mercredi 25 janvier 2012

la fidélité-vérité du Seigneur - textes du jour

Mercredi 25 Janvier 2012


Prier…[1] Le chemin de Damas... la vérité psychologique du fait historique et de l’événement spirituel, la conversion de Paul ne tient pas à lui ni à une découverte personnelle à son initiative, elle n’est pas une quête philosophique qui aboutit, pas davantage la résolution d’un état de vie : toutes ces problématiques de mon époque, de nos vies ne mènent pas à grand-chose. Sinon à la fatigue ou à la dubitation d’âme. – Je vis de plus en plus que ce qui me passionne, me comble et m’enrichit ce sont les rencontres, qu’elles soient de fugaces hasard et sans retrouvailles ni échos ensuite, ou que ce soit l’imprévu d’une ouverture nouvelle, d’un énoncé inattendu de la part de mes plus aimées ou d’amis de longue date. Il y a l’écrit, il y a les médias audio-visuels mais il y a cette troisième dimension : les dialogues où chacun, sobrement, avec très peu de mots, comme par grâce que l’homme ne peut convoquer mais dont il bénéficie soudain, communique quelque chose, se confirme et se trouve lui-même (sans forcément en prendre conscience) et apporte à l’autre un supplément entier d’univers, de vie, un de ces fragments qui donne la certitude que nous atteindrons un jour la connaissance, la vérité entières. – C'est donc ce qui est arrivé à Paul, mais avec le meilleur interlocuteur, et dans la plus grande rencontre imaginable, concevable. Cet homme de foi et de zèle est rencontré dans son activité (les apôtres au bord du lac, aussi, et bien avant lui), dans ses convictions et la question est si simple qu’assortit une délicatesse divine extraordinaire puisqu’elle maintient Paul en position centrale, celle de l’acteur principal dont la motivation produit tout : Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? – Qui es-tu, Seigneur ? – Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire. Le sensationnel est que ni le Christ ni le futur Paul ne doutent de la disponibilité totale de ce Saul qui vient d’être terrassé. Pas besoin de répondre à la question du Christ : quelle est ta vie ? pourquoi agis-tu ainsi ? Il n’y a de réponse que celle-ci : parce que je ne te connais pas. Or, précisément, et d’un coup, Paul connaît son Seigneur et son Dieu… et sans plus attendre, il proclamait Jésus dans les synagogues, affirmant qu’il est le Fils de Dieu. Tous ceux qui l’entendaient étaient déconcertés… mais Saul, avec une force croissante, réfutait les Juifs de Damas, en démontrant que Jésus est le Messie. Art de Luc pour caractériser la vocation de Paul par le dialogue divin avec un tiers : Cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois et des fils d’Israël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom. Toute la vie spirituelle de l’apôtre des Gentils est ici suggérée. Dieu le forme, le prend en mains mais pour une mission objective et selon un coût personnel. Modèle aussi d’un ministère sacerdotal : le dialogue d’Ananie avec Saul, le miracle, le baptême, la confiance mutuelle. Paul confirme le récit de Luc dans un fragment autobiographique, et ajoute au dialogue avec le Christ : Que dois-je faire, Seigneur ? évidence qu’il a été dans l’instant saisi. Dans les deux versions, Ananie a le ton, le langage prophétique, impérieux, solennel du vieillard Syméon lors de la présentation de Jésus au Temple : Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est le Juste et à entendre la parole qui sort de sa bouche. Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu. C’est une version saisissante (appelant à la foi, à la conversion) de la fondation de l’Eglise. Jusqu’à Damas, les prophéties de tous les temps annonçaient la rédemption, présentaient le Christ, l’anticipaient, puis quand Il fut parmi nous, le désignaient, disaient aussi ce qu’Il allait bouleverser et produire. Maintenant, Dieu nous fait prophétiser à chacun l’un pour l’autre, ce qu’est notre destinée, notre vie devant Dieu, notre utilité pour le salut de tous (bien davantage que le nôtre ou de cette personne, précise ? qui est nous et dont nous avons reçu la charge, bien spécifiquement à notre naissance, et avec tous moyens d’aboutir, dès notre baptême puis en recevant tous sacrements. – Il y a de quoi battre des mains, intimement, et sourire de joie. Paul, puis nous… entendons le Ressuscité qui dit aux onze Apôtres : Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Arument de texte auquel je tiens : pas seulement les hommes, mais nos animaux chéris, nos armes et plantes, les éléments, toute l’œuvre divine selon les six jours de la Genèse. – Question des traductions. La liturgie catholique en français dit ainsi le psaume CXVII : Louez le Seigneur, tous les peuples ; louez-le, tous les pays ! Son amour envers nous s’est montré le plus fort ; éternelle est la fidélité du Seigneur ! et le rabbin dont les commentaitres m’ont été offerts par l’aumônerie israëlite des armées (au Val-de-Grâce à Paris) rend ainsi : Louez l’Eternel, toutes les nations, encensez-le, tous les peuples ! Car son bienfait s’est imposé à nous avec force. L’Eternel est vérité,à jamais ! Louez l’Eternel ! [2] Cette différence de transposition du texte original est bienfaisante. La dialectique d’une lutte menée en nous et en notre nom, et dont l’achèvemenet en notre faveur nous comble : c’est le débat de toute schizophrénie, de cette sensation si fréquente d’être responsables de nous-mêmes sans pouvoir cependant nous mener à bien…et pour le Juif une attitude plus adorante mais statique. La proposition de deux synonimies : vérité=fidélité… amour=bienfait, est éclairante.


[1] - Actes des Apôtres XXII 3 à 16 ou IX 1 à 22 ; psaume CXVII ; évangile selon saint Marc XVI 15 à 18

[2] - On peut s’étonner d’un psaume si court. Le plus court du psautier. Certains exégètes pensent qu’il forme la conclusion du psaume précédent ou l’introduction au psaume suivant. Il constitue en fait une transition entre la première partie du halel qui commence et se termine par halélouya, et la deuxième partie, composée de l’unqiue psaume 118. Le Redaq (Rabbi David Qimhi 1160-1235, grammairien et exégète de Narbonne) dexplique la brièveté de ce psaume : il nous transporte à l’époque messianique où toutes les nations reconnaîtront Dieu, sa vérité et son bienfait. Il n’y aura rien à ajouter !Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.

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