vendredi 3 juin 2011

je suis avec toi - textes du jour

Vendredi 3 Juin 2011


Tandis que je ressens profondément – sans en souffrir, comme un simple rappel de ce que je dois davantage à d’autres qu’à moi-même – ma stérilité installée depuis plusieurs années au regard de mes chantiers d’écriture, je sens bien davantage encore combien vieillir – ce qui coincide dans ma vie avec notre mariage, la paternité, aimer tranquillement et sans plus attendre aucun préalable, aucun idéal, aucune apparition du rêve – me libère et m’émancipe de ces deux plaies d’antan, purullentes pendant quarante ans, regretter et attendre.


Prier pour ceux/celles que naguère j’aurais désiré de prédation, prier pour ceux/celels qui me sont confiés et pour lesquels apparemment je ne peux rien ou si peu, même une présence ou un mot sont blessants inadéquats. Prier pour ceux qu’en une autre suite de vie, je regretterai aujourd’hui et dont je ne veux plus que le bien ou le bonheur, sans la moindre attache ou relation avec moi puisque cela n’a pas été. Vieillir, c’est croire. Je crois au présent, au commencement, à l’avenir, à la lumière parce que l’apparaît – splendide et tranquille – l’Unique qui me garantit tout et me fait comprendre/assumer tout ce que j’ai vécu, tout ce que j’ai manqué et qui n’avait de sens que pour me faire aboutir à aujourd’hui où j’ai confiance. Aujourd’hui où, complètement nu de tout ce qui pour d’autres, ou pour moi antan, fait gloire, bilan et structures du contentement de soi, je continue de mûrir pour la prière, l’adoration et des actions qui ne seront plus pour moi, qui seront pour d’autres. Responsabilité de donner, d’être conséquent dans l’amour : elle ne peut naître qu’abandonné et priant, sinon elle est une énième forme de tout ce qui m’a enfermé si longtemps.


Rien ne tient sans la prière, ni la présence à soi-même, ni une relation vive au monde, au travail, à autrui. La prière, c’est la présence. Elle provient de la confiance et elle produit la confiance. L’inconnaissable de Dieu s’atteint – sans fin, mais toujours en pleine lumière intérieure de l’âme – par le Fils incarné, par ce que mes pauvres sens, mon imagination et mon affectivité peuvent toucher de Lui plus qu’il a vécu parmi nous, si proche qu’il est mort et si joyeusement qu’il est ressuscité, monté au ciel. [1] Sois sans crainte, continue à parler, ne reste pas muet. Je suis avec toi, et personne n’essaiera de te maltraiter… Votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée, mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu’elle éprouve du fait qu’un être humain est né dans le monde. Paul, la femme qui accouche, le ministère de l’un et de l’autre, l’angoisse commune à toute vie quand elle a un sens fort. Aboutissement, selon des paroles les plus denses qui soient : je vous reverrai (fait générateur de tout, qui dépend de Dieu, non de nous, certitude puisque ce qui excède nos possibilités et notre imagination, notre vouloir, ne dépend pas de nous mais d’un Dieu aimant, d’un Dieu qui s’est incarné en son Fils) et votre cœur se réjouira (nous n’aurons qu’à être nous-mêmes, à laisser libre cours à nos sentiments, à ce qu’exalte et suscite en nous l’amour, l’amitié quand ils sont comblés par la vue, la posession de l’aimé). Votre joie, personne ne vous l’enlèvera (c’est un cœur à cœur, sans tiers intempestif, voleur, jaloux, critique, sans non plus cette confusion de nos paysages intérieurs venant si souvent gâcher le mieux de notre vie, du moment présent). En ce jour-là, vous n’aurez plus à m’interroger. Science, connaissance sont synonimes d’intimité, de paix, de joie. L’amour non dit, inattendu, simplement : vécu. – Rien d’éthéré. Paul, comme le Christ s’inscrivent dans l’histoire et tombent aux mains des détracteurs et des ennemis. Leçon implicite du Nouveau Testament sur la « séparation de l’Eglise et de l’Etat ». Gallion, proconsul en Grèce, énonce ce que tentait de faire valoir Pilate. C’est l’intégrisme (les pharisiens et la hiérarchie religieuse des contemporains du Christ, les exagérations sans doute de certaines formes, congrégations et fidélités d’Eglise aux XVIIIème et XIXème siècles en France) qui déséquilibre le rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.



[1] - Actes des Apôtres XVIII 9 à 18 ; psaume XLVII ; évangile selon saint Jean XV 20 à 23

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