vendredi 16 décembre 2011

les pauvres, c'est lassant ... je les rendrai heureux dans la maison de prière - textes du jour

Hier


23 heures 24 + Je vais attendre ma chère femme au lit. Troisième nuit consécutive de vraie tempête.

Aujourd'hui

07 heures 52 + … panne de courant comme il était à prévoir. Quatre-cinq ans comme cela et la question climatique, si elle est le fait de l’homme, ce qui n’est pas assuré, est réglée. Prier… [1] plus de connexion, la « live-box » nécessite l’alimentation électrique, batterie de mon ordinateur portable à plat. Temps qui se dégage pour ranger et faire du manuel. Le changement de vie. Ce sursaut démographique tel jour à New-York, ou plutôt nuit… vous avez accepté de vous réjouir un moment à sa lumière (évocation de Jean le Baptiste par le Christ, saisissante de coincidence), mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : vce sont les œuvres que le Père m’a données à accomplir ; ces œuvres, je les fais, et elles témoignent que le Père m’a envoyé. Les miracles, attestant du lien entre la foi humaine et le don de Dieu, disent aussi le le lien entre le Fils et le Père. Relation universelle… leçon aussi pour certaines de nos attitudes en politique et en société, leçon sans équivoque contre le cours français de ces dernières années : l’étranger qui s’est attaché au Seigneur ne doit pas dire : « Certainement, le Seigneur va m’exclure de son peuple ». Il est vrai que la suite du texte évioque explicitement conversion et assimilation : tout ceux qui observent le sabbat… je les rendrai heureux dans la maison de pri-re, je ferai bon accueil, sur mon autel, à leurs holocaustes et à leurs sacrifices. Il est vrai aussi que le Christ – le Fils de l’homme – se proclame maitre du sabbat et que le psaume fait dire à Yahvé qu’il ne veut pas les sacrifices, alors j’ai dit : je viens. Ce qui ne supporte pas interprétation et n’a jamais varié quel que soit le livre de l’Ecriture, est : avec ceux qui sont déjà rassemblés, j’en réunirai encore d’autres.

