dimanche 31 janvier 2010

ils ne pourront rien contre toi - textes du jour

Dimanche 31 Janvier 2010

Prier… le grésil sur nos prés, des traces sanglantes au ciel, du silence sauf quand l’ont rompu nos chiens jaillissant pour courir vers quelque animal à peine moins domestique qui a dû traverser pas loin leur domaine, mais des courriels, des téléphones disant que le monde, la société, les couples, nous tous, moi, les miens ne tournent pas rond, que nous tolérons l’intolérable, le laid, l’injuste. Deux correspondants, téléphone ou courriel, pathétiques sans pathos, vrai de la vérité simple que leur regard me transmet à voir et comprendre. Un siècle qui contrairement à beaucoup des précédents, ne commence pas par une révolte générale mais par des abcès de fixation qui distraient, qui font l’alibi des soi-disant dirigeants… l’absence de repères et la transformation de toute échéance et de toute interrogation, de tout malheur en spectacle, le suivant chassant le précédent en une sinistre chronologie. Le cri du malheur, incessant, ne fait pas vacarme car il manque une autorité morale immense, universelle et car l’indivualisme a été instillé de force et de partout, selon de multiples aspects en sorte que la solidarité et la communication n’existent plus… je ne peux que penser au Christ regardant la foule et en ayant pitié, du moins allait-elle à lui et à la montagne. La liturgie chrétienne du jour, qu’apporte-t-elle à un tel monde, aux angoisses qui m’arrive et aux miennes ? [1] La réponse n’est pas, aujourd’hui, directe. L’Ecriture n’est pas un objet de hasard, de cartomancie, un instrument de consolation et de complaisance. Le Christ, à la synagogue de son pays, n’affronte que l’incroyance et le refus d’un accueil de sa véritable identité : n’est-ce pas là le fils de Joseph ? refus du Messie, du Sauveur d’accomplir quelque signe ou miracle que ce soit, souveraineté pourtant, lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. Commentaire de Paul, de l’Apôtre des païens, des Gentils : l’amour ne passera pas, les prophéties disparaîtront, le don des langues cessera, la connaissance que nous avons de Dieu disparaîtra. Tout ce qui arc-boute nos refus et fait notre malheur, notre rigidité. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. Chanté en grec, l’hymne à la charité b(son interprétation dans le film Bleu). J’aurai beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toiute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagne, s’il me manque la charit, je suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque la charité, cela ne me sert à rien… Discussion sur la traduction charité/amour, comme sur eros et agapè. Significativement, ce pape décrié et qu’on ferait passer assez vite pour la réplique de prédécesseurs encore plus caricaturés (et à tort) Pie IX et Pie XII, s’est attaqué à de grands déblais : élucider ces notions et ces concepts, et à remettre en honneur des outils, les pères et docteurs de l’Eglise, nos éclaireurs des siècles d’avant nous. Qui et quoi éclairerons-nous tels que nous sommes et tels que notre génération produit de pensée et d’écrit ? Mais les définitions se donnent à regarder simplement le Christ : l’amour dans toutes ses acceptions est là, y compris sans doute l’eros quand il est vêcu comme la résonnance que l’autre nous donne et qu’il nous appelle à lui donner, suprême charité que de faire chanter l’autre, de faire chanter le monde. L’image de l’éternité, ces chants et ces foules nous paraissent aussi idiotes que les représentations si concrètes auxquelles nous assimilons l’Islam et la lettre de certains versets du Coran pour le paradis en forme de félicités et de plaisirs bien précis, le sens de l’espérance est difficile à dire mais il se vit, sinon nous ne vivrions plus que fous ou suicidaires (il est vrai que beaucoup de nous en sont là, qu’ils sachent ou puissent le crier, ou que toute capacité leur ait été précisément ôtée). Pour beaucoup, je fus comme un prodige, tu as été mon secours et ma force. Je n’avais que ta louange à la bouche, tout le jour, ta splendeur. L’envoyé que les Nazaréens refusent, et c’est pourtant comme Nazaréen que le Christ sera identifié sur sa croix. L’envoi de Jérémie en mission : lève-toi, tu proninceras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon, c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Dieu et les choses en mains, les choses prises par Dieu selon notre âme, dans notre prière. Un monde qui souffre tant, ceux qui appellent ainsi – communion inaudible mais transmissible, téléphone aussi et couriel –prient vraiment. J’ai à les suivre.

[1] - Jérémie I 4 à 19 ; psaume LXXI ;1ère lettre de Paul aux Corinthiens XII 31 à XIII 13 ; évangile selon saint Luc IV 21 à 30

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