samedi 10 septembre 2011

si le Christ m'a pardonné - textes du jour


Ceux qui disent ou commentent la vie comme une théorie, ou du moins interrogent comme si… ceux qui corrigent et précisent la foi comme un dogme, un contenu, presqu’une rigidité dont la liberté serait exclu ou seulement un chapitre, du moins semblent-ils… Penser nous est à peine plus personnel que notre visage, notre voix, nos apparence, nous nous instrumentons en pensant : est-ce notre direction, notre moteur, notre fond ? au plus une de nos expressions, une de nos activités, sans doute celle de nos activités la plus soumise à une foule de paramètres dont nous ne connaissons pas la plupart. La vie est un don, pas un état. La mort est un passage, pas un état. Je suis venu pour qu’ils aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance. Le Christ définit la vie comme une relation, la foi est une relation personnelle à une personne, laquelle a une vue de nous, un souci de nous. Tout le reste est explication dans notre langue contemporaine, laquelle est l’instant de chaque époque. La science traduit.
Dialogue hier avec ce jeune moine, exigeant, difficile mais attirant : il est pour moi la preuve vivante de la grâce de Dieu, ni sa vocation, ni la justesse de son parcours, ni même la cohérence de son dire et de sa personnalité ne me font de doute. Il a suivi le dialogue de ma correspondante précieuse : quand les hommes aiment Dieu. Voici ce qu'écrit S. Thomas d'Aquin après s'être posé la question : "Si l'homme n'avait pas péché, Dieu se serait-il incarné?" - "Diverses opinions ont été émises à ce sujet. Certains prétendent que, même si l'homme n'avait pas péché, le Fils de Dieu se serait incarné. D'autres soutiennent le contraire, et c'est plutôt à leur opinion qu'il faut se rallier. En effet, ce qui dépend de la seule volonté de Dieu et à quoi la créature n'a aucun droit, ne peut nous être connu que dans la mesure ou c'est enseigné dans la Sainte Écriture, qui nous a fait connaître la volonté de Dieu. Aussi, puisque dans la Sainte Écriture le motif de l'Incarnation est toujours attribué au péché du premier homme, on dit avec plus de justesse que l'oeuvre de l'Incarnation est ordonnée à remédier au péché, à tel point que si le péché n'avait eu lieu, il n'y aurait pas eu l'Incarnation. Cependant la puissance de Dieu ne se limite pas à cela, car il aurait pu s'incarner même en l'absence du péché." Et le CEC : "L'Eglise appelle "Incarnation" le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut" n° 461Eph 1, 5 peut être compris comme suit : Dieu, à qui tous les temps sont présents, prévoyant le péché originel, avait choisi de toute éternité de restaurer l'homme dans la filiation surnaturelle et de l'élever à Sa gloire par le Christ Jésus. En communion. Je ne lui réponds d’abord pas : quoique non fréquent cet été à l'abbaye, j'ai beaucoup et souvent, intensément pensé à vous, au monachisme, à la vie donnée et consacrée, qui est preuve de l'homme et de Dieu. Vous êtes pour moi un défi, une présence très importante - à l'égal de ces trois frères à la vocation religieuse certaine et qui... Défi parce que nos affinités sont doublées de fortes divergences et différences, que d'ailleurs vous exprimez, quand nous conversons. Amitié très exigeante que la nôtre. Merci pour ces belles et précieuses précisions. Avec vous, en prière, en union absolument certaine. Je vous regarde et vous embrasse. J'aime sourire et humour de vous. Puis, ouvrant son second message : Voyez aussi CEC 457. je prends le relais, en communion aussi avec mon amie, ma précédente correspondante : Un instant perplexe... j'avais intitulé une partie de mes notes à Vienne entre 1988 et 1992 : Cahiers en Europe centrale . soit CEC. L'article 457 donne Grégoire de Nysse. Jean Laplace en a été spécialiste, je crois même qu'il a édité le n° 4 de sources chrétiennes, le tome de Grégoire de Nysse. Oui, sans doute... mais il y a "comme l'homme se mêle au vin, notre humanité à la divinité " ou à peu près. Ne supputons pas. Il y a eu le péché, donc c'est un jeu de l'esprit que de se demander, s'il n'y avait pas eu le péché, alors quoi ? en revanche, au moins pour moi, la question, est le péché-même. On en voit bien le ressort psychologique dans la Genèse, la tentation, la curiosité, le dialogue avec autre que Dieu et l'époux, la connaissance, le discernement par soi-même, spirituellement c'est Prométhée. Donc, une logique dialectique, mais qui finalement part de l'homme : comment pécher en pleine conscience devant Dieu. Question quotidienne, nous ne péchons guère, nous sommes faibles, induits en erreur, notre nature, etc... nous sommes limités, nous le sentons constamment. Liberté sans doute et péché, mais pas en pleine connaissance de cause, qui - en l'affaire - est connaissance de Dieu. Raisonner à