vendredi 21 mai 2010

si je veux - textes du jour

Samedi 22 Mai 2010


... échange avec un ancien ministre de Moktar Ould Daddah : la situation mauritanienne me serre le cœur, je me sens des responsabilités envers ce pays plus que jamais, le manque de repères et le manque d’aide véritable. Le monde ne peut tenir et avancer que par la sincérité, l’espérance et cet appétit humain pour la découverte et pour la culture. Ce pays d’adoption en est plein mais il est empêché en grande partie par des préférences affichées d’une « communauté internationale » qu’en l’espèce dirige la France, mon pays de naissance dont la maladie actuelle – proche d’être mortelle mais certains pays ne meurent pas, contrairement aux logiques apparentes – dont la maladie actuelle est la non-qualité de ses dirigeants quel que soit le domaine ou la compétence. Ces gâchis sont ce qu’il y a de plus douloureux quand on regarde la vie publique d’un pays que l’on aime, ou d’où l’on est. Prier…[1] le couple Pierre et Jean, qui a donné tant de prénoms dans la vie courante et déjà deux papes, l’évangile en est fait, ce sont Marthe et Marie au masculin, mais sans que Marthe récrimine… ainsi se répandit parmi les frères, l’idée que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus n’avait pas dit à Pierre : ‘Il ne mourra pas’, mais : ‘Si je veux qu’il reste jusqu’à ce que je vienne, est-ce ton affaire ?’. Il me semble que je pourrai écrire un livre entier là-dessus, mais prier, le prier vaut davanatge puisque c’est la vie. D’abord, nos idées préconçues mais qui ne sont pas complètement nous-mêmes : ne pas mourir. L’immortalité serait une impasse (les contorsions de la mythologie grecque), nous voyons et vivons combien l’enfance et la jeunesse sont limitées et ne débouchent que par la maturité puis la vérité de la vieillesse, du vieillissement physique, de la bonification mentale, affective, intellectuelle, parfois proche d’une libération, d’une gangue qui éclate. Nous vivons encore davantage qu’une immortalité dans le seul parcours ou état de vieillesse serait affreuse, la lumière de nos corps et de notre chair réfugiée seulement dans notre regard, notre beauté ne pouvant plus être lue et vue que par divination, notre esprit fort du passé et de ses stocks seulement ? C’est bien de vie éternelle, donc de changement d’état, donc de passage qu’il s’agit, donc de la mort dont le Christ donne le sens et l’assurance qu’elle n’est que transition, appel. Or, c’est cela que nous voulons dans le fond. Dieu a placé en nous la nostalgie et le désir vrais. Notre manie, mais qui n’est pas non plus nous, complètement, de regarder autrui, la gamelle du voisin, les réussites (et les malheurs) d’autrui, mais nous savons et vivons que notre identité est irremplaçable à nos propres yeux,sauf pente dépressive et suicidaire qui est œuvre diabolique et n’est ni nous, ni la vie, ni Dieu. Identité qui précisément doit être l’objet de notre travail sur nous-même, travail pour nous offrir à tous, à Dieu nous indiquant notre visage (sa ressemblance) sans qui nous ne le trouvons pas, aux autres par notre créativité et notre oubli de nous-mêmes. Là… quelle matière à examen de conscience chaque soir, je vis fermé comme une coquille et négocie sans cesse comment me donner le moins possible à mes aimées et à tous. Est-ce ton affaire ? Mais cette réplique finale ne cache pas l’essentiel, Jésus à un regard particulier sur chacun des deux disciples, le chef, l’évangéliste, deux compagnons extraordinaires, sans compter le troisième qui semble avoir été l’autorité morale et le discernement indiscutés de l’Eglise première. Jésus et les siens, Jésus et nous, quelle dilection, quelle remise dans la bonne voie ! quelle paix si nous y consentons et l’espérons ! Paul demeura deux années entières dans le logement qu’il avait loué : il accueillait tous ceux qui venaient chez lui ; il annonçait le règne de Dieu et il enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec une assurance totale et sans rencontrer aucun obstacle. Figure de l’Eglise aux tympans de nos cathédrales, le Royaume, le règne, la création remise en ordre et en route, frémissante (pour l’islam, cet adjectif si parlant et ressassé, autant que le verbe adhérer), et Celui par qui tout arrive, devient possible (sans allusion à une certaine campagne politique…), le Christ. Figure du prêtre : du matin jusqu’au soir, Paul s’efforçait de les convaincre au sujet de Jésus, en partant de la loi de Moïse et des livres des Prophètes… la voie vers Emmaüs montrée par le Christ lui-même rejoignant les siens en chemin, dans leur propre psychologie, dans leur fonds. Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites, et s’il fallait rapporter chacune d’elle, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres qu’on écrirait ainsi. A quoi s’ajoute, mais sans doute est-ce analogue et même sans doute est cela, vraiment ? nos vies mûes par Dieu et le désir de Lui ? l’espérance de Lui.

[1] - Actes desApôtres XXVIII 16 à 31 ; psaume XI ; évangile selon saint Jean XXI 20 à 25

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