vendredi 23 décembre 2011

il fait connaître son alliance - textes du jour

Vendredi 23 Décembre 2011


Fait-on jamais le tour d’une mécanique mentale de quelqu’un ? a fortiori de soi-même puisque nous faisons à nous-même écran par l’image de nous, projetée, rêvée, ou péjorative et dubitative, tout à la fois sans doute… Prier… [1] Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. C’est la prière d’une âme heureuse qui sent s’être opéré en elle un réagencement de tout et qui en éprouive comme une bienveillance universelle. Dépouillée (un moment) de ses obsessions, angoisses et de la conscience de sa vulnérabilité, la personnalité trouve sa vraie posture, elle sait qu’elle est sauvée, elle le reconnaît et par action de grâce, elle demande que faire, c’est-à-dire comment être pour complaire à son Créateur et Le rencontrer, ne plus jamais Le perdre de vue, de prière. A mesure qu’elle avance, elle connaît mieux : l’essentiel. Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. L’enseignement coule de source, inspiré certes, maisdéversé en nous, nous comblant précisément dans ce qui faisait notre identité malheureuse à nos yeux, mais heureuse et dispose selon Dieu : sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin… Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ; à ceux-là, il fait connaîre son alliance. [2] Apaisés, conduits, nous sommes co-auteurs de notre vie, nous délibérons notre chemin avec un Autre, décisif, qui garantit nos relations avec Lui, avec ceux et celles que nous aimons, avec nous-mêmes. C’est ce qui m’est donné ce matin, comme à beaucoup , surtout si cela se dit et se vit différemment, mais l’action de grâces est analogue et unique… tandis que mon neveu roule vers des obsèques au berceau de sa famille, Carcassonne… que le défunt demeure avec son sourire, sa familiarité et une présence de chef…la main du Seigneur était avec lui. Non pas sur lui… Pouvoir le dire de tous ceux de nous qui rayonnent, plus objectivement, par ce qu’ils apportent à autrui. Jean le Baptiste s’annonce lui-même d’une manière exceptionnelle : il tressaille dans le sein de sa mère et fait proférer aux deux cousines les cantiques et salutations décisives introduisant les événagiles, il dirige son père selon l’ange intervenu au temple. Le seul fait que Zacharie écrivit : son nom est Jean. A l’instant même sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et bénissait Dieu. C’est un muet qui engendre le Précurseur, c’est un prophète, avec tous ses moyens, en sus de son rang social et de son autorité sacerdotale qui célèbre la présentation, la circoncision. Il purifera les fils de Lévi, il les comme l’or et l’argent : ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice. Ainsi…la Bible est lien de causalité, la parole de Dieu est efficace, Dieu n’est ni hasard ni punition, nous ne sommes pas des jouets ni des fétus ni des damnés, nous sommes faits et doués pour le bonheur, la beauté, l’admiration, pour collaborer avec l’œuvre divine en cours. … De l’autre côté de l’eau, inhabituellement, les cloches… au-dessus de l’horizon pas bien haut une écharpe blanche s’étire, tout le ciel de la terre au zénith reste sombre, nuageux, sans étoiles, sans vie. La cloche s’est tue.Le jour viendra. Ma prière et mon réveil l’ayant précédé, il sera moins réel que ce qui m’habite et que ce je reçois. J’aurai pourtant à me battre avec lu, à en faire un travail, de l’amour et de la paix. Mystérieusement pour beaucoup autant que pour moi. Et je reçois de même de la prière des autres et de notre Dieu innombrablement nommé, plus encore qu’Il ne semble oublié. … Il pleuviote, le jour est levé, un crissement que je ne sais identifier emplit le silence.


[1] - Malachie III 1 à 24 passim ; psaume XXV ; évangile selon saint Luc I 57 à 66

