jeudi 8 septembre 2011

lecture du Coran par un chrétien - Jésus et Marie . I


soir du mercredi 23 Décembre 2009
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Un ami musulman, fils il est vrai d’un de mes mentors en Mauritanie, lui-même de la tidjania, me souhaite joyeux et bon Noël. C’est de Moktar Ould Daddah que j’apprends, il y a juste trente ans, que, selon le Coran, Jésus parla dès sa naissance. Je prends l’index qui me donne XXXIII Les adhérents, une certaine nativité ou est-ce l’accueil en « Egypte » ? Nous faisons du fils de Maryam et de sa mère, un Signe. Nous leur donnons refge sur une colline de fraîcheur et de sources 50. Mention de Jésus-Issa une quinzaine de fois, souvent en plusieurs versets. Je vais ce soir et ce temps de Noël aller à ces occurrences, pour ensuite reprendre l’ensemble de ma lecture sourate par sourate, sans aller plus à la pêche aux thèmes, au contraire, il faut que je laisse ceux-ci venir, à leur manière, celle du texte-même et de son rythme.

Sourate 19 . Marie 16 à 35

Jésus est présenté dans une succession d’enfants aux naissances et aux vies exceptionnelles, de même que Jean Baptiste, candide envers ses parents, sans être violent ni rebelle 14 & 32 candide pour ma mère, sans jamais être violent ni rebelle. Différence pas mineure, Jean le Baptiste a des parents, Zacharie est en scène 1 à 11 tout à fait selon l’évangile de Luc. Le Prophète a lu cet évangile ou en a été instruit. L’Annonciation – pour le musulman en termes voilés comme le sont tous les épisodes venus de l’Ancien Testament judéo-chrétien, mais très reconnaissables pour le chrétien – est intégralement paraphrasée. On n’est pas très proche du dogme chrétien. C’est bien Dieu qui mande un ange : nous lui envoyons un souffle : celui-ci devient un être charnel accompli, harmonieux… Je ne suis que l’Envoyé de ton Seigneur … 17 & 19 Les anges ne sont pas des êtres spirituels et uniquement spirituels pour l’Islam, si je lis bien, mais le soufle dont ils viennent ou qu’ils sont, peut aussi s’apparenter à l’Esprit saint (to pneuma : le souffle, en grec). Mahomet, explicitement, ni son texte, implicitement, ne remarquent que l’ange de la révélation coranique est le même Gabriel que celui de l’Annonciation. Réponse de la Vierge conforme à la version de Luc : comment un gaçon naîtrait-il de moi ? jamais être charnel ne m’a touchée et je ne suis pas impudique 20. Réponse de l’ange, péremptoire. Le thème de la liberté de Marie n’est pas donné. Vient alors la très poétique et figurative version coranique. On n’est plus à Bethléem, il n’y a pas eu Joseph, père nourricier, mais dans le désert : elle le conçoit et se retire avec lui en un lieu éloigné. Et Jésus prend en charge sa mère par un dialogue avec elle, tandis qu’elle accouche : Sous elle, il l’appelle… 24. Et c’est lui qui nouveau-né, atteste de lui-même, porté par les bras de sa mère devant le peuple 27 . Me voici, je suis un seviteur de Dieu, il m’a donné l’Ecrit : il fait de moi un inspiré 30 . Il évoque lui-même sa mort et sa résurrection 33 comme c’est dit pour Jean Baptiste 15 . Ils disent : ‘Comment parlerions-nous à un bébé au berceau ! Jésus dit alors… 29 & 30. Proclamation chrétienne : Voilà Issa, fils de Maryam, et verbe de vérité dont ils doutent 34 . Mais au total, sans qu’il y ait démonstration ou question, Jésus non seulement n’est pas le Fils de Dieu, mais il n’est pas de la nature de Dieu qu’il ait un Fils : Ce n’est pas à Dieu de prendre un enfant. Je m’en tiens là ce soir. Jésus central pour les chrétiens, banalisé dans le Coran. Les autres passages le concernant continueront de m’apprendre.

soir du vendredi 25 Décembre 2009
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Noël de ma foi, tout en interrogeant mes amis en Islam sur ce que peut signier pour eux cette fête chrétienne. Je continue d’apprendre ce que le Coran dit ou médite de Jésus (Issa) et de sa mère, Mariyam.

