lundi 28 juin 2010

je te suivrai partout où tu iras - textes du jour

soir du dimanche 27 . aube du lundi 28 Juin 2010

23 heures 53 + La mort donne son prix à la vie, la mort : notre grand, notre vrai moment alors qu’apparemment nous ne sommes plus que passifs, au moins pour autrui. Surement pas en fait, ni pour nous-mêmes ni pour ceux que nous aimons. – La réalité, c’est nous qui la faisons, en ne ne nous laissant pas abattre par nos paysages intérieurs ou nos projections, nos tendances au désespoir et notre penchant pour la mort.

04 heures 34 + Mon aimée, partie depuis dix minutes avec la Lancia. Courageusement et lucidement. Prier… [1] des paroles apparemment très dures pour qui veille déjà un mourant si cher, de plus en plus cher, atrocement cher à proportion que tout glisse et devient départ, séparation : Suis-moi et laisse les morts enterrer leurs morts. Or, précisément, ces morts-là nous paraissent vivants et ces morts-ci nous semblent morts. Jésus renverse tout et imprime un mouvement souverain à notre remise en marche et à notre regard : tous vivants si nous Le suivons, tous morts si nous nous contentons de la réalité, de cette réalité de nos séparations, de nos morts, de notre échec à nous être mieux gratifiés, entourés, soignés, aimés les uns les autres. Amos, cocufié, ne parvenant pas à récupérer l’infidèle, regarde les autres, tous les autres du même acabit : ils ferment la route aux malheureux, le fils et le père vont vers la même femme… ils se couchent sur les vêtements qu’ils ont pris en gage. La mémoire de Dieu est tout autre, elle n’est celle ni de nos trahisons et insuffisances, elle est celle du prix qu’Il nous a donnés une fois pour toutes sur sa Croix et qui par prétérition et pour toujours nous sauve : je vous avais, pendant quarante ans, conduits à travers le désert. … Voilà ce que tu fais. Garderai-je le silence ? penses-tu que je suis comme toi ? Cœur bé, dialogue de la prière, Dieu s’y est introduit et prend notre place dans la mort, celle de ceux/celles que nous aimons, dans notre mort. L’amour fait entrer dans la mort de l’autre, les morts de l’autre et ces morts nous introduisent presqu’à la dérobée – se dérober, être dérobés finalement à la mort – dans l’action de grâce et à dévisager Dieu, enfin : qui offre le sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire. Ainsi soit-il.


[1] - Amos II 6 à 16 passim ; psaume L ; évangile selon saint Matthieu VIII 18 à 22

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