[2] - Il manque dans ce psaume alphabétique les lettres bet et vav, tandis que le alef et le réch reviennent deux fois. La dernière phrase, extraite du psaume 130.8, a été peut-être ajoutée pour combler la lacune du vav. Ainsi, la quête de Dieu consiste-t-elle essentiellement à connaître les voies qui mènent à lui et à comprendre que ces chemins se confodent avec la vérité, le bienfait, la droiture et que seuls sont aptes à s’y engager ceux qui craignent Dieu, les modestes qui se reptent sincèrement de leurs erreurs en s’en remettant entièrement à lui. Au bout de ces chemins brillent alors l’espoir, le salut, le pardon et, par-dessus tout, le mystère de Dieu. C’est ce psaume qui a été choisi par nos sages comme type-même de supplication, qu’ils ont appelé néfilat apayim (littéralement « la chute de la face ») afin de compléter l’énumération des 13 attributs divins. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. La manière dont commente et lit notre rabbin m’éveille à une évidence : le christianisme a ceci de particulier qu’il n’est lié à aucune langue (erreur décisive et inculte que de se cramponner au latin, selon quelques-uns, même si cette langue qui n’est plus parlée est fort belle, a son rythme, sa précision et a enfanté en Europe occidentale la plupart de nos parlers, de nos écrits et donc de nos façons de penser. Le Juif, religieux ou pas, a comme base de sa littérature, de sa civilisation, plus encore que d’une religion certainement moins pratiquée, même en israël, qu’autrefois, les psaumes, les livres de ce que le chrétien appelle l’Ancien Testament : la Thora et le musulman reçoit d’une pueple et d’une langue particulière le monument littéraire de celui-ci : le Coran, l’hébreu, l’arabe se parlent et ils constituent une âme populaire, une référence même profane. Le religieux a enfanté plus que de la piété ou des rites. Le chrétien pratique des transpositions : l’homme est à l’image de Dieu, les sacrements perpétuent l’action incarnée du Christ… le chrétien est convaincu que Dieu parle sa propre langue, dans sa civilisation et dans son époque, hic et nunc, pas seulement selon les circonstances qu’il déchiffre, ou l’inspiration de son cœur, mais selon une révélation qui continue par l’Esprit Saint donnant à chaque génération le sens de l’immuable mais pour aujourd’hui. – Reste que Claude BRAHIMI dit, ce matin, admirablement le sens de ce psaume, de ce qu’il nous apporte au nom de son peuple et de sa tradition. Manifestement, ces commentaires ne sont pas écrits d’un bloc ni d’un seul tenant, ils le sont jour après jour selon sa prière, la nôtre.
Il demande d’être élevé vers les biens, et oil expose sa demande. Puis il en donne la raison ; or, il y a deux sortes de biens : le bien de la vie active et celui de la vie contemplative. Il commence par mentionner le bien de la vie active, puis celui de la vie contemplative : Dirige—moi. Dans la vie active, il y A deux manières de progresser : la première est générale et se fait paar le précepte… Car à travers ces voies, le Seigneur vient à nous, en particulier par le précepte de la charité… Moi, je ne connais pas ces voies, et c’est pourquoi montre-les moi, et quant à l’intelligence et quant à la pratique. Touchant l’intelligence, il est écrit : Tes yeux verront ton maître, et tu entendras la voix de celui qui, derrière toi, t’avertira (Isaïe XXX 20). Touchant la pratique, il dit : et enseigne-moi tes sentiers. La voie est publique et commune, tandis que le sentier est étroit et n’est pas commun, il est au contraire une réduction de la voie commune. Semblablement les conseils sont une voie qui mène à Dieu, mais plus étroite et plus courte. … Mais les deux, à savoir les préceptes et les conseils, concernent la vie contemplative. D’abord, dans le but de bien se servir des choses connues pour recherche soigneusement les autres, et ensuite, dans le but d’apprendre les choses inconnues. … Parce que toi, Dieu, tu es mon sauveur. Le psalmiste expose ici la raison de la demande mentionnée. L’une s’appuie sur Dieu. L’autre s’appuie sur celui qui demande. Elle s’appuie sur Dieu, parce qu’il est lui-même le sauveur et le créateur du salut humain, qui consiste principalement dans la connaissance de la vérité… semblablement, elle s’appuie sur celui qui demande, car je n’attends d’enseignement de personne excepté de toi…Thomas d’Aquin, Sur les psaumes . traduction par Jean-Eric Stroobant de Saint-Eloy, OSB, préface de Mark D. Jordan (Cerf .Septembre 1996 . 796 pages) – ce tome ne présente que les psaumes 1 à 54 – pp. 288 et 287 . La méthode du « docteur angélique » est toute différente de celle du rabbin. Il n’attend pas la vérité, ni la prière – inspiration et propension – du texte-même. Il fait parler le texte en le mettant en résonnance avec l’ensemble de l’Ecritutre, Ancien et Nouveau Testament. L’intelligence devient architecte, l’oraison se sait et se justifie elle-même, tellement elle a présente l’ensemble des préceptes et des révélations de Dieu, qui ne sont que multiples versions d’un même mot.

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