généralement la faiblesse et l’imprudence d’Hérode faisant un serment et en état d’ivresse, après être tombé en fascination pour la fille de sa belle-sœur : les incestes en cascade de celui que Luc présente comme un criminel multirécidiviste. Mais la leçon me semble autre qu’un portrait, Jean est la conscience du roi débauché, et annonçant le Christ, le Messie à ses contemporains il est la conscience d’Israël, la conscience de l’humanité. Notre conscience, droite, nativement, notre âme à notre Genèse, de toute Genèse, nous gêne parce qu’elle nous met en contradiction avec nous-mêmes. Adam et Eve souhaitent discerner le mal du bien, et goûtent du fruit, ils sont exaucés. Nous héritons sans doute du péché originel, des limites qu’il engendre pour notre nature terrestre : la mort sous toutes ses formes de frustration quotidienne, et sous sa forme ultime de destruction de notre chair, mais nous hériton surtout de la liberté et de la conscience du bien et du mal… Conscience indestructible : ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer. Jésus lui-même connaît ce débat au Jardin des Oliviers, mais son orientation consciente et amoureuse vers son Père le remet dans la souveraine liberté qu’est l’obéissance. L’obéissance heureuse et sans débat, ou l’obéissance douloureuse mais triomphante quand il y a eu débat, trouble, puis grâce du discernement. Discernement qui ne porte jamais sur le contenu de la décision mais sur l’abandon à la décision que l’on reçoit de prendre. Avec armes et bagages, allant ensemble.

Je me relis, avant de prier. L’obéissance est fidélité, le discernement a pour repère la fidélité. Ce mot de Mauriac (à propos du referendum de 1962 sur l’élection du président de la République au suffrage universel) : dans le doute, il faut choisir d’être fidèle. Tout simplement parce que nos fondements ne sont pas la soumission (soit à autrui, soit à nous-mêmes, les ordres de l’un, la tentation s’insérant, s’incrustant en nous, jusqu’à son ricanant triomphe qui nous laisse amers et suicidaires comme Judas, tandis que Pierre – simplement ou ultimement – pleure, même s’il ne voit pas l’espoir, mais le regard de Jésus a croisé le sien). Le passé, si ce n’est que le nôtre, oui, il ne serait parfois, souvent qu’une amertume ou des regret-nostalgies, mais s’il est commun, si nous comprenons qu’il est un bien commun, à plusieurs, d’une richesse d’autant plus étonnante et qu’aucun inventaire n’épuisera jamais, parce que précisément plusieurs ont vêcu, chacun à sa manière, ce que nous avons cheminé et parcouru à la nôtre. L’humanité ou une fratrie sont ainsi du même bois, parvenir à un patriotisme européen rassemblant les histoires nationales dans le même nœud d’une seule fierté et ainsi de suite pour la conquête de étoiles par tout le genre humain et le vivant, c’est un chien ou une chienne (soviétique) qui alla d’abord dans l’espace, colombe lâchée par Noé. Solidarité, personnalité. L’obéissance (celle du couple, celle de l’amitié donne mieux son synonyme : la fidélité, constance de l’ordre que par un vœu, une consécation, une volonté délibérée, nous nous sommes à nous-mêmes donné) et la mémoire, deux aspects de la communion, et donc de l‘amour. Ce dont le manque empêche tout, ce qui reçu et cultivé fonde et pérennise tout.

[1] - Jérémie I 17 à 19 ; psaume LXXI ; évangile selon saint Marc VI 17 à 29

[2] - Luc III 19.20 puis IX 7 à 9 & Matthieu XIV 3 à 12

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