vendredi 20 mai 2011

en entendant cela, les païens étaient dans la joie - textes du jour

Samedi 21 Mai 2011


Hier soir

Vivement impressionné hier soir, avant de descendre me coucher, j’étais remonté à notre grande salle-de-bains … mon corps dans la glace, selon la glace. J’ai failli il y a deux-trois ans retrouver un ventre quasiment plat, il ballonne et pend comme une baudruche d’enfant se dégonflant, accroché je ne sais où, j’ai des mamelles affalées, le haut du dos arrondi parfaitement ce qui n’est pas nouveau, mais de face je tenais encore : c’est fini, les épaules décharnées, la suspension des épaules et des bras, le positionnement du cou m’ont fait penser – par ce décharnement – à ces dessins d’anatomie, ou à ces figures de la mort : pas le squelette, mais la peau diaphane, fripée comme un tissu de médiocre qualité jeté sur une structure innommable. Ni os ni peau, résidu pas même de cadavre, seulement ce qu’il en reste après… Mais il faut que je fasse avec cela, avec « moi ». Ce n’est que changement de peau, c’est le cas de l’écrire, je suis autre, ou plutôt je ne suis pas cette apparence, ou que cette apparence. Qu’elle soit parfois belle ou l’ait été, qu’elle soit moche voire répugnante. Je crois qu’il en est aussi ainsi des âmes. Nous sommes plus. Bien plus. Nous sommes promis. Et puis je vis oublieux de ce que je viens de voir. Utile rappel.

Ce matin

Prier [1]… englouti dans mes sensations et le souvenir de mes sensations. M’en sortir, avancer, joindre les mains c’est commencer de faire quelque chose, redevenir un être. Complet. La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Pour se décentrer de soi, il faut trouver-retrouver un autre centre, le vrai. C’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres œuvres. En deçà ou à côté du spirituel, il y a – dans ce dire – certainement soit une percée philosophique, ce qui me paraît, soit la reprise d’une approche contemporaine, d’une école contemporaine du Christ mais singulièrement adventiste et complexe. Il y a aussi une vérité psychologique, une intuition sur ce que nous sommes, sur la réalité spirituelle de notre être qui serait à creuser, l’a sûrement été mais que je n’ai jamais lue ou entendue. Enfin, il y a cette révélation de Dieu sur Lui-même par son Fils incarné, qui vaut révélation sur l’homme. Peut-être, cette expression Fils de l’homme, que je peine à saisir et comprendre depuis des années, est-elle tout simplement l’énoncé que le Christ est l’homme abouti, et en cela autant que le Fils du Père, il est le fils de toute l’humanité, le fils parfait, pas tant comme fils, que comme produit de toute l’humanité, de toute l’histoire, de Dieu-même qu’Il est, Lui par qui tout a été fait, et rien sans Lui.Fils de l’homme. … A force de se répéter, face à nos visages à bouche bée et à nos âmes distraites ou décentrées de Dieu, Jésus en serait à bafouiller (si j’ose écrire… que j’en sois pardonné !) Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi. La preuve alors avancée est sidérante, les œuvres et ce que nous-mêmes par la foi pouvons accomplir : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes. Lien qui laisse perplexe si ce doit être de causalité … de plus grandes puisque je pars vers le Père. La conclusion – il en fallait une – des jours et nuits après Pâques : l’Ascension, forme spectaculaire d’un départ qui ne peut plus être la mort (notre fille hier inventait une comptine qui se terminait par : j’irai mourir dans Dieu) et qui n’est donc pas du tout indifférente. Ce n’est pas la forme du départ qui a importé, qui importe, mais le départ-même qui permet le commencement. C’est déjà immense que la vie ait pour chance la mort, je veux dire cette extrême indulgence de la vie, car nos mouvements browniens, succès ou insuccès, chance ou malchance, ont leur indulgence finale, nous mourons pardonné, bilan fait quelqu'il soit et enfin au repos. Mais l’Ascension du Seigneur signifie bien plus. Les relevailles, l’action suprême, l’être en totalité, la communion qu’est tout ensemble la vie éternelle. Cette place préparée.

[1] - Actes des Apôtres XIII 44 à 52 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint Jean XIV 7 à 14

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