dimanche 19 septembre 2010

aacheter le malheureux pour un peu d'argent - textes du jour

Dimanche 19 Septembre 2010


Contraste avec ces jeunes enfants dansant sous les yeux de leurs parents, avec parfois un sens des figures et du rythme que nous n’avons pas et qui ne s’apprend pas – soirée de l’école pour notre fille – et à notre retour... la télévision nocturne et Ruquier souriant, comme Henri Salvador riait en fin de chaque phrase pour faire croire à sa joie permanente, donc à une surhumanité connaissant le tout emploi de la vie. Figures d’agnostiques. Jean d’Ormesson aussi autodidacte et donc autiste que mon compagnon de soirée, pour affirmer son agnosticisme, sans comprendre que d’abord c’est le sien et que deuxièmement, il n’affirme que lui-même et assouvit donc, ou cherche assouvir uniquement sa personnalité et les pitoyables étais de sa psyché. Ce genre de triomphalisme quand il s’adresse à des gens de foi – il y avait, poli et attentif, Mgr. Gaillot qui, avec douceur et considération (méritoires) savait même ne pas paraître paternellement indulgent pour tant de lieux communs et de vulgarisation de thèmes, anecdotes et phrases si souvent reçues. C’est le degré initial de l’échec de la pensée, et peut-être de la vie spirituelle que de n’être pas en demande et de rester en affirmation glorieuse : Dieu ne dépend que de la foi, de la vôtre, mais moi je ne l’ai pas, je ne crois pas. Il est d’ailleurs significatif que ce doive – pour l’agnostique – une affirmation négative, comme s’il n’existait pas un verbe, donc un concept pour la non-foi, pour le non-croire…Atttitude qui ne peut comprendre ce début à tout, l’accueil, la disponibilité, l’écoute pas tant de Dieu ou pas seulement de Dieu, mais de tout autre. Assurer que le pari pascalien suppose la foi, c’est ne pas avoir lu le texte et être bon pour la très mauvaise note en commentaire de texte ou au bac. philo. L’argument de Pascal est simplissime, rien à perdre et tout à gagner. Mon compagnon, aussi octogénaire que l’ancien directeur puis éditorialiste du Figaro que couvrait d’un regard haineux l’actuel ou celui qui se prend pour tel, Eric Zemmour, a un agnosticisme du même genre, mais qui a l’humilité ou le désespoir de demander avis à autrui pour lequel il a de l’amitié et peut-être de l’estime. Combien j’ai préféré de l’éminent compagnon du général de Gaulle, ce murmure : on ne sait pas, et ces semi-appels qui ne furent pas renouvelés, mais qui valent tout, surtout maintenant : vous qui avez la foi, j’aimerai que vous me… L’agnostique qui d’avance récuse le témoignage et refuse l’expérience d’autrui car il a été incapable, par rigidité ou inhabitude d’entrer en lui-même, de vivre lui-même l’expérience incommunicable, et l’agnostique qui, à voix de cœur et dans l’autre, reconnaît quelque chose, dont il ressent presque l’envie et a déjà la curiosité, ces deux types humains m’étreignent ce matin, en égalité et c’est le premier qui me fait pleurer et le second rendre grâce. En communion avec lui et dans les certitudes de la mort et de ses intenses transparences, nous sommes tous pareils, que nous soyons ou non attentifs, demandeurs ou pas. Priez donc le maître de la moisson… [1] Aucun ne peut servir deux maîtres : bien il détestera le premiern et aimera le second ; ou bien il s’attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. Drame de notre époque, sans doute la première à l’illustrer (triomphalement) à ce point : nos affectivités sont tellement dévoyées vers le paraître, la possessivité, la libido du pouvoir et de l’assouvissement de soi seul que l’aphorisme de Jésus ne nous touche pas. Nous prétendons aimer également les deux, Dieu et l’argent. Les militances tardives des grands banquiers ou bien les découvertes publiées en livres plats de politiques et de carriéristes pour la solidarité, l’égalité en dignité de tous, etc… voir en profession déiste. Comment Jésus peut-il s’y prendre avec nous ? Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? Cela, on le comprend : nous expérimentons chaque jour ce que nous perdons, ce que nous manquons et nous cherchons à identifier ce dont nous avons substantiellement besoin. Nouvel argument tranquille du Christ qui connaît son monde : le Fils de Dieu s’est incarné… faites-vous des amis avec l’argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. L’amitié, la relation de cœur et d’échange, ce qui ne trompe pas tandis que l’argent… un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous les hommes. Paul le présentant, conclut et supplie : je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient en levant les mains vers le ciel, saintement, sans colère ni mauvaises intentions. … Qui est semblable au Seigneur, notre Dieu ? interroge, pour nous, pour moi, le psalmiste afin que nous puissions mener notre vie dans le calme et la sécurité, en hommes religieux et sérieux. Voilà une vraie prière, que Dieu, notre Sauveur, peut accepter, car il veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité. … Ecoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre pour anéantir les humbles du pays ! Dans la prière, la réflexion et la nudité intellectuelle, il me vient que peut-être… l’orgueil des autres et le mien sont la forme humaine de la demande, et un des degrés de notre offrande à Dieu, surtout quand nous Le refusons par nos propres moyens qui sont bien faibles par rapport à Lui, et à Sa grâce.

[1] - Amos VIII 4 à 7 ; psaume CXIII ; 1ère lettre de Paul à Timothée II 1 à 8 ; évangile selon saint Luc XVI 1 à 13

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