dimanche 18 mars 2012

je veux que ma langue s'attache à mon palais, si je perds ton souvenir - textes du jour

Dimanche 18 Mars 2012

Hier


Décidé brusquement par ma chère femme, un film – dessin animé – à l’Iris de Questembert : la colline aux coquelicots, film de 2011 du fils MIYAZAKI : Goro, d’une poésie intense, d’une musique extraordinairement ressentie (Satoshi KOETEBE), récit, personnages, traits du portrait, exceptionnels. J’ai eu les larmes aux yeux presque tout de suite. Tout à fait le Japon que j’ai connu en 1970, c’était censé se passer avant les JO de Tokyo de 1964. Décor, jeux de ciels, la mer à Yokohama, les maisons à portes coulissantes, les uniformes des écliers, le pas glissant de l’animation, la pudeur extrême du dire et de la suggestion des émotions, de l’affinité, de l’inclination mais toujours du respect. Evidence de l’art mais aussi d’un tréfonds celui du Japon, dont des élites sont si francophiles, multiples mais très fines (coquelicots) allusions à nous, le Quartier latin, grande maison qui est l’enjeu apparent. L’amour quand il jouxte lamitié et la fraternité, les silhouettes droites et simples. Sieste auparavant ensemble, je m’étais éveillé dans quelque chose combinant l’angoisse et la folie : pourquoi être là ? comment vivre à la campagne ? pourquoi cette vie et notre vie ? la réponse m’a été donnée par les improvisations d’Edith, le bonheur de vivre et les péripéties de vie de notre fille. Nous y retournons samedi en huit en emmenant les deux principales amies de Marguerite. Sarah « la grande » et Eva. J’ai songé – politique – que nous avons, aussi, là la solution aux questions de la mondialisation et aux problèmes de stratégie régionale. La mondialisation est un fléau si elle n’est qu’économique et financière, elle est l’enjeu décisif d’une humanité à l’époque des étoiles et des nouvelles grandes conquêtes et découvertes si nous savons nous interpénétrer d’âme entre peuples. L’art, l’amour, la littérature (salon du livre à thème japonais cette année, cet écrivain-femme japonaise devenue une des grandes de la littérature allemande contemporaine, Joseph CONRAD, biographie qui vient de paraître, polonais de naissance et rénovateur du roman autant que de la langue anglaise), le paysage, la culture du paysage, ces dires avant-hier sur France-Infos de BRASSE père, restaurateur 3 étoiles dans l’Aubrac, l’influence du paysage sur nous, le muret desséché, l’odeur d’une herbe, la fusion-dissolution des nuages. La monarchie française et ses jardins et parcs, la culture de la forêt. Et évidemment les dilemme chinois et coréen vécus autrement et résolus peut-être par le Japon – tiré de son mauvais rêve depuis soixante-dix ans maintenant – et parlant la langue européenne : constitutions et industries, régime des partis en alternance, depuis l’empereur Meiji. Les deux adolescents glissant leur couple sur fond de ciel, de jardin, de mer et de port tandis que notre fille allait des bras de ma chère femme à mon épaule, et voulait que cela durât toujours. – Il paraît qu’au siège de campagne de François HOLLANDE, il y a plus de trente personnes qui font la campagne sur la toile, qui comptent les clics sur les blogs et les sites. Il ne peut en sortir la moindre idée. J’ai reçu par courriel une invitation de l’U.M.P. de la Drôme pour les autocars m’emmenant de Montélimar au discours à Lyon. Gratuit, demain dimanche après-midi, en plein air, place de la Bastille, MELENCHON… présentation de la Constitution au referendum fondateur, le 4 Septembre 1958, par de GAULLE : en plein air, place de la République. Le débat du second tour, époque…, le Bourget contre Villepinte, sous plafond avec estrade plus vaste qu’une piste de…

Cet après-midi


Prier donc… écoute des textes à la messe paroissiale ce matin, ornements roses de Gaudete, homélie d’un prêtre organisateur, pieux, disant très bien la messe, ayant le sens de la liturgie, inclinant à son respect et à l’acte d’adoration, bon animateur d’un partage de texte mais incapable de l’homélie – mais un prêtre et ses limites est peut-être encore plus édifiant qu’un surdoué de la parole ou de l’écrit – l’homélie donc… qui établit le contact tout simple et demandé entre les ouailles et ce que l’on vient de lire. Le discours en liturgie a en principe le meilleur terreau, le territoire le plus précis : ce que l’on vient de lire, ce que l’on entend, tous. L’oratoire c’est l’écoûte, l’orateur c’est celui qui exprime son auditoire et alors l’emmène, confiance gagnée. Type : le Christ, regardant, devinant, sachant, questionnant puis reprenant, emmenant et aboutissant. Aujourd’hui, l’histoire recoupée par les historiens grecs contemporains… la déportation à Babylone, avec redondance du psaume manifestement composé là-bas. Dieu maître de l’Histoire, Dieu maître de notre vie et dispensateur de salut selon les deux apôtres Paul et Jean. C‘est bien par grâce que vous êtes sauvés… cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à en tirer orgueil. … Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. [1] Les exilés de Babylone, à vue plus