dimanche 28 février 2010

apparus dans la gloire - textes du jour

Prier… [1] je ne suis pas exégète et à plus forte raison, je ne lis pas l’hébreu. Mais la Genèse approche de l’indicible autant que Jean l’évangéliste, le second par ce qu’il a vêcu et dont il rend compte, la première par les mots et les absences de mots. Ainsi le « il » au singulier ou au pluriel, ou bien le passage d’une situation ou d’un dialogue dans lequel la parole de Dieu fut adressée à Abram dans une vision… alors cette parole de Yahvé lui fut adressée à une proximité physique, en tout cas à une présence totale : il le conduisit dehors… et il lui dit… Yahvé dit à Abram… sans doute, touchons-nous là les deux moments de l’expérience spirituelle humaine : la grâce insigne de la présence manifeste (que les Apôtres lors de la dernière Cène demandent à Jésus, par la voix de Philippe, et sans se rendre compte qu’ils ont déjà et dans le moment exaucés en plénitude) et l’accès mystique. Contrairement au Coran dans lequel la contemplation du cosmos incline à comprendre la toute-puissance de Dieu, la Genèse – ici – en fait la parabole des dons de ce Dieu… regarde le ciel et compte les étoiles, si tu le peux… Vois quelle descendance tu auras ! L’argument paulinien est alors donné : Abram (qui n’a pas encore eu son nom changé) eut foi dans le Seigneur et le Seigneur qu’il estima qu’il était juste. Une autre expérience nous est aujourd’hui communiquée : toutes les paraboles contenues dans « la nuit de la foi », toutes les adresses de Dieu « en songe » et, pour nous, qui sommes la continuité des Actes des Apôtres et écrivons du sang de nos vies (de la goutte de nos semences, rappellerait le Coran) l’évangile de l’Esprit saint jusqu’à « la fin des temps », ce sommeil mystérieux dans lequel une sombre et profonde frayeur saisit Abram, signifie sans doute l’abandon de nos sens, la perte de nos repères et donc cette totale disponibilité que produisent indifféremment l’amour, la mort et probablement le baptême dans la foi. Dieu admet alors de nous donner des « signes ». L’affectivité, la nôtre, nos yeux et cœur de chair vibratile, demeurent et sont admis de Dieu (leur créateur et de qui nous les tenons) : Paul, s’adressant ainsi à mes frères bien-aimés que je désire tant revoir, vous ma joie et ma récompense et Abram : Seigneur, mon Dieu, comment vais-je savoir que j’en ai la possession ? Le petit côté – forcément tout humain – de la mystique. Maître, il est heureux que nous soyons ici ; dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie. Les disciples, eux aussi accablés de sommeil, et la réaction de Pierre, merveilleuse, car il ne prévoit pas de tentes pour lui et ses deux compagnons. Son visage (celui du Christ en prière) apparut tout autre. Je ne m’en étonne pas : l’amour et le bonheur nous donnent de les lire au visage de l’autre, qui alors apparaît… Indication (à creuser), cette apparition dans la gloire de deux hommes : grands personnages de l’Ancien Testament ou humbles de nos défunts contemporains, c’est le corps des ressuscités… c’est le corps glorieux de l’éternité, c’est l’âme totale.


[1] - Genèse XV 5 à 18 ; psaume XXVI ; Paul aux Philppiens III 17 à IV 1 ; évangile selon saint Luc IX 28 à 36

Aucun commentaire: