lundi 22 août 2011

une lecture chrétienne du Coran - réaction d'un converti à l'Islam


Simple, d’un bout à l’autre…


réaction d’un converti à l’Islam, français et chrétien de naissance,
à la lecture chrétienne du Coran tentée par BFF


La démarche de première appréciation d’un texte, d’un logos, consistant à en lire la première et la dernière phrase, voire, plus précisément encore, le premier et le dernier mot, est particulièrement intéressante. Elle ne préjuge de rien, bien évidemment, elle donne, simplement, une saveur.

Pour un musulman, le Logos Parfait, c’est la Révélation coranique. Celle-ci débute par l’injonction « Iqra » et se termine par un adjectif, « tawwaba », correspondant, respectivement, aux racines trilitères arabes : « qara’a » : réciter, transmettre, lire, mettre bas, réunir ; et « tâba » : revenir, retourner.

Réciter un texte, c’est, à proprement parler, y adhérer, le faire fidèlement sien. Il y a une unité de sens : avec le titre même de la sourate – Al ‘alaq, l’adhérence ; avec la symbiose, entre l’embryon humain et sa matrice ; et, même, avec le processus de transmission de l’Esprit, véhiculé par l’archange Gabriel – certains voient, en celui-ci, l’Esprit-Saint Lui-même : il en est, totalement, investi. Gibril étreint, par trois fois, le prophète – Paix et Bénédictions sur Lui (P.B.L). – contre lui, au point que celui-ci se sent étouffé, broyé, comme incorporé à son angélique instructeur. Formidable impact de la proximité d’où jaillit la capacité à entendre.

Mais aussi, à faire entendre. L’idée de transmission implique la vie communautaire. Le Saint Coran est un appel au rassemblement, le fluide même qui permet l’adhérence. Son action n’est pas seulement verticale, elle est, aussi, horizontale. Aussi et, surtout, simultanément. L’Oumma, la communauté des croyants, c’est la matrice même de la foi, l’image, sur terre, de la « Rahma » – la Miséricorde Divine – dont Chouraki a bien noté l’étroite parenté lexicale avec « Arhâm », la matrice. Si l’islam admet des périodes d’isolement du croyant, au cours de son évolution spirituelle – rares retraites, à l’instar de celles que suivaient le prophète (P.B.L.), quelques jours au cours du Ramadan – il recommande une vie sociale active, plaçant le mariage, par exemple, en condition d’accomplissement de la moitié de la foi.

Adhérer, c’est, aussi, éprouver de l’empathie, se mettre au diapason. L’injonction ne concerne pas, seulement, le Saint Texte. Elle appelle, tout autant, à la prière, dans l’intimité du cœur, qu’à l’observation et à l’étude, extérieure, de La Création, afin de vivre, le mieux possible, en symbiose avec notre Seigneur, à travers Son Œuvre. Ce qui est souligné, ici, c’est la perfection de la Création. Une vision radicalement différente de la pensée judéo-chrétienne qui laisse entendre – plus ou moins explicitement, selon les courants – que l’Œuvre divine serait incomplète, le Grand Ordonnateur ayant laissé, à une élite choisie – c’est le point de vue juif – le soin de parfaire le « travail » ; ou retardé la réalisation de cette perfection, jusqu’à l’Incarnation divine dans l’Homme – c’est, globalement, le point de vue chrétien – où l’ambiguïté du Dieu fait homme aura généré celle de l’homme fait dieu, maître profane de son destin et de celui du Monde.

Ces « nuances » ont une importance considérable, dans la vision et la conduite du progrès et de la science. Etudier pour mieux s’adapter, chez les musulmans ; pour parfaire ou rectifier, chez les judéo-chrétiens, jusqu’aux plus terribles entreprises faustiennes de leurs avatars biotechnologues. C’est cette attitude de dépassement perpétuel, de rébellion, plus ou moins déclarée, contre l’ordre, naturel, de la Création, de transgressions tous azimuts qui apparaît, en islam, racine de l’éloignement, du dés-agrément, de la dés-intégration de l’homme à sa plus intime nature qui est adoration divine, adéquation à Son Œuvre.

Le malheur de l’homme, c’est d’oublier son lien d’existence, de ne plus adhérer ; a contrario, son bonheur est de le retrouver ; une possibilité toujours active, en islam – tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir – inhérente à sa condition vitale, par la Grâce de Dieu « qui guide et agrée le repentir », attawwaba, le dernier mot clôturant la Sainte Révélation. Taba : l’homme est revenu à Dieu, Dieu est revenu à l’homme. On comprend, dès lors, en quoi le Saint Coran est le fondement de la Voie qui conduit au retour sur soi (vers Soi), la Shari’a, dont le parcours n’est accessible qu’en ce qu’on s’efforce de suivre la Sunna, c’est-à-dire la lecture qu’en a réalisée le prophète – P.B.L. – le meilleur exemple, l’homme accompli, dans la lignée des envoyés de Dieu – P.B.E. Un discours simple, à la portée de tout un chacun, sans nécessité d’intermédiaire.


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Vous me signaliez, dans votre précédent courriel, l'attachement du prophète - P.B.L. - à la précision du verbe. C'est que, voyez-vous, il n'est qu'un transmetteur de celui-ci, au sens du chapitre 18 du Deutéronome : "Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète comme toi, je mettrai Mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que Je lui commanderai(18). Et si quelqu'un n'écoute pas Mes paroles qu'il dira, en Mon Nom, c'est Moi qui lui en demanderai compte (19). Mais le prophète qui aura l'audace de dire, en Mon Nom, une parole que Je ne lui aurai point commandé de dire, ou qui parlera au nom d'autres dieux, ce prophète-là sera puni de mort (19)."

Il n'est évidemment pas facile, si l'on admet pas, en son for intérieur, la seconde partie de la shahada, de toujours intégrer, dans sa quête œcuménique, cette dimension de la Parole coranique dont aucune traduction ne pourra, jamais, contenir la pluralité de sens. Il faut s'y résigner, avec joie. Car c'est une bénédiction que le Divin Seigneur ait laissé, au moindre mot, au moindre concept, à la moindre de nos perceptions ou émotions, une échappée transcendante vers Lui. Rien n'est accessible à l'homme, en totalité. Y tendre, oui, videmment, de toute nos forces, c'est l'appel même de notre nature adorante, mais toujours conscient de cette heureuse limite qui nous rend si proche les uns des autres, nous fait frères et sœurs, tous adorant Le Même, Lui, Huwa, Al Hayyoul Qayyoum, seul détenteur de la Totalité de chacun et de tout. Amen.



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"Paix et Bénédictions sur Lui" (P.B.L.) est un souhait que chaque musulman émet, chaque fois qu'il prononce ou fait allusion au nom d'un prophète ou envoyé de Dieu. Il y a des variantes. Certains les nuancent en fonction du prophète cité, plaçant Mohamed - P.B.L. - au dessus de tous les autres - Paix et Bénédictions sur Eux (P.B.E.). Pour ma part, je m'en tiens à la recommandation coranique qui nous demande de "ne faire aucune distinction" entre tous ces rapprochés de Dieu - P.B.E. - Les rapprochés, les plus proches, les plus intimes, loués soient-ils! Toute la Création divine et, particulièrement, toute l'Humanité se tient dans cette gradation, toujours évolutive, entre le plus extrême éloignement (Satan) et le plus extrême
rapprochement dont Mohamed - P.B.L. - a vécu l'apothéose, lors de son Ascension au delà du Lotus de la Limite...



Ian Mansour de Grange 22 VIII 11

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