dimanche 20 mars 2011

à cause de son projet à lui - textes du jour

Dimanche 20 Mars 2011



Prier enfin…[1] Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit… Scène de la Transfiguration, unique en son genre, la triple trinité, les disciples sont trois, les personnages et Jésus forment un trio, et bien entendu la nuée, la voix, le Christ. Le lien entre tous et tout : Jésus, Dieu fait homme, le Fils. L’effroi des disciples n’est pas causé par la Transfiguration, Matthieu la présente – récit de seconde main – comme progressive : il fut transfiguré devant eux, son visage devint brillant comme le soleil. Et ce n’est qu’alors qui’appaissent Moïse et Elie, comme si la transfiguration du Messie les avait appelés. Ce n’est pas, mais que dit le texte initial ? décapé des traductions et de nos habitudes d’écouter et de comprendre ce texte de plus en plus machinalement, ce n’est pas la voix en elle-même qui effraye les disciples, mais bien ce qui est dit : entendant cela… or, c’est la redite de la sortie des eaux du baptême, du Jourdain. Les apôtres sont bénéficiaires de la révélation suprême. Moïse recevait les commandements, Elie vit Dieu de dos et dans la brise, les apôtres entendent Dieu suprême attester du Christ, ce maître aimé, familier, qui s’approcha, les toucha, et leur dit. Pourquoi l’interdiction d’un immédiat témoignage ? anticipation de la Résurrection ? nature divine de Jésus, que celui-ci veut garder secrète ? Les apôtres à hue et à dia, tantôt sermonnés de si peu et lentement comprendre, tantôt pressés de ne rien dire ni répéter. Attitude de Jésus aussi, la plus fréquente, envers les miraculés qu’il renvoie chez eux, à leur vie habituelle ou retrouvée. Les premiers dialogues, les premières manifestations, ceux dont bénéficie Abraham, nos débuts dans la foi, ne sont pas des révélations, mais des vocations, des mises à l’épreuve, des formations. Abraham ne pose aucune question d’identité à Dieu. Au contraire, en bout du cycle spirituel, au temps de la révélation dans l’histoire et dans la totalité du mystère, les disciples – nous – sont encore au mode interrogatif. Abraham, certainement un repère pour Paul de Tarse aussi important que la rencontre lumineuse, éblouissante, aveuglante sur le chemin de Damas : Dieu nous a sauvés, il nous a donné une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Définition exacte de « notre père dans la foi ». Seigneur, accompagne-moi, accompagane-nous sur le chemin d’aujourd’hui, qui est le tien, puisque tu nous le donnes à vivre, parcourir, marcher, comprendre, apprécier, aimer. Celui reconnu par Paul : cette grâce… maintenant elle est devenue visible à nos yeux car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté en détruisant la mort et en faisant resplendir la vie et l’immortalité… La Transfiguration, manifestation que la mort est détruite, que s’abolissent nos limites, d’où la recommandation aux apôtres : attendre que cela soit accompli, affaire de quelques mois à leur époque, affaire de nos vies de foi jusqu’à notre passage vers la résurrection, ce passage que le Christ a vécu pour nous le montrer et nous en affranchir, même psychologiquement. Jésus eut l’angoisse de la souffrance, pas de la mort.

[1] - Genèse XII 1 à 4 ; psaume XXXIII ; 2ème lettre de Paul à Timothée I 8 à 10 ; évangile selon saint Matthieu XVII 1 à 9

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