lundi 27 septembre 2010

celui qui m'accueille - textes du jour


Avant-hier après-midi

Un moment, en milieu d’après-midi, à Kerguehennec pour l’exposition Janos BER, repérée par Edith. .
Dès les premières toiles, une réponse m’apparaît sans que je me sois au préalable posé la question. Le critère d’une novation tient-il de la création ? c’est si simple, si copiable que c’est évident, logique, mlême nécessaire. Immanquablement, ce devit être exprimé, dit, créé, fait. Et pourtant – avant, ce n’était pas, pas même imaginable par autre que l’artiste, et sans doute même par l’artiste. Avant ? avant quoi ? où ?
Textes de l'artiste, d'origine hongroise, vivant en France.
Des associations d’idées viennent et tournent court, débordées par l’évidente présence de ces dessins réfractaires à l’interprétation. Une idée d’association semble fonctionner dans ce lieu. [1]
Résoudre la contradiction entre couleur et ligne. Il y avait des choses entamées et il fallait conclure, c’est-à-dire faire franchir un pas à cet ensemble. C’était en moi et je ne le savais pas. La simplification qui est apparue dans l’acte-même était une grande ouverture pour moi.
Un acte de coupure suivi d’une remise ensemble, selon un ordre différent. Je rejoue cette séquence au cours de mon travail, au point exact où la peinture bascule et devient image.
Coupe et assemblage maintenant comme depuis des années. Mais insensiblement, leur nature et ma compréhension quant à leur sens, ont subi une transformation.
La fable de cette peinture noire de 1959 dit seulement que pour devenir capable de création, nous avons besoin de faire alliance avec les forces très contradictoires qui nous tiraillent. J’ai travaillé avec elles.
Je veux réagir – tant je le ressens – et tenter de dire l’analogie qui me saisit entre la démarche spirituelle, le discernement d’une orientation de vie, une vocation et cette introspection du peintre, analysant la gestation de son œuvre quand elle n’est encore que travail.

Hier, dimanche après-midi

Exposition Olivier DEBRE à la Cohue de Vannes. Sur les murs de pierres décapées, les grandes toiles ressortent assez bien, le fond est beige, moins neutre que celui du musée des Beaux-Arts à Orléans. On n’a plus ce lisse miroir, à peine mouvant, plus transparent qu’à premier regard qui rappelle tant la Loire, on a autre chose, encore un glissement d’eau pour une toile, mais d’autres telles que Sans titre en 1990, à dominante rouge, sont énigmatiques. Point commun de toutes celles exposées, bien évidemment l’accidenté des nuances et variations dans l’application et dans les tonalités de la couleur dominante, mais toujours un élément discursif, polychrome, volontairement très incisif, choquant, introduisant une histoire dans l’immensité monochromique de la toile.
Textes d'Olivier DEBRE :
Je me défends d’être un paysagiste. Je traduis l’émotion qui est en moi devant le paysage… ce n’est pas ma volonté qui intervient mais l’émotion qui me domine. Je ne suis sincère que dans le choc, l’élan.
J’indique ma source d’inspiration, mais elle ne compte pas. Le peintre a une certaine conscience, un point de départ : que le spectateur y voit autre chose n’est pas grave, c’est l’intensité qui m’importe et non pas l’histoire. Ce que les autres ressentent est la vraie réalité.

Prier… [2] clé de tout rapport avec autrui, notamment dans les dialogues d’idées et de foi, la communion suppose la tolérance mais plus encore de situer la différence dans le registre de l’accessoire. Celui qui n’est pas contre vous est pour vous. Les dialogues entre le Christ et ses disciples, sans doute la restitution par écrit y est-elle pour quelque chose, mais pas en tout ni complètement d’autant que nous ne sommes attentifs au texte que parce qu’il est inspiré (divinement). Une discussion s’éleva entre les disciples pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Réponse, non pas l’enfant-modèle mais l’accueil de l’enfant. Thème et figure de l’enfant dans le Nouveau Testament, magnifique sujet et sans doute bien plus sérieux que charmant, déjà l’Enfant-Jésus introuvable pour ses parents au retour du pèlerinage. L’enfance est sérieuse, spiritualité thérésienne. Les disciples ont-ils entendu, compris ? nouvelle question et prise à témoin du Seigneur par le plus fin et mystique d’entre eux, le comble de la cécité, Jean cafarde donc, j’en vois un qui… il n’est pas avec nous pour te suivre. Le nombre d’occurrences où les disciples font écran, les ouvriers de la première heure, leur rétrubution, leur priorité, nous qui avons la foi : notre avoir et notre place. Au contraire, Job éprouvé se jeta à terre et se prosterna… il n’eut pas la folie de faire des reproches à Dieu. Il ne se reconnaît pourtant en rien coupable : J’ai gardé le chemin prescrit, j’ai tenu mes pas sur tes traces, jamais mon pied n’a trébuché. Montre les merveilles de ta grâce, toi qui libères de l’agresseur… le livre portant son nom peut d’ailleurs être lu comme un psychothérapie, le patient ne pouvant progresser et retrouver ses repères qu’à la condition de fond de ne pas se culpabiliser à raison de ce qu’il lui arrive et qu’il vit, et à la condition de forme qu’un tiers, le praticien, les bonnes âmes de ses soi-disant amis, le fassent rebondir, valident ou contredisent son propos – la thérapie, l’action de grâce, la foi sont dialogue et non monologue comme si, important, seul le dialogue est inspiré, donc efficace. Le mal, le malheur trouvent là leur sens : ils éprouvent mais ils n’enferment pas, au contraire. Tu sondes mon cœur, tu me visites la nuit, tu m’éprouves, sans rien trouver ; mes pensées n’ont pas franchi mes lèvres. Livre et psaume magnifiques, exemple des disciples nous montrant qui nous sommes à côté de l’intense spirituel qu’est Job. A noter d’ailleurs que Job comme Abraham sont des gens richissimes, et pourtant de plain-pied avec Dieu : Abraham dialogue face à face et discute, Job est le champion de Yahvé face à l’Adversaire. L’argent trompeur, ils le domptent, ce qui compte c’est leur relation à Dieu, leur foi. Les disciples désertant dès que commence la Passion sont le contraire spirituel de leurs grands ancêtres, c’est pourtant avec eux et avec nous que chemine Jésus sur nos routes de la rédemption. Avec simplicité – la simplicité seule est créatrice – le Christ prend tout le monde avec Lui. Ne l’empêchez pas de me suivre : celui qui n’est pas contre vous est avec vous.

[1] - exposition peinture Janos Ber – Faire face . 1959 à 2009 . Gavrinis 1965

[2] - Job I 6 à 22 ; psaume XVII ; évangile selon saint Luc IX 46 à 50

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