vendredi 29 juillet 2011

crois-tu cela ? - textes du jour

Vendredi 29 Juillet 2011




La relation à la vie, nos prédécesseurs forcément nos aînés dans le passage de la mort, la simplification et l’œuvre d’amour qui s’opèrent : leur silhouette en nous, notre dialogue avec eux. Certains sont sujets de communion, un de mes pères spirituels, le plus père de tous à la fois par l’autorité de l’expérience et par sa réticence explicite au compagnonnage sauf à de rares instants d’émotion sur lui-même (à cause d’un tiers, d’une tierce…) ou sur moi : cinquième anniversaire de sa mort aujourd’hui. Une femme morte plus que centenaire et tout à fait alerte de corps et d’intelligence, sa fête aujourd’hui, première agrégée de langues en France, condisciple de Louise Weiss et de tant de célébrités à peine moindre, plus qu’amie de mes parents et grands-parents puisque le facteur déclenchant d’un cancer dormant chez ma mère fut la nouvelle de sa mort. Les enfants dans la vie, notre fille dans la mienne et dans celle de ma femme : un accompagnement certes, plus d’elle à nous qui nous centre sur l’essentiel, que de nous à elle, mais davantage, une force irrésistible mélangeant amour, bonheur et vie. Nous ne l’aurions pas, je ne l’aurais pas, nous ne la recevrions pas chaque matin à son lever, nous ne la veillerions chaque début de nuit à sa mise au lit puis dans son assoupissement, angélique – forcément ? – à ses six ans et demi, que nous serions tout autres. Il est vrai aussi que la grâce de Dieu aurait eu d’autres plans. J’aime celui qu’elle a eue sur nous jusqu’à cet instant de me mettre maintenant à genoux. [1] Moi, je suis la résurrection et la vie…Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois. Tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. Ces notes sur Rembrandt que je dois mettre au net, le défi qu’il se donna et que les exposants ont réduit à la seule technicité : représenter le Christ d’après nature et non selon la tradition des images, est réductrice. Le peintre a entamé un exceptionnel itinéraire spirituel en se donnant, par lui-même, les outils de la contemplation et de l’attention, et il a choisi, ou bien la grâce lui fit s’arrêter aux moments essentiels de la rencontre sur la route et dans l’auberge d’Emmaüs, à quelques haltes du Christ prédicateur, à l’interrogation sur la femme adultère, et… décisivement la résurrection de Lazare et son apparition, Lui, le ressuscité à Marie-Madeleine. La profession de foi de Marthe… sans doute, Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée mais la compassion de Jésus, l’interrogation décisive en toute vie humaine, nous les devons à Marthe. Marthe en quelques instants, non seulement par la présence souveraine de Jésus, du Christ, mais par le dialogue portant sur le décisif, passe de la confiance en une personnalité d’exception : je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas, à la foi, c’est-à-dire à la connaissance-reconnaissance totale, intégrale : tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. La grâce d’une vie est certainement cette rencontre-là qui nous fait dire-vivre-comprendre cela. Jésus, la vie nous donnent alors des à-côtés dont nous avons, dont j’ai bien besoin… Ton frère ressuscitera – Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. Et Jésus donne un gage, Lazare est ramené à notre vie limitée et mortifère. Aux jours d’espérance, soyez dans la joie ; aux jours d’épreuve, tenez bon ; priez avec persévérance. Nos paysages intérieurs, nos états d’âmes, les circonstances fortes, douloureuses ou heureuses (je tiens mieux face à l’échec que dans le succès…) nous appellent – aussi – à adapter notre prière. Pleurer ou se réjouir est une forme d’action de grâces face aux emm… ou aux joies qui nous arrivent. Les premiers formateurs, appelant combat et réflexion, les secondes parfois lourdes d’illusion même si elles semblent si aériennes. Figure de la fratrie selon saint Paul : soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres. J’ai à faire et à écrire, là-dessus. Le rayonnement de Moïse – tel que vécu-constaté par les Hébreux – est redit par le psaume et manifestement expérimenté par Marthe et par Marie : qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Nous ne prions pas en dehors de nous, ni de notre vie, nous ne prions pas non plus selon notre vie, et depuis elle, nous sprions en tentant de regarder et en nous sachant interpelés, interrogés, appelés. Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses… Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? La profession de foi dans les évangiles. La profession de foi dans les évangiles.

[1] - Paul aux Romains XII 9 à 13 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Jean XI 19 à 27 ou selon saint Luc X 38 à 42

Aucun commentaire: