mercredi 3 février 2010

tu m'as entouré - textes du jour

Mercredi 3 Février 2010



La mort sous ses deux aspects, une séparation conjugale en donne une image, mes aimées, ces amours pour un enfant, l’amour pour notre « moitié », notre séparabilité et notre habitation mutuelle, plus que des habitudes et les éléments de l’équilibre à tout instant, l’indicible, plus que de l’attachement, l’autre pour lui-même. La vie éternelle, si elle n’est pas retrouvaille et accomplissement de ces unions, de cette union ? Les textes, le Christ, l’Eglise n’en disent rien. Je suis venu leur apporter la vie, et la vie pour qu’ils l’aient en abondance. De réponse précise que dans la confiance, la prière, l’espérance car évidemment une vie éternelle qui seraient les divans, les étreintes, les fruits, les jets d’eau et jardin du Coran ou les foules, dans des stalles, à chanter tandis qu’au milieu du chœur des vieillards pirouettent et se prosternent selon l’Apocalypse, cette vie éternelle-là ne nous correspond en rien. Mais nous ne savons (heureusement) pas imaginer ce que nous espérons. L’autre aspect, la mort soudaine, la mienne, une douleur ici, ou bien quelque chose qui se révèle là : que deviendront mes aimées sans moi, sans ressources, sans… la mort qui nous confère l’impuissance, apparemment et selon tant des modalités sociales de chaque époque. La Providence comme débrouille ? car le reste de ce que je bâtissais, bâtis, quelle importance, notamment « mon œuvre », l’essentiel je l’ai dit et écrit en quarante ans, il n’y a qu’à rassembler ce qui se fera selon l’inspiration de tel ou tel ou des envies qui ne dépendent pas de moi et sont aussi imprévisibles que le lectorat des manuscrits que j’élabore maintenant. Le temps d’écrire et communiquer davantage ce que je crois être seul à pouvoir composer ? aucune importance, Dieu dispose la semence et la fait croître ou se gaspiller sans que j’y puisse rien, mais mes péchés précis sur cinquante ans de vie où j’ai été responsable de mes manques et de mes actes, c’est cela qui compte, non vis-à-vis de Dieu qui pardonne mais de ceux – animaux compris – à qui j’ai nui ou manqué, je le sais, ils le savent, je le vis encore, peut-être m’ont-ils pardonné, j’aimerai ne l’avoir jamais fait et qu’au contraire dans leur vie, j’ai planté du bonheur et donné raison à leur attente, leur espérance, nos espérances. La mort quand l’âge nous fait avancer vers elle, ou quand seulement quelques centièmes de secondes nous séparent seulement du choc mortel. Puissè-je avoir ce regard, semi-vivant de ce moine qui m’a aimé et qui s’éveilla ainsi pour le dernier soupir, que je recevais d’abord sans le savoir, attendant l’inspiration suivante… qui ne vint pas. Il était dans sa mort, j’étais sur la rive qu’il venait de quitter. [1]

Jésus est un homme qui mourra : N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de jacques, de José, de Jude et de Simon. Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? Mines de suppositions et de contestations, sur la famille de sang de Jésus, sur la virginité de la Vierge, fils unique ou pas, les textes disent : premier-né, et l’Eglise originelle affirme : toujours vierge. Des homonymies de frères avec le nom des disciples. Je retiens ce que j’apprends maintenant : Joseph, le père adoptif, nourricier n’est pas nommé par les compatriotes du village. Jésus était devenu donc le successeur complet de Joseph, il n’est pas tant le fils du charpentier, que le charpentier lui-même. Lui qui mourra sur une œuvre de charpentier, lui qui dans aucune partabole n’évoquera le travail du bois, la charpenterie… et que fait Jésus, avant sa mort et sans souci apparent de ses attachements humains ? il parcourait les villages d’alentour en enseignant. Mission, confiance, sérénité. Réponse et souhait de Dieu comme du psalmiste que je reçois comme un gage : heureux l’homme dont la faute est enlevée et le péché remis ! Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense, dont l’esprit est sans fraude. Sans fraude puisque pardonné, oubliés les raisonnements dont je croyais qu’il m’exonèrerait de la culpabilité et du souvenir de ma faute. Tu es un refuge pour moi, mon abri dans la détresse, celle de ma mort quand j’espère que tu me donneras de me remettre à toi. – Mémoire de Jean-Yves Calvez, prêtre, chercheur, matrxologue et prédicateur hors de pair, âme d’intuition et de solidité, le grand Jésuite, il sut m’accueillir, nous pûmes parler à plusieurs reprises et évidemment son accueil dans les pages d’Etudes, son visage et ses mains, son être rassemblé, si humble de maintien dans une concélébration quelconque pour une chapelle bleue de vitraux, celle de Manrèse ajux environs de Paris, sur fond des dires et prières d’Ignace, son maître. – Je suis dans une grande angoisse… je préfère tomber entre les mains du Seigneur, car sa tendresse est inépuisable, mais surtout que je ne tombe pas entre les mains des hommes. Définitif choix de David qui conjure la peste en s’offrant : C’est moi qui ai péché, c’est moi le coupable, mais ceux-ci, le troupeau, qu’ont-ils fait ? Tourne donc ta main contre moi et ma famille ! Les textes n’évoquent aucun regret d’Eve ni d’Adam, chacun s’est refilé la responsabilité.

[1] - 2ème Samuel XXIV 2 à 17 ; psaume XXXII ; évangile selon saint Marc VI 1 à 6

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