lundi 3 mai 2010

l'avorton que je suis - textes du jour

Lundi 3 Mai 2010

Prier… Dieu mon seul secours, vie et aventure de chacun et dans le tréfonds cette expérience immédiate ou tardive, renouvelée sans cesse, dans l’impasse, dans l’échec ou dans la joie, mains fermées ou mains ouvertes, Dieu seul compagnon, seule aide, seul voie de discernement. Seul lien avec autrui, seul lien avec la vie [1]. Dialogue d’évangile parmi ceux que j’affectionne le plus, parce que l’un des plus directs : il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Or, il s’agit de Dieu, du Père… Philippe n’a rien retenu de l’affirmation : moi, je suis la Voie, la Vérité, la Vie et il demande… l’argument et les preuves que Jésus développe ensuite, guère selon nos propres manières de raisonner et exposer, touche apparemment moins : mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres œuvres (argument de Paul quand il s’enorgueillit) ce qui, prolongé, subjugue : si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des œuvres, or ces œuvres accomplies par le Christ, sont en fait celles du Père agissant en lui. Si vous me demandez quelque chose en invoquant mon nom, moi, je le ferai. Ainsi, Dieu, le Père accomplit ce dont nous le supplions. Et que demander sinon la totalité de tout, de la vie, et de vie que celle du Dieu, notre participation. Pas de parole dans ce récit, pas de voix qui s’entende, mais sur toute la terre en paraît le message, et la nouvelle, aux limites du monde. Transmission et contagion, Eglise. Variété (qui est peut-être l’avenir de l’Eglise, de l’évangélisation et donc du progrès de l’homme, de son salut) des vocations et des ministères, de leur forme : chacun des têtes-à-queue, y compris le mien, qui m’ont bouleversé en leur temps, des vocations sacerdotales ou religieuses non suivies de fidélité ou de réponse selon un état de vie, ont finalement trouvé leur aboutissement existentiel, mais tout différent de forme. Le fond, l’expérience et la hantise de Dieu, l’appel à transmettre cette certitude évangélique et spirituelle non seulement ont demeuré mais ont fructifié : sortant d’un rêve où il m’était de dialoguer avec un accompagnant de vingt ans, mort il y aura bientôt quatre ans, Jean Laplace, je reçois une lettre d’un de ses disciples de grande responsabilité dans l’Eglise et qui me détrompe sur la vocation d’un tiers que j’avais jusqu’à maintenu cru infidèle ou manquée, et cet hiver j’ai été apaisé dans le même sens par le récit d’un ami d’enfance dont je pleurais la sortie de la Compagnie de Jésus, et dont j’ai ainsi découvert que la route avait continué dans la même direction mais avec un habit et des bagages, un accompagnement différent. Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. De notre insigne faiblesse, de l’échec apparent ou plus vrai, mieux que le rebond : la rencontre, le besoin reconnu, la prière. Il est même apparu à l’avorton que je suis.

[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens ; psaume XIX ; évangile selon saint Jean XIV 6 à 14

Aucun commentaire: