samedi 23 janvier 2010

ton amitié - textes du jour

Samedi 23 Janvier 2010



Prier [1] Jésus entre dans une maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Cette part constante de la vie humaine du Christ, la foule, la pression : rien que pour sa naissance, Bethléem et ses ressources « hôtelières » : combles, « over-bookées ». Du monde sans doute au Temple, pour l’écoûter en dialogue avec le gratin religieux de l’époque, toute sa vie publique, et il laisse cela aux disciples, la foule de la Pentecôte. Manière de maintenir secret le mystère, l’essentiel, car les siens sont complètement à côté – les siens de sang, les siens familiers, les disciples aussi si souvent qui ne peuvent concevoir sa passion et sa mort, son échec apparent. Réflexion aisée, je le reconnais : aujourd’hui, l’Eglise, au moins dans ce que je vois et sauf les grands « shows » pour les déplacements du Pape à l’étranger, l’Eglise quotidienne n’attire pas ou plus les foules et n’est-elle pas – elle-même – comme cette famille humaine de Jésus, à se considérer des droits et une préemption naturelle sur le Christ, son message et sa façon d’être : Il a perdu la tête. Nos tâtonnements et nos impuissances pour la « nouvelle évangélisation » ne viennent-ils pas de nos a priori et de notre indocilité aux faites et surtout à une prise de parole préalable de ceux que nous voulons rencontre ? je le crois assez. L’évangélisation commence par nous-mêmes, le mystère est encore plus entier pour nous, censément les croyants. Souci du Christ et des évangélistes, le concret : il n’était même pas possible de manger, le coude à coude. La liturgie chrétienne est d’abord un repas. Et ensemble, en foule. Elle peut être également affective : l’amour fraternel mutuel de David pour Jonathan. Je pleure sur toi, mon frère Jonathan. Tu m’étais si cher : ton amitié était pour moi plus merveilleuse que l’amour d’une femme. Et me revient la mémoire de celui qui fut pour moi Jonathan. Drame, vocation, puis méandres de la vie mais son regard intact, sa fin terrestre comme un conte, le petit avion s’écrase au bas des Cévennes, venant d’un ciel pur, au premier anniversaire de l’accident ou du suicide ? une brebis met bas, l’agneau est couché exactement là où fut retrouvé l’avion. Jonathan, sur les hauteurs, fut frappé à mort ! Saül et Jonathan, bien-aimés et rayonnants ! Ni la vie ni la mort ne les ont séparés. Saül certainement attachant, les plaidoyers de Samuel suppliant Yahvé de ne pas lui retirer sa bénédiction (ni la couronne), la relation de révérence qu’eut avec lui son futur successeur, et David – type de surdoué comme l’Ancien Testament en abonde, vg. Daniel – meneur d’homme, littérateur et prophète hors de pair, sensuel et avide (la femme de son général qu’il reluque, convoite, séduit), d’une extraordinaire sincérité et d’une vulénrabilité totale : la mort de son premier fils, celui de l’adultère. David déchira ses vêtements, et tous les hommes qui étaient avec lui firent de même. Ils pleurèrent et jeûnèrent jusqu’au soir, ils se lamentèrent sur Saül et sur son fils Jonathan, parce qu’ils étaient tombés par l’épée. Entendant Jésus, le grand-prêtre se leva et déchira ses vêtements, lui aussi… mais pour la plus mauvaise cause. Non pour pleurer un saint, un être humain, mais pour sauvegarder une forme institutionnelle, une dogmatique justifiant son propre pouvoir…

[1] - 2ème Samuel I 1 à 27 passim ; psaume LXXX ; évangile selon saint Marc III 20 & 21

Aucun commentaire: