lundi 5 octobre 2009

quand mon âme en moi défaillait - textes du jour



Lundi 5 Octobre 2009



Prier [1] le mouvement de joyeuse et exultante reconnaissance est sans doute le plus spontané et profond du cœur humain. Ce qui rend vrai et réaliste la figuration de mon vénérable aîné, qui, croyant peu ou mal à la résurrection de la chair et aux retrouvailles accomplis avec ses deux défunts aimés, épouse et fils cadet, « imagine » cependant la vie éternelle en louange continue. Sans doute, pas selon les images et cabrioles de milliards d’êtres présentés dans l’Apocalypse et encore très anthropomorphes, mais notre accomplissement total et définitif, celui de la liberté qui nous a créés et qui nous a été donnée, vaut bien le cantique. L’Ecriture abonde en cantique, Jonas sortir du « ventre de la baleine » comme Israël entonnant à la suite de Myriam, sœur de Moïse… quand mon âme en moi défaillait, je me souvins du Seigneur ; et ma prière parvint jusqu’à toi, dans ton temple saint. Cantique qui donne exactement le mouvement de sortie de la dépression, le fond touché, un repère enfin trouvé et c’est le coup de pied faisant revenir à la surface. Jonas, préfiguration de la délibération du Sanhédrin : il vaut mieux qu’un seul homme meurt pour tout le peuple, mais l’équipage ressemble davantage à Pilate. Ne nous rends pas responsables de la mort d’un innocent, car toi tu es le Seigneur : ce que tu as voulu, tu l’as fait (la soi-disant prédestination que nous comprenons mal dans l’Islam). Jonas qui se voulait loin de la face du Seigneur s’y retrouve apparemment selon la volonté des hommes. En réalité, Dieu commandant à la tempête comme Jésus sur le lac, mais surtout au grand poisson, véhicule providentiel. J’y vois ce matin, davantage que le tombeau à la suite du Calvaire, l’arche de Noé, le réceptacle de la vie et de la destinée résiduelles. Jonas collabore cependant à ce qu’il ne voulait initialement pas : c’est à cause de moi que cette grande tempête vous assaille, pourtant ce n’est pas de main d’homme qu’il est remis à la destination que lui assignait le Seigneur. Autre remise debout, celle de la victime de bandits sur la route de Jérusalem à Jéricho. Pas de dialogue entre elle et son bienfaiteur, mais un profusion d’attentions, telle que le Samaritain devient figure de Dieu, le compatissant. Leçon, Dieu a visage d’étranger dans notre détresse, ce n’est pas Lui que nous appelions ni que nous connaissions ou attendions, et pourtant ce sera Lui, comme Jésus rattrapant les deux disciples, aveuglés par le chagrin, qui repartaient de Jérusalem via Emmaüs, dès que la fin du sabbat le leur avait permis. Les comportements plus parlants que les prescriptions. Tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie… Mais, lui, voulant montrer qu’il était un homme juste, dit à Jésus : ‘Et qui est donc mon prochain ?’ … ‘Celui qui a fait preuve de bonté envers lui’. Jésus lui dit : ‘Va, et toi aussi, fais de même’. D’une certaine manière, de cette manière-là, nous nous faisons à nous-mêmes nos prochains, par la dilection d’amour. Imitant Dieu ainsi dont l’amour et l’attention, la compassion nous choisit. Nous sommes les prochains de Dieu et les malheurs de notre condition humaine nous entourent de prochains. – Hier soir, notre fille… au lit, je récite notre prière et lui demande de la dire avec moi : réponse, c’est mon cœur qui la dit. Et ce matin, tôt levée avant la classe, de me réclamer une histoire : tu ne veux pas faire plaisir à ta petite fille ? (quatre ans dix mois et demi)… Dieu retourne les épreuves que nous croyons, dans nos pières de détresse, lui imposer : et nous voici à l’épreuve, aimer. Il le vit et fut saisi de pitié. L’Evangile est semé de ce mouvement.

[1] - Jonas I 1 & II 1 à 11 ; cantique de Jonas II 2 à 8 ; évangile selon saint Luc X 25 à 37

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