mardi 24 mai 2011

si vous m'aimiez - textes du jour

Mardi 24 Mai 2011


Prier… [1] les débuts du christianisme (comme aujourd’hui la persévérance dans beaucoup de pays, quoique la persécution de nos jours soit quasiment systématique pour tout ce qui n’est pas dans la norme dominante, qu’il s’agisse de foi, de mœurs ou d’expression, et cela vaut pour la France, je crois, rien que dans un village, le non-habituel est passible de ségrégation), les premiers disciples vivaient dans une ambiance dangereuse. Le Christ avait été exécuté, Etienne aussi… ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exortaient à persévérer dans la foi, en disant ‘Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu’. Les grandes fondations se vivent ainsi, notre foi a ses racines historiques, qui devraient d’ailleurs nous faire combattre les combats d’autres fois, d’autres religions, d’autres convictions qui sont généralement de résistance contre la violence, plus qu’initiative de violence. Du moins à l’époque contemporaine. Complexité de toute expression réprimée, de toute conquête si elle devient celle du pouvoir. La geste des Apôtres, leurs actes ne sont pas une conquête du pouvoir. Ayant réuni les membres de l’Eglise, ils leur racontaient tout ce que Dieu avait fait qvec eux, et comment il avait ouvert aux nations païennes la porte de la foi.. Pour l’Eglise « primitive », la propagation de la foi n’est le fait que Dieu, ses témoins, tout témoin ne sont que les récitants. Son nom très saint, que toute chair le bénisse. Il n’y a que Jésus, au cours de son ministère public, pour être parfois déçu, découragé, attristé par l’accueil refusé à sa parole. Les Apôtres, au contraire, selon les Actes ou leurs lettres ne le sont jamais ; constamment, ils se sentent et se disent « portés ». Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivenr ; ainsi, lors qu’elles arriveront, vous croirez. Reste la nature humaine, et le Seigneur l’a en partage avec nous… la tristesse des départs et des séparations, Paul quittant ses communautés, Jésus lors de la dernière Cène, les disciples : je m’en vais et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je vais vers le Père car le Père est plus grand que moi.


A la fin de la messe, à laquelle je viens d’ « assister », question au célébrant par une de ses paroissiennes : comment est-ce possible ? le Fils égal en tout… même honneur et même gloire… J’entends mal la réponse : humanité du Christ, etc… La pieuse femme comprend avant et après la Résurrection, avant il serait inférieur, et pas après. Je la félicite ensuite pour le fait-même de son interrogation, et sans répondre moi-même, lui dis combien dans la Bible, nous pouvons être arrêté – et demeurer sans réponse – par des moments du texte : dans mon cas, par exemple, le Christ porté à la perfection par sa souffrance alors que d’évidence il est parfait de toute éternité, puisqu’il est Dieu. Mais je préfère que nous considérions ensemble la condition dans laquelle nous accédons au texte : faute d’être polyglotte et en lettres anciennes ou versés dans toutes exégèses, nous lisons des traductions, quel est le mot juste, quel est le sens ? Et le sens. Le texte fut écrit dans une mentalité et pour une mentalité. Il y avait entente sur ce dont il était question, même s’il y avait désaccord sur le fond. Les mots, les comparaisons, les images, les circonstances étaient en intime partage. Ainsi, le Christ est-il parfaitement compris aussi bien dans sa prétention divine que dans ses paraboles et comparaisons, compris en tout cas de ses adversaires et à proportion de l’animosité de ceux-ci. Mais nous ? les allusions, les modes de vie, de pensée rendent notre lecture plus superficielle, et nous risquons aussi de nous approprier au prétexte d’actualiser… Quant à nos frères et sœurs d’autres civilisations, peut-être sont-ils plus simples que nous ? et l’Ecriture au total est à la fois à recevoir « au pied de la lettre » dont il a été dit qu’aucune ne sera effacée, et dans le souffle de l’Esprit. Et puis ce que nous comprenons ne se dit pas toujours, la contagion pour l’essentiel est regard, commune présence. La femme en question me dit simplement : je suis inconditionnelle de Dieu, mais c’est si l’on m’interroge… une autre écoutait, silencieuse. – « Mon » recteur, Denis M., voulait me voir ce matin : c’est pour m’annoncer son départ, et surtout sa destination l’île de Groix, à quatre-vingt ans passés. J’ai répondu : une chance spirituelle, pour vous, mon père. Pour nous, à la fois la tristesse, la fin d’une facilité, celle de votre proximité, et l’investissement d’aller jusqu’à vous. C’était bien l’évangile du je m’en vais et je reviens. A cette femme, sans âge, que je n’ai vu ni avec mari ni avec enfant, je crois n’avoir finalement fait remarquer que si nous listons nos difficultés de lecture et de compréhension, nous nous apercevons – en creux – que ce qui nous allait de soi, dans notre foi, dans nos écoutes diverses, est peut-être moins acquis que nous ne le pensions. – Je n’ai pas encore récité le Magnificat auquel mon confesseur d’avant Pâques m’avait « condamné ».

[1] - Actes des Apôtres XIV 19 à 28 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Jean XIV 27 à 31

Aucun commentaire: