mercredi 21 avril 2010

que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés - textes du jour

Mercredi 21 Avril 2010
hier en début d'après-midi

Sieste qui commence par une crampe tout à fait inhabituelle de sensations à la jambe gauche, comme un alourdissement et non une crispation, mais c’est douloureux, j’ai pu cependant, je ne sais comment, m’assoupir. Et je me suis éveillé il y a bientôt une heure dans un mélange d’angoisse et de je ne sais quoi d’autre mais différent ; j’ai réalisé que la pire torture serait cela, une sorte de déraison par le cramponnement qui ne se desserrerait jamais d’une incoercible angoisse, tenant en partie tout à l’heure à l’évocation de la mort et de la suite où l’on traverse tout tout seul, si l’on traverse… et j’ai, à peine debout, expérimenté l’essentiel : dans la vie qui m’est donnée depuis qu’enfin j’ai trouvé le bonheur, celui de l’unité intérieure, et de l’application de toutes mes forces affectives sur mes aimées, et principalemnt sur ma femme, puisque de notre amour tout découle pour Marguerite, et non le contraire, et en cela je suis constamment aidé par cette simplification de tout que sont le sentiment et la logique de ma responsabilité envers elel, dans cette vie donc ce qui m’importe n’est pas de « voir Dieu »… course dit-on des grands religieux et mystiques, musulmans ou chrétiens.. mais bien d’être conduit par Lui et d’avoir la grâce de le ressentir ainsi. Or, c’est ce que je ressens, je vais à l’aveugle dans ma vie jour par jour, mais je suis assuré parce que je suis conduit, en chaque instant.


ce matin

Véritable retraite que cette mobilisation de ma bibliothèque tandis que je suis physiquement seul avec le printemps, nos prés, nos arbres, les oiseaux, les chiens. Beaucoup, à lire les gens d’expérience d’autrui ou de magistère, cherchent à voir Dieu ou visent la perfection (à d’autres époques, il s’agissait de souffrir pour « obtenir des mérites »), moi, je vis de plus en plus que Dieu est mon soutien, mon compagnon sans lequel je ne continuerai ni à espérer, ni à avancer, ni sans doute à résister à l’attrait du néant et d’un abandon total à l’instinct de ne plus être. – Frappé de la justesse du titre d’un des derniers livres parus de Jean Paul II : Mémoire et identité. A la fois, les saccages d’une politique d’Etat quand elle oublie tout, même le récent, et quand a nihilo elle pose la question de l’identité, et ce que j’entendais jeudi dernier et dont je reçois hier un second témoignage : Altzheimer, c’est par la perte de « leur » mémoire (mémoire des événements, mémoire de soi, mémoire faisant le bâti) que l’on commence donc de mourir, et c’est le premier teste, au mental et au physique, l’objet perdu, alors les pas du commandeur commencent de se faire entendre. Dieu m’en préserve, se noyer ainsi, ces passagers du Boeing choisi comme leurre par le système américain pour tester le système soviétique et qui fut descendu par ce dernier, on dit qu’ils mirent quatre minutes à aller du ciel s’écraser en mer, quatre minutes pour se voir mourir… ces couples dont l’un survit et visite l’autre, l’autre qui existe mais comment, en quoi ? moins qu’une montagne ou une œuvre d’art ? la conscience de soi, cœur du Dieu trinitaire, effluves dont nous bénéficions tous. En regard, la grâce des morts, même souffrantes, mais accompagnées et se sachant, se vivant accompagnées. Notre fille a déjà des souvenirs emblématiques, ainsi le gaspillage dont elle fut grondée (légèrement) d’un rouleau de papier hygiénique, il est vrai que trente mètres à dérouler… Priez donc pour ne pas entrer en tentation [1] : deux « choses » m’ont fait tenir dans la disgrâce que j’ai subi et m’ont maintenu dans l’estime de moi-même et la conscience d’être riche, la mémoire me donnant accès volontairement ou me revenant grâcieusement, l’amour fort et de dilection qui me donna enfant et femme, amour d’interpellation et d’objurgation qui fit sa pente, qui fit tout et encore ce matin. Clarté tranquille et conscience de soi, de son rôle : le Christ, en communion avec son Père, souveraineté de notre salut. La volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, car la volonté de mon Père, c’est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Jésus n’est prophète que de lui-même et son effet premier dans l’histoire n’est pas de révéler Dieu, mais de sauver les hommes. Il est l’acteur principal, il est le seul acteur de toute l’histoire et c’est bien là la différence avec la posture spirituelle et historique de Mahomet. Mais bien évidemment, il s’agit de Dieu et il n’y en a qu’un. Islam et christianisme ont en communion profonde de concevoir et de vivre la vie humaine en fonction de la résurrection. Beaucoup de possédés étaient délivrés des esprits mauvais, qui les quittaient en poussant de grands cris. Beaucoup de paralysés et d’infirmes furent guéris. Et il y eut dans cette ville une grande joie. L’apostolat de Philippe, l’un des Sept diacres, est évoqué avec le ton des évangiles. De même que le christianisme est avare d’enseignement sur la mort et l’au-delà, ce n’est pas son sujet puisqu’il ne s’agit dans les évangiles que de la vie, la vie éternelle, la vie en abondance – est-ce une réponse à côté ? – de même il n’y a pas cette interrogation sur le sort des péchés, hormis ces menaces de géhenne, l’évocation du riche suppliant le pauvre Lazare, mais elles sont toutes au mode éventuel, tout simplement parce que la question – non plus – n’est pas là : il ne s’agit que de la volonté divine de sauver tout homme qui voit le Fils et croit en lui. Réponse imprévu à ma posture – à genoux – liminaire. Non pas voir Dieu – Dieu personne ne l’a jamais vu – mais rencontrer, reconnaître le Christ, le Fils, quand il se présente à nous, en nous, et l’enseignement religieux et l’expérience de chacun est bien qu’il se présente à nous par l’autre, et que c’est depuis notre plus intime où il nous visite, qu’il nous appelle. De là, cette joie qu’il nous donne.

[1] - Actes desApôtres VIII 1 à 8 ; psaume LXVI ; évangile selon saint Jean VI 35 à 40

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