mercredi 11 novembre 2009

ils s'arrêtèrent à distance - textes du jour

Mercredi 11 Novembre 2009


Brouillard dans la nuit encore sombre, tout à l’heure, ambiance de fin du monde ou d’aube d’attaque, aucune lumière humaine. Notre fête nationale aujourd’hui, les trois importantes chez nous, une civile et deux militaires, sont davantage des fins de cycle que des débuts de construction. 62% des Français se disent favorables au « débat sur l’identité nationale » ; j’en suis atterré comme si l’identité était à débattre, surtout collectivement, voilà où nous en sommes. Rien ne dit mieux combien nous sommes, en pleine paix apparente mais au sens seulement militaire, proches d’une certaine mort. De Gaulle sortant de chez Paul VI et s’adressant à la « colonie » ecclésiastique : l’Eglise a les promesse de l’éternité et la France ne mourra pas. Ou à peu près. Je dis en passant que le patriotisme européen, qui peut affleurer dans certaines célébrations, mais qui n’est pas encore exprimé, est bien entendu le seul cadre mouvementant et protégeant notre identité propre, mais que de travail, de prière et d’espérance ! pour une survie et une naissance, le couple qui se forme dans la gestation et l’accouchement… et penser pays, c’est penser à ceux qui cherchent, qui subissent, qui sont écrasés ou en désordre, celui que j’aime au Sahel, ceux d’Outre-mer où vit l’une de mes sœurs chères. Toujours, un doute sur l’identité, sur la réalité démocratique caractérisent les peuples qui subissent ou qui tolèrent.

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il y a du Te Deum, chez ce lépreux, compagnon de miracle mais unique dans une prise de conscience, et devant Dieu, devant la vie, à longueur de notre existence quelle conscience humaine plus affinée et plus élevée qu’une action de grâces éperdue, spontanée. Jésus lui dit comme si rien n’avait encore été accompli, ou pour lui révéler-confirmer la part que lui – le lépreux – avait pris à sa propre guérison ? ‘Relève-toi et va, ta foi t’a sauvée. Cela sonne comme ce sacrement que je ne pratique plus, actuellement et provisoirement, celui dit de la réconciliation, naguère on disait la confession, ce qui impliquait une conscience du péché et le besoin exprimé du salut. Le Samaritain, l’infidèle ou le déviationniste, est l’un des héros des évangiles… le ‘beur’ aujourd’hui pour les Français, le proche, l’à-côté mais pas nous… et pourtant le meilleur et finalement le vrai nôtre. Les puissants seront soumis à une enquête rigoureuse… Le livre de la Sagesse a de la méthode et compte sur les chefs et les élites pour remettre le peuple en marche : recherchez mes paroles, désirez-les ; elles feront votre éducation. L’un de mes héros, Couve de Murville, dont une bonne part de la vie professionnelle se passa autour de tables à écouter l’autre et les autres, commençait, quand il fut brièvement Premier ministre, par dire-recommander : écoutez. Le Souverain de l’univers ne reculera devant personne, il ne se laissera influencer par aucune grandeur ; car les petits, comme les grands, c’est lui qui les a faits, et il prend soin de tous pareillement. Combien j’aime mon Eglise quand elle théorise le régicide (Thomas d’Aquin), quand elle place le roi au premier rang des auditeurs de Bossuet (notre ancienne monarchie était entièrement fondée sur les comptes à rendre à Dieu et sur la conscience du roi, à laquelle explicitement chacun pouvait en appeler : les correspondances de Vergennes à Louis XVI : il ne serait pas de la sagesse du roi de faire telle ou telle chose…), et combien je pleure quand un pape reçoit chez lui un deux fois divorcé et entre dans un palais français, dont son pareil ou son analogue, humainement – en spirituel et en autorité morale (le Dalaï-Lama) – a été interdit. Jean-Baptiste était autrement fécond, même s’il y risquait et y perdit la tête. Vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez. … Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : ‘Jésus, maître, prends pitié de nous’. [1] Puis ayant crié et pleurant, je prie, cela m’est donné. Espérance et présence.



[1] - Sagesse VI 1 à 11 ; psaume LXXXII ; évangile selon saint Luc XVII 11 à 19


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