samedi 12 mars 2011

je ferai passer ton char sur les hauteurs du pays - textes du jour

Samedi 12 Mars 2011


Retraites spirituelles ? soit ! orientation de vie, recul et décision à prendre. J’ai connu cela : immersion, oui, clarté sur la conduite à tenir ? non. Intimité avec Dieu autant que l’humain, enkysté dans ses conditions de vies, et X paramètres lui faisant courir mentalement et parfois physiquement un peu partout, to go astray, peut en avoir la sensation. Ce qui est souvent recherché, mais n’est pas un but ni même une approximation de la réalité. Se tenir devant Dieu, et puis le reste, c’est Dieu… Ou retraite de simple réimmersion, de consécration, soit ! aussi. Depuis plus de dix ans, je n’en ai plus vécu d’aucune des deux sortes. Le don qui m’a été fait du mariage et de la vie conjugale me suffit, au moins toutes ces années-ci, et particulièrement ce matin. Tolérance, patience, écoûte, décentrement, ma femme m’y conduit, l’atteindre et la rencontre est comme cela. Et ce me semble un chemin où Dieu se trouve aussi et particulièrement. Le fruit, ce sont les riens d’une réponse de l’autre, c’est la brise où Elie apprend que Dieu est. L’amour donne des forces en tous les registres, dont la science a parfois l’intuition, que le spirituel et l’apologétique, ou des morales un peu figées prêchent mais du dehors d’une expérience plagiée. Et pourtant c’est décisif. Je ne dis pas la passion que j’ai souvent vécue, elle est mortifère, prédatrice, même si l’amour parfois s’en sert en préface… Vie conjugale, grand et royal chemin (de perfection, si je prends le mot avec humour et humilité – en tout cas d’accomplissement et de rééquilibrage), chemin qui s’ouvre, se propose, s’impose à tout instant, il est toujours pour le premier pas, on en a l’élan, mais c’est un chemin où l’on ne court pas, un chelmin qu’on ne connaît qu’a posteriori, dont on ne se souvient pas au moment de l’épreuve qui nous le fera découvrir, ce n’est jamais une redécouverte, c’est la découverte.

Hiroshima, le tremblement de terre de Lisbonne, hier vers quatorze heures quarante cinq, le Japon. L’hégémonie américaine d’il y a dix ans encore se mesure à ce qu’une catastrophe réelle mais très mineure par rapport à ce que vit le Japon depuis vingt-quatre heures, a changé l’histoire et toutes les tragédies et même des rapports entre civilisations (merveille des Arabes dont les révoltes, révolutions exigences et prises de conscience ne sont – en ce moment – en rien intégristes, en rien haineuses contre l’étranger, en rien anti-« Occident » ou Etats-Unis, c’est la première fois depuis les années 40 qu’éclate et perdure un mouvement aussi fort, et, relativement au monde, universel, quoiqu’il inspire quelques méthodes aux Chinois de la base et du mal-être). Il est probable que cette catastrophe ne changera pas l’histoire, ne fera pas date universelle, et que nous n’allons pas même réfléchir davantage – cycle des négociations de Copenhague – à notre compréhension de ce qui meut et abîme notre planète. – Je n’ai appris cela que par ma chère femme, la radio de la voiture sur l’autoroute du retour de mes aimées d’est en ouest.
Prier, communier avec cette souffrance nationale et personne par personne, atroce, sans préavis, peut-être des prémonitions individuelles ? mais aucun dispositif de prévision scientifique et technique… je me garde des rapprochements avec « la fin du monde » et avec ce que Jésus annonce devoir accompagner le retour du Fils de l’homme.Prier… mes proches, mes correspondants, le monde entier et chacun à l’heure de « sa » mort : grâce de vivre celle-ci comme un début. [1] Jésus remarqua un collecteur d’imôts… Il lui dit : ‘ Suis-moi ’. Le rêve, mon rêve… tant cherché, pensé à mon adolescence et ensuite. La vieillesse proche, je comprends cet appel, l’entend, il n’a jamais cessé, il est toujours actuel et décisif. Abandonnant tout, l’homme se leva et se mit à le suivre. Là, le rêve de Dieu. Au « paradis », cf. la Genèse, il n’y a pas à suivre, l’homme est avec Dieu, et il y a rendez-vous chaque soir quand Dieu se promène… pour profiter de l’heure la plus suave… tombés où nous sommes, nous gratifions Dieu quand nous Le suivons : choisis la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Soit ! mais Lévi, alias Matthieu, suit-il ? réellement ? non, il court faire préparer un festin ! Il accueille, suivre c’est recevoir, accueillir celui qu’on suit. Celui… Vocation = Conversion = Fête. Rites, et liturgies suivent alors qu’Isaïe sait décrire comme les meilleurs de nos poètes : je ferai passer ton char sur les hauteurs du pays. Et rappel… tout don est en fait une réintégration : je te donnerai pour vivre l’héritage de ton père.



[1] - Isaïe LVIII 9 à 14 ; psaume LXXXVI ; évangile selon saint Luc V 27 à 32

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