21 heures 13 + Tandis que je suis à Vannes à crever un pneu, discuter notre fiscalisation et passer à la Procure, ma femme croise les employés de l’E.D.F. harrassés mais victorieux Le courant est rétabli en fin d’après-midi. – Jean Paul II mettait en garde contre l’idée selon laquelle la victoire du capitalisme sur le communisme (on est en 1991) assurerait purement et simplement le bien de l’humanité. Il y voit une illusion : le capitalisme demeure problématique… Le capitalisme doit être encadré, avec une primauté du politique sur l’économique… [2] J’aime les confirmations ; une dilection immédiate par communion avec un père spirituel (Jean LAPLACE jésuite) que nous avions rencontré l’un et l’autre, Mgr. Francis DENIAU encore évêque de Nevers avait célébré dans la chapelle de la rue de Sèvres à Paris. Il me met en devoir de réétudier plus directement certains textes pontificaux – dont j’avais désespéré il y a six-sept ans lors de la pérsentation du compendium zélé par le Cardinal Martini – et pour oublier les commentaires lénifiants et absolutoires d’une nuée d’économistes, se disant chrétiens mais donnant à un certain patronat et à des systèmes certains la bonne conscience qu’ils cherchaient avant leur actuel triomphe… travailler et aider l’Eglise, l’appeler à être âpre, c’est le grand combat de ces mois-ci. A des questions répétées sur la position du voile de la Vierge, Bernadette avait répondu vertement : « s’ils veulent savoir, « qu’ils aillent se la voir » [3]. J’ai toujours été frappé par l’impossibilité que Bernadette Soubirous ait été fabulatrice, une jeune paysanne des gaves pyrénéens, ne parlant pas le français ou à peine, ne pouvait concevoir l’Immaculée conception, ni encore moins avoir appris la promulgation du dogme. De même, ce moine qui a marqué notre vie à tous trois, extravageant pour les uns, mystique du concret et de l’affectivité, du sublimé à force de réalisme, ne pouvait imaginer ou improviser ce qu’il nous confiait : ce qu’il disait était ce qu’il vivait. Nevers, Bernadette, Pierre Bérégovoy, ce prélat venant des environs de Paris les moins dotés. Il me rappelle aussi cette étrange démarche de Jean-François Six, sans doute hospitalisé pour forte dépression et écrivant chaque jour ce qu’il pense que pouvait être la prière-même du Christ : cela donne un résultat, priant effectivement, pas apologétique mais vraisemblable, et surtout des questions sur Jésus. Francis Deniau s’explique : j’ai osé approcher l’expérience spirituelle et et les décisions de Jésus. Je me suis, à pluseiurs reperises demandé si j’en avais le droit. Il est un secret qui demeure entre Dieu et chacun. Et toute entreprise de pénétrer dans ce secret est illégitime (c’est ce que je dialogue avec notre fille à la veille de recevoir pour la première fois le sacrement dit aujourd’hui du Pardon : que la relation, sa relation à Jésus, à Dieu est directe, son péché aussi. Nous ses parents, nous ne l’accompagons qu’au seuil, le prêtre lui fera passer le seuil, la suite, toujours n’appartient plus qu’à Dieu et à sa créature même si chaque être vivant de siècle en siècle marche assez analogiquement). Mais dans ma manière de vivre la foi, dans mon approche de Jésus aussi, j’ai perçu qu’actes et paroles de Jésus avaient leur source dans cette intériorité. Les évangiles nous ouvrent à cette inériorité secrète par quelques confidences, mais surtout par le mouvement même de la révélation et de l’enseignement du Rabbi de Nazareth. Pour entendre Jésus, j’ai eu besoin de cela. Cela reste subjectif et, je l’espère, parce que subjectif, justement, respectueux de tout ce qui m’échappe. J’ai aussi approché cette expérience et cette volonté humaines de Jésus en en respectant l’humanité, de la manière qui peut être la nôtre aujourd’hui, dans notre culture. Il faudrait dire : la psychologie humaine (c’est un pléonasme) de Jésus. C’est aujourd’hui une requête de notre approche et de notre intelligence du mystère. Ce n’était pas la visée des rédacteurs du Nouveau Testament, ni celle de ses lecteurs jusqu’au XIXème siècle. Ma lecture est contemporaine. C’est son intérêt et sa limite. [4] Et puis le cliché… sur l’un des présentoirs, un livre de poche, format réduit, visage de prêtre comme il y en a des dizaines danscette librairie, comptoir de Saint-Sulpice en maison diocésaine de province… rien d’original ? si ! le titre. De la difficulté d’évoquer Dieu dans un monde qui pense ne pas en avoir besoin. Ce me paraît la bonne posture. La quarième de couverture pésente un cardinal hondurien, polyglotte, jouant de cinq instruments de musique dont la vocation première était pilote de ligne. Je revis mon entretien avec Helder Camara en 1986, tous les contresens commis à Rome et ailleurs pour la « théologie de la libération ». Je cherche depuis vingt ans le futur pape qui sera d’abord celui du combat contre l’économisme enfonçant chaque jour davantage l’humanité dans la pauvreté matérielle et autre… à Lisieux, le patriarche du Zaïre (je le lui dis à la cantonade tandis qu’il quitte la basilique en conclusion d’une des célébrations du centenaire… il réplique : faut pas rêver…), puis le cardinal Moreira Neves, sosie hallucinant de Pie XII… cliché que je viens de le trouver ce successeur vraiment d’ailleurs et donc nous recentrant efficacement : je vais le lui écrire. J’ouvre au hasard le livre bon marché : un prêtre togolais dans un village du centre de l’Allemagne n’est pas envisageable simplement parce que sa présence ne résoudrait rien (j’ai vécu l’expérience contraire cet été dans ma campagne-sur-mer en France de l’ouest). Il est urgent de développer des consciences civique, il y a une grande léthargie générée par le dégoût et une série de désillusions. Rien ne change, jamais… la présence européenne est trop importante au Vatican... Tous les regards se tournent vers la Chine et l’Inde pour toutes les questions économiques et commerciales. D’un point de vue religieux, les relations avec l’Islam occupent les esprits. Mais l’Amérique latine, tout le monde s’en moque. C’est comme si elle n’existait pas. Le Tiers-Monde, c’est toujours pareil. Les pauvres, c’est lassant [5]. J’ai confiance. D’autres essais : j’aurai voulu que soit profond et décisif le témoignage du curé des Roms, ce me semble puéril et pas centré sur cette paroisse immense dont le sort européen ne peut, je pense, se consolider que par la distinction d’une citoyenneté européenne sans attache avec une nationalité de quelque Etat-membre que ce soit : je feuillette, reste sur ma faim. Ce Jésuite, archevêque émérite de N’Djamena, qui a marié une de mes nièces, m’avait passionné par sa personne, sa voix, ce témoignage vibrant et discret, murmuré sur une Afrique regardée et aimée selon tous ses aspects y compris la politique : son livre convient en ce qu’il montre l’apport de l’Eglise à une compréhension de l’Afrique par elle-même et à une construction nationale parmi d’autres. Trop épisodiquement, la France d’aujourd’hui sait ce que lui fait comprendre l’Eglise en Afrique. J’apprécie [6]. J’emmène ces compagnons en fin de cette journée, silence d’après la tempête, jusqu’à l’autel dont j’avais dû me retirer ce matin. J’y porte aussi ma/notre fille : cauchemars, dont elle craint le renouvellement cette nuit, préparation d’une enfance à ce qui n’a pas d’âge et qui est autant Pâques que naissance dans la vie spirituelle, surtout quand elle est encore si peu explicite. Notre couple, le monde, le bras-de-fer dont l’avenir de l’Europe, autant l’Europe d’une espérance de soixante ans, de prophéties de ceux sicle, que l’Europe des mises à pied jusques dans le nucléaire et l’automobile. Il me semble que l’évangile aujourd’hui s’entend ainsi, mais l’essentiel, la source, l’aboutissement restent la prière seul à seul, précisément parce que chacun de nous porte l’univers entier. Observez le droit, pratiquez la justice. Car mon salut approche, il vient et ma justice va se révéer. … Seigneur, prend pitié ! O Christ… Il s’est penché sur son humble servante… La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénit. [7]