Sourate 4 – Les femmes 156 à 160 & 170 à 172

Dans leur oubli (reniement, effaçage), ils ont proféré une grandiose calomnie contre Mariyam 156 En quoi consiste-t-elle ? affirmation du Coran ? ou plutôt tentative d’expliquer l’inexplicable, la résurrection (avec une majuscule pour le chrétien, puisque c’est le point cardinal : Dieu fait homme, l’Incarnation, un homme qui souffre mort et passion, selon l’expression populaire française,)mais le troisième jour, selon les Ecritures, ressuscite) : ils ne l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, c’était seulement quelqu’un d’autre qui, pour eux, lui ressemblait. 157 Passage décisif, non littéralement, mais par le contenu implicite. Il apparaît bien – là – que le Coran est un commentaire de la Bible, et en l’occurrence le commentateur, le Prophète, recule devant la difficulté : plutôt que d’admettre le fait (c’est ce qui fonde les chrétiens), il cherche à expliquer et donne son explication comme révélée et dogmatique : ceux qui s’opposent à cela, et demeurent dans le doute, n’ont pas de savoir et ne suivent qu’une hypothèse. Ils ne l’ont certes pas tué. 157 La chose entendue ? on pourrait le croire. Non ! car le Prophète après s’être radicalement distingué et séparé des chrétiens, revient à eux : continuant sur le Christ, il déclare (pour lui, c’est l’explication évitant la résurrection), que Dieu l’a élevé à lui et il fait remarquer que dans les tentes de l’Ecrit (les Juifs fondés sur l’Ancien testament) personne n’adhérait à lui avant sa mort. Au jour du Relèvement (la résurrection de tous les morts), il en témoignera contre eux. La divergence se précise : Jésus n’est pas Dieu, et la résurrection des morts ne tient pas à sa propre résurrection. Honnête, le Prophète reconnaît : voici le Messie, Issa, fils de Mariyam, est l’Envoyé de Dieu et sa Parole, lancée à Mariyam, est un souffle de Lui 171. Tout y est quoique très autrement dit : le Messie n’a pas dédaigné d’être le serviteur de Dieu 172, tout à fait d’accord, acquiesce le chrétien que je suis. Mais pris par sa conception de Dieu – personnelle ? ou reçue en révélation ? (Dieu peut-Il varier dans sa révélation selon celui à qui Il se révèle) – Mahomet assure que Dieu se suffit comme défenseur (intuition ou glose du Paraclet, l’Esprit saint) et donc qu’il est impensable qu’Il ait un enfant de lui 171. Conclusion donc : ne dites pas : ‘‘trois’’. Cessez, ce sera mieux pour vous. 170.
Il n’est pas indifférent que la divergence fondamentale entre l’Islam et le christianisme porte sur Jésus. En ce sens, le Prophète a parfaitement compris le sens général des évangiles, même s’il est probable qu’il n’en a qu’une connaissance orale et de énième main. Il est honnête intellectuellement. Cette négation du Christ par l’Islam – car le chrétien ne se satisfait pas du simple rang de prophète ou d’envoyé pour celui que – lui, chrétien – considère comme le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité – ne peut se résoudre par des mots. En revanche, chacun ayant donc son chemin selon les filiations et les héritages des transmissions respectives, nous pouvons prier ensemble le Dieu unique et véritable, et même entendre et recevoir ensemble ce qu’assure l’Islam : une preuve est déjà venue de votre Seigneur, nous avons fait descendre pour vous une lumière. Ceux qui adhèrent à Dieu et se réfugient en lui… Il les guide vers Lui sur le chemin ascendant 174 & 175.


soir du dimanche 27 Décembre 2009
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Toujours Jésus (Issa) et sa mère, la Vierge Marie (Mariyam), selon le Coran qui d’ailleurs les associe étroitement : Issa, fils de Mariyam, le verbe de vérité dont ils doutent XIX 34 . On ne peut mieux dire.

