Prier… une ordination sacerdotale, celle d’un jeune moine que j’aime et que confèrera l’abbé qui lui donna l’habit bénédicitin, devenu archevêque et qui m’est très proche aussi… ces adoptions d’un pays, d’un monastère, qui structurent ma vie… un dépressif quii n’a pas pu donner, au fond qu’il avait atteint, le coup de pied salvateur, et qui s’est suicidé… la petite Claire dont je suis sans nouvelles, les mois passant, le diagnostic de rémission ou pas, doit maintenant être posé. L’annonce de l’ange Gabriel à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph, et le nom de la jeune fille était Marie, est pour tout le monde, aujourd’hui et demain, et spécialement pour ceux que ce matin j’emmène dans ma prière, me faisant accompagner d’un chaleureux évêque découvrant « son » cancer à peine quitté son diocèse et ayant projeté beaucoup, dont la Terre sainte… Dieu bouleverse, Dieu sauve mais notre chemin d’éternité ne passe pas forcément par où nous croyons… ce condamné à l’exécution depuis une trentaine d’années, sans doute innocent, et qui a cette nuit appris que finalement… il ne sera pas tué de main d’homme… l’époque des exécutions, et l’époque où l’Eglise faisait croire qu’un suicidé était interdit de paradis, interdit de Dieu et enfin d’amour et de miséricorde, sinon il ne se serait pas… tout au contraire [1], Dieu nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance, à la louange de sa gloire, de cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé. C’est ce qu’annonce – décor et piété de Fra Angelico – l’ange, l’inconnu, à une jeune fille très située par les évangiles en psychologie et en rôle majeur au pratique et au spirituel, dès qu’elle apparaît dans le récit. … toute bouleversée… comment cela va-t-il se faire ? … voici la servante du Seigneur : que tout se passe pour moi selon ta parole. Je l’ai souvent remarqué et prié… la formule et la dialectique inverse des miracles, le Christ au malade qui l’a imploré ou qu’on lui a amené : qu’il te soit fait selon ta foi, tandis que le commandement qui fera miracle appartient – exception dans toute l’histoire du salut – à cette jeune fille même. D’ailleurs, elle a tout à fait dépassé le domaine et l’attitude de la foi. Elle n’est que disponibilité à Dieu en personne, au point qu’elle le reçoit dans sa chair. C’est la première communiante…la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. Les nuées dans la Bible sont le summum du discernement et le cadre pour tout événement d’éclat et d’exception. Passage ou très complexe ou très simple, selon qu’il est prié, contemplé ou seulement lu… selon Adam, la faute est d’Eve et selon Dieu, c’est de la descendance d’Eve, nommément, que viendra la revanche, revanche de Dieu par celle-même qui fit la chute, le couple mal équilibré dès qu’il quitte Dieu et la femme, laissée sans délibération avec son mari, raisonner en Prométhée. Ce n’est qu’après la faute et la chute, que l’homme nomme sa femme, comme il a nommé avant celle-ci toutes les créatures, supposées chacune sa compagne avant qu’Eve lui soit donnée (mythe que j’ai vécu et qui s’est réalisé : l’homme reçoit sa femme, et de Dieu-même… tandis que l’Annonciation rappelle le rôle féminin, enfanter Dieu dans notre vie spirituelle, Le donner par sa disponibilité non au désir masculin mais au dessein divin – en quoi ces textes pour aujourd’hui, censés présenter virginité et faute, sont ceux du mariage, du compagnonnage humain qui ne tient que par celui de Dieu qui l’a explicitement voulu…). Association de la faute et de la vie : elle fut la mère de tous les vivants… association de la virginité et de la plus grande fécondité : Marie vierge et mère de Dieu, d’un Fils qui est Dieu (catéchisme de mon enfance)… association enfin de la rédemption à notre adoption divine : en lui, Jésus-Christ, il nous a choisis avant la création du monde. Chemin d’aujourd’hui, icône de la totalité : la terre tout entière a vu [2]. Ainsi soit-il. Retour incliné à tous ceux évoqués en entrant dans ce moment, toi, mon Dieu, leur Dieu, notre Dieu, protège-les, emmène-les, et moi avec eux, qu’aussi mes aimées, ma fratrie, le monde entier, nous les accompagnions destinés à devenir ton peuple.
[1] - Genèse III 9 à 20 passim ; psaume XCVIII ; Paul aux Ephésiens I 3 à 12 passim ; évangile selon saint Luc I 26 à 38
[2] - Avec ce psaume, on comprend que le salut d’Israël n’est pas un simple événement national, mais le prélude à la rédemption cosmique, englobant l’unvers entier. La manifestation de cette providence provoque les « applaudissements des fleuves », le mugissement de la mer, et le « chant des montagnes ». Là aussi le roi Dieu est acclamé aux sons du chofar et des trompettes. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.
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