partir de l'homme et de son péché ne nous mène qu'à d'autres questions et en impasse, pas bien loin. En revanche, partir de Dieu, de son amour, de son amour pour sa création, et donc - péché ou pas, mais il y eut péché - dessein non seulement de rédemption, qui aurait pu être gratuit et sans incarnation, mais volonté de vraiment nous habiter et épouser en profondeur et de nous hisser à sa propre nature, à sa divinité, à sa perfection. Soyez parfaits comme votre Père est parfait. L'incarnation et la divinisation - chère aux orthodoxes - sont le même mouvement de Dieu amoureux de l'humanité et de toute sa création. De là à dire que la divinisation est l'aboutissement de la création. Ce que développent les 458.459.460 - avec me semble-t-il une trop grande insistance, y compris gramaticale, sur la finalité de l'incarnation, alors qu'à y réfléchir, elle va de soi dans l'amour de Dieu pour sa créature. Reste que le péché, la conscience du péché apportent en nous la demande de proximité à Dieu - proximité du pardon, de sa grâce pour la suite - et appellent l'inimaginable, le partage de notre nature par Dieu : l'incarnation. Pour moi, vivant "dans le monde", les questions quotidiennes sont la gratuité de la grâce - expérience de la sollicitude divine - l'énigme du péché en connaissance de cause et face à Dieu, la certitude sans cesse éprouvée et bien douloureusement de mes/nos limites. Il est excellent que CEC soit clair, mais il est utile que nous n'en fassions pas question de cours, et tout tout demeure et devienne plus encore question de vie. "Le lait de la tendresse humaine" ... qui nous fait tant défaut et dont nous avons tant besoin. La passion selon Péguy - dans le mystère de Jeanne d'Arc... Affection fraternelle. Le rebond, pas de la connaissance, quoique j’apprenne ainsi, mais de la communion, de l’affection, du partage de notre condition d’homme et de chercheur. Je pourrai, en âge, être son père, mais – moine – c’est lui qui me bénis et peut me diriger. Cependant, le monceau de la vie, nous le poussons l’un vers l’autre, nous nous le donnons tous les uns les autres à pousser et rouler vers le Royaume – le Coran dit le Paradis. Il sait dialoguer autant que la Bible, mais ose-t-il affirmer que dans ce Paradis, comme au Jardin primordial de la Genèse, il y a Dieu bien plus que des biens, des objets de plaisir. Il y a la vie. L’électronique dirait lequel des textes sacrés, spirituels de l’humanité répète le plus ce terme, ce mot, ce concept, cette promesse essentiels : vie.Prier… ensemble. [1]La parabole de la construction éclairant l’indication simple de l’arbre qui se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des fiigues sur des épines, on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. Soit, j’ai – chez nous – l’expérience des ronces proliférantes qui quelques semaines par an donnent des mûres délicieuses mais appellent la bataille. Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. L’affirmation est plus complexe, elle fait écho – comme souvent le texte du jour – à ce que j’essayais de m’expliciter sur la pensée. Notre fond et notre fonds. Plusieurs versions sur la prévoyance, en fait sur l’échelle de valeurs, sur nos priorités, nos choix. En fait, Jésus cherche, avec constance, à nous attirer à Lui, à nous anter en Lui : tout homme qui vient à moi, qui écoute mes paroles et qui les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Et a contrario, celui qui a écouté sans mettre en pratique… Dans le dire de Jésus, ne sont regardés que ceux qu’il a attirés. Les autres sont hors épure, pas du tout parce qu’ils sont exclus, mais au contraire parce que la division profonde entre nous n’est pas entre ceux qui sont autour du Christ à l’écouter et les autres, mais bien – puisque nous sommes tous à faire cercle autour de Dieu : croyants, incroyants, agnostiques, pécheurs futurs saints, saints souvent si pécheurs mais rachetés à tous coups – entre ceux qui mettent en pratique et ceux qui ne le font pas… De cette mise en pratique, Dieu seul est juge, quoique les conséquences soient parfois visibles (visibles par qui… je ne m’aventure pas, la parabole pour être saillante, répond que les conséquences sont évidentes, à l’épreuve, mais quelle épreuve ? celle de la parabole est toute naturelle, prévisible même…) le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pu l’ébranler parce qu’elle était bien bâtie… Le torrent s’est précipité sur elle, et aussitôt elle s’est effondrée ; la destruction de cette maison a été complète. L’homme bâtit, selon la parabole, mais nos vies ? Paul l’illustre bien, bâti par Dieu et c’est le pardon, la rédemption qui nous bâtit.


[1] - 1ère lettre de Paul à Timothée I 15 à 17 ; psaume CXIII ; évangile selon saint Luc VI 43 à 49

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