Sourate 5 – La table 110 à 116

Le Coran donne un récit du ministère public du Christ qui est honnête, les épisodes qu’il retient et surtout la présentation qu’il fait de Jésus dans la main du Père sonnent juste. Récit à la forme directe : Dieu s’adressant à Jésus 110 Ô Issa, fils de Mariyam, commémore mon ravissement en toi et ta mère quand je t’assistais par le souffle sacré. … Qand je t’enseignais l’Ecrit, la Sagesse, la Tora et l’Evangile… quand tu as guéri le muet et le lépreux avec ma permission, quad tu l’as fait surgir des morts avec ma permission. Jésus, selon Dieu (le Père, pour les chrétiens), en butte à ses détracteurs avec les arguments et les raisonnements de ces derniers, et même la philosophie implicite de ceux qui ont profité de la multiplication des pains : Ô Issa fils de Mariyam, ton maître nous dressera-t-il une table descendue des ciels ?... nous voulons y manger : nos cœurs se réconforteront et nous saurons que tu as dit vrai. Nous serons des témoins. 113 Et Jésus s’exécute : fais-nous descendre une table des ciels. Ce sera pour nous un festin, pour le premier et le dernier d’entre nous, en Signe de toi. Pourvois-nous, toi, le meilleur des pouvoyeurs ! 114 C’est Dieu, évidemment, qui a la réplique : Adhérez à moi et à mon Envoyé 111 Et Jésus lui-même répond : Craignez Dieu, si vous êtes croyants. 112 Mais, cela exposé et repris, le Prophète ne va pas vers la divinité du Christ, au contraire : la séparation est là, franche. Sous la forme, ingénieuse et littérairement belle, d’un dialogue entre Dieu (le Père, pour les chrétiens) et le Christ :
– Ô Issa fils de Mariyam, as-tu dit aux humains : ‘’Vous me prenez avec ma mère pour deux dieux distincts de Dieu ?’’
– Louange à toi ! Ce n’est pas à moi de dire ce qui, pour moi, n’est pas la vérité. Si je le disais, tu le saurais déjà. Tu connais mon être, mais je ne connais pas ton Etre… 116 Je ne leur ai dit que ce tu m’as ordonné 117

Ainsi, selon le Coran, le Christ lui-même atteste qu’il n’est pas Dieu, et encore moins le Fils du Père. Emporté par une vue – que les chrétiens peuvent juger « superficielle » et contraire à la lettre des évangiles – le Prophète va même jusqu’à stigmatiser ce qui, pour lui, semble l’élévation de Marie, mère de Jésus, au rang de Dieu : polythéisme effectivement insoutenable. Il est vrai que Mahomet peut avoir été mis dans une ambiance excessive et simpliste : la proclamation de Marie, théotokos, mère de Dieu puisque d’un fils qui est Dieu, n’est antérieure à l’Hégire que d’un siècle et demi – concile d’Ephèse (à vérifier).


soir du mardi 29 Décembre 2009
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Toujours Jésus (Issa) et sa mère, la Vierge Marie (Mariyam), selon le Coran. J’aborderai ensuite la sourate 67 – La souveraineté, qui me semble sans autre thème que l’admiration et l’adoration de Dieu : son apostrophe 22 m’appelle. Celui qui marche, penché sur sa face, guide-t-il mieux que celui qui marche droit sur un chemin ascendant ? inspiré divinement ou fruit du génie, ce dire comme tant d’autres du Coran, est exceptionnel.

Sourate 3 – La gent de ‘Imrân 45 à 55

Son nom : le messie Issa, fils de Mariyam… 45 Et que dit-il, qu’apporte-t-il ? Je suis venu à vous avec les signes de votre Seigneur. Voici, Dieu est mon Seigneur et votre Seigneur. Servez-le : voilà le chemin ascendant. Comment est-il authentifié ? exactement à la manière dont Jésuis, lui-même, répond aux envoyés de Jean Baptiste : par un renvoi aux prophéties le concernant. Le Coran reprend celles-ci 49 comme il le fera en V 110 le miracle des oiseaux, repris de l’apocryphe Thomas III 1-2 auquel je me reporterai, et cette manifestation à laquelle l’Islam est si sensible : le Christ capable de parler dès sa naissance 46 et XIX 30 Marie . Le Coran a alors une intuition forte – et qui touche le chrétien : J’authentifie la Tora, ce qui est entre mes mains, et vous permets une partie de ce qui vous étair interdit 50. C’est l’évocation la plus juste de la relation du Christ au judaïsme et telle que celle-ci est commentée par l’apôtre Paul : nous sommes libérés de la loi mosaïque. Compréhension également très juste de l’Ascension : Ô Issa, je t’assume, je t’élève vers moi, je te purifie de ceux qui m’effacebt, plaçant ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui effacent jusqu’au jour du Relèvement. Les disciples associés à leur Maître et à sa résurrection. Lire le Coran à sa manière et non à la nôtre. C’est-à-dire le comprendre comme une parole, supposant acquise la connaissance et la compréhnsion des deux Testaments de la Bible, Ancien et Nouveau. Le Prophète les prend en compte, les commente d’une façon elliptique mais très identifiable, et spirituellement juste. Seule nous sépare – ce qui, dans la prière, est accessoire, même si théologiquement c’est décisif – la divinité du Christ et la « forme » trinitaire de Dieu, Père, Fils, Saint Esprit, quoique unique (et parce qu’unique, dirait le chrétien). Mais la théologie ne doit pas séparer les spirituels et les priants, les « adhérent », les croyants.

Observation fine, en psychologie et en spirituel : Je vous jugerai sur ce en quoi vous vous opposiez.

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