[1] - Isaïe LVI 1 à 8 ; psaume LXVII ; évangile selon saint Jean V 33 à 36

[2] - Mgr. Francis DENIAU – Un évêque en toute bonne foi (Fayard . Avril 2011 . 215 pages) pp. 90-91

[3] - Mgr. Francis DENIAU, évêque de Nevers – Bernadette et nous . Entre Lourdes et Nevers (Lethielleux DDB . Mai 2010 . 291 pages) p. 220

[4] - Francis DENIAU – Jésus, l’ami déroutant (DDB . Janvier 2009 . 263 pages) pp. 235-236

[5] - Cardinal Oscar Rodriguez MARADIAGA – De la difficulté d’évoquer Dieu dans un monde qui pense ne pas en avoir besoin (Robert L affont . Octobre 2011 . 287 pages) p. 201

[6] - Mgr. Charles VANDAMME – La joie de servir (Sarment . éd. du Jubilé . Novembre 2009 . 306 pages)

[7] - Merveille d’architecture littéraire, ce psaume de 8 versets, d’une symétrie parfaite, épouse la forme du chandelier à 7 branches. Il fut à ce titre l’objet d’une sollicitude particulière de la part des cabbalistes, avec son allusion à la bénédicition des cohanim, donc à Aaron, premier des Grands-Prêtres qui était chargé d’allumer la ménora du temple. Elon ces mêmes cabbalistes, le lecteur de ce psaume doit visionner dans sa tête la ménora et insister sur chacun des 49 mots (7x7) et des 49 letttres du verset médian. Ces multipes de 7 sont évidemment à rapprocher des 7 semaines (49 jours) du ‘omer qui séparent Pessoah de Chaou’ot Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. – Le rapprochant du Magnificat , lecture pour pénitence que j’aurais dû prier spécialement et depuis longtemps, je vois dans ce psaume, non le monument littéraire que peut seul goûter l’hébraïsant, mais l’accompagnement de ce temps d’Avent, d’Annonciation, de conception virginale, de Noël : ton chemin sera ainsi connu parmi les nations.

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