mardi 23 août 2011

il est proche de ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent en vérité - textes du jour

Mercredi 24 Août 2011


Prier…[1] les fascicules de Prions en Eglise croient bien faire – c’est sans doute fondé, mais au second degré – en présentant des moniales en partie de boules ou des bénédictins au réfectoire : tous vieux, pitoyablement vieux, « que vous faites jeune ! »… « on ne vous donne pas votre âge ! » (alors que celui qui s’exprime ainsi, ne le connaît effectivement pas) ou ce cardinal proche sans doute du pape et disant avoir failli voir ce dernier pleurer d’émotion pendant la messe de Madrid… foule de jeunes… mirage de la jeunesse, un peu pour les jeunes mais qui se rend compte de sa propre jeunesse, les évidences sont vécues pas identifiées, et ce n’est pas du physique, de la beauté ou de la fraîcheur ou de la disponibilité du corps, de la naïveté de la chair à la peau sans rides qu’il s’agit mais de cet élan d’optimisme et de cette certitude de pouvoir enrichir le monde bien que de recevoir de l’époque ou d’autrui. Jeunesse, vocation de vie et vieillesse, perspective de mort ? expiation des imprévoyances, dissolutions ou du méchant ? Nous faisons de beaucoup de jeunes des vieux, c’est-à-dire atrophiés de certitudes, d’identité, de considération des autres et de soi, et de combien de regardx, de combien de voix j’ai reçu une alacrité, un optimisme, une foi que redoublaient – précisément – l’eexpérience, le réalisme-même. La prière qu’il m’est donné de vivre, spontanément ou par rendez-vous est peuplée de ces amitiés-là, différentes quoique de même nature que les affinités, toutes faites, de l’enfance. Le corps et la biographie – mon corps et ma biographie – ne sont plus les mêmes sans doute. Il y a plus de points-barres que d’à suivre… Le corps est un rappel après avoir été un appel : commune acceptation les uns des autres, celui qui me voit si différent de ce que je fus d’apparence autrefois, photographies à l’appui ou films… celui que je vois jeune, beau, celle que je regarde et interroge jeune, belle… Oui, sans doute et Jean l’évangéliste était jeune homme qui devint le vieillard de l’Apocalypse, David fut beau et roux, combien de grands saints eurent la beauté du… diable. Non, ce qui compte – sans que cela exclut en rien l’antérieur qui dans l’éternité se confond avec tout de suite – , ce qui compte à présent, plus qu’avant (là est la grande différence, le degré de conscience de soi, la précision), c’est le parcours. La vieillesse nous signale, avec charité, que la fin est maintenant probable si nous ne l’avions su dès notre naissance, que la mort – passage – est d’abord une grande limite, alors que nos enfances ou l’âge de nos puissances et de nos projets ne rencontraient que les circonstances ou l’inimitié ou les habituels obstacle de l’argent et de la non-récriprocité de l’enthousiasme et de l’amour… salvifique vieillissement qui fait nos inventaires et enfin le rebond. J’y suis presque… quant à ma femme qui dit me préférer maintenant qu’à mes quarante ans, où selon photo. elle ne m’eût pas même regardé (quoique d’autres récits de la rumeur qu’elle eût alors de moi, laisse penser le contraire, au moins par conformisme), quant à notre fille qui veut que je ne change jamais et surtout que je reste le papa qui la fait rire, elles s’arrangent, je crois, de ma vieillesse… Beau miroir… vous verrez les cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent descendent au-dessus du Fils de l’homme. Jésus frappa ses contemporains par l’attention extrême qu’il leur portait, nulle part n’est donné le moindre indice de son physique et lors de sa passion, ne fut-il pas repoussant ? nous ne savons que sa parole et son comportement. Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. Le regard du Christ détermine et prend. Un aveugle-même peut nous envelopper ainsi, nous voyons des yeux morts, mais lui nous voit d’âme. Viens et tu verras. Et qu’est convié à voir, Nathanaël ? la plus étrange des visions… les cieux ouverts. Et de l’Eglise, ou de la Vierge, de la Fiancée, l’épouse de l’Agneau, il n’est pas dit qu’elle est belle. La beauté d’une personne par elle-même, combien nous la savons à éclipses, et sans comparaison avec ce que son visage, soudain, parfois, reflète d’amour ou de joie : refléter est peu, ce devient la révélation de l’être, la beauté est l’habit des noces. Elle resplendissait de la gloire de Dieu, elle avait l’éclat d’une pierre très précieuse… Elle recevait, son être lui était donnée. Ainsi soit-il de nous, d’étape en étape, d’apparence en apparence, jusqu’à la vérité de chacun de nous qui – heureusement – se laisse souvent voir pour notre bonheur mutuel. – Je dédie, en prière, cette échappée vers la vérité à Dom Jacques Meugniot (1927+2011) qui m’enseigna en tout la beauté, et in fine que la foi d’expérience monastique reste une attente. Attendre, c’est faire semblant que déjà… Ce grand moine, cet intellectuel sut me faire comprendre qu’il me resterait mystérieux. La beauté, l’attendre comme… je ne me souviens plus de la suite, comme presque tout de lui, je l’ai noté, je ne garde que la beauté et l’attente. La laideur interroge, la beauté ne parle pas, et Dieu vit que cela était bon.

[1] - apocalypse de Jean XXI 9 à 14 ; psaume CXLV ;évangile selon saint Jean I 45 à 51


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