vendredi 25 décembre 2009

ils sont nés de Dieu - textes de la nuit puis du jour de Noël

Noël - vendredi 25 Décembre 2009


La messe a été triste pour ma chère femme, le front plissé et elle n’a pu aller communier : « cela me donne le tournis ». Pensées moins sombres que je ne le craignais, simplement ou en partie les chants lui sonnaient faux, la tronche de profil des chroistes, particulièrement une grosse dame que j’avais également repérée, osbtinément assise et le regard méchant. Notre fille remuante à son habitude, en position souvent de refus, voulant vite partir, peu en intelligence avec la liturgie, mais n’est-ce pas franchise, d’autant qu’en fond de transept et malgré des promenades elle ne voyait rien, mais des questions si fines, toujours les tableaux de la passion : qu’est-ce que c’est ? Jésus est battu par les hommes, c’est raconté en treize histoires. Mais pourquoi … ? et pourquoi Dieu, il a fait naître les enfants, tous les enfants ? parce qu’Il les aime. Mais pourquoi Il nous aime ? et les parents aussi ? Il les a fait naitre ? C’est qui alleluia ? Moi, j’étais simplement ému. A la sacristie, mon cher Denis M., et un confrère très âgé, qui n’a pu se lever, quoiqu’en vêtements liturgiques, pour aller à l’autel, mais le visage rayonnant de joie pendant les derniers cantiques et marquant la mesure avec sa canne. Comme je dis que l’émotivité peut empêcher la foi et la prière, la confiance-même pour ceux qui ne sont que sur le seuil ou s’en retirent, Denis réplique que ce peut être une interrogation, un questionnement. Je ne le crois pas, la pâte humaine est si longue à travailler et elle ne lève que par Dieu, pas par nos questions . Voyant grandir et s’exprimer notre petite fille, je constate que je ne transmets et ne forme rien, l’Esprit Saint seul peut lui donner la foi, pas moi. Je fais ce que je peux, ma femme autant, venue à cette messe pour sa fille et son mari, par amour donc. Prié pour mon frère moine défunt, prié pour cette femme remarquable qui s’est fermée et qui peut-être jalouse ce que les circonstances me donne d’accomplir pour la mémoire et pour la relevaille du legs de son saint mari… prié de confiance. Dans ma petite enfance, enseignement à contrepied de nos sensibilités, Pâques plus important que Noël. Soit ! mais l’Incarnation est la clé de tout, pas de révélation et pas de rédemption sans que Dieu se soit fait homme, en son Fils. Les sceptiques sur le monotéhisme chrétien – puisque la Trinité leur fait problème – passent à côté, la question difficile n’est pas qu’il y ait Père et Fils, encore moins qu’il y ait l’Esprit Saint puisque de Celui-ci nous avons chacun l’expérience, elle est que Dieu se soit fait homme, et qu’homme il ait souffert, aimé, soit mort. Comme Jésus est Dieu, sa résurrection est « naturelle ». C’est bien Noël, la pierre de touche. Le Coran en est proche selon certains versets de certaines sourates. Denis M. a prêché cette nuit selon un texte du cardinal-primat de Belgique, démissionnaire à ses soixante-seize ans, attaché de toujours au mystère et à la contemplation de la Nativité. Il insiste sur l’évangélisation par le cœur, séduire le cœur, et cela par la bonté, la vérité et la beauté au sens grec (mais qu’il ne développe pas, car de mémoire le grec dit les deux : kalos-kagathos). Et c’est dans l’amour que ma chère femme dépouille sa tritesse et nous donne le visage étoilé de notre vérité. Noël dans nos vies… hier soir, la messe mémoire de l’événement [1] : il était de la maison et de la descendance de David… elle mit au monde son fils premier-né et elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune… la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Le fait. L’explication donnée déjà par Isaïe : voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’Univers… la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Puis, ce matin « messe du jour » (l’époque de mon enfance, les trois messes, celles aussi de Daudet…). La contemplation : comme il est beau de voir courir sur les montagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle (les anges dans la nuit de Noël : je viens vous annoncer une bonne nouvelle). La révélation : reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être, ce Fils qui porte toutes choses par sa parole puissante… La dialectique du salut mais d’abord du refus humain, de la Genèse : le péché originel, jusqu’au procès devant le Sanhédrin et cernant le prétoire de Pilate : Il était dans le monde, lui par qui le monde s’était fait, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. Notre sort : mais à tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. Jamais je n’avais lu ce prologue de l’évangile de Jean ainsi : non seulement nous sommes promis à la divinisation par participation adoptive à tout le sort, à toute la nature du Christ, mais notre naissance aussi, personnelle, familiale, est divine… Complexe si nous restons englués dans ce que nous vivons et voyons, lumineux, chaleureux, vrai si nous prions et reconnaissons ce qu’il nous est dit. Amen. Dieu personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui a conduit à Le connaître. [2]

[1] - Isaie IX 1 à 6 ; psaume XVI ; Paul à Tite II 11 à 14 ; évangile selon Luc II 1 à 4

[2] - Isaïe LII 7 à 10 ; psaume XCVIII ; début de la lettre aux Hébreux I 1 à 6 ; début de l’évangile de Jean I 1 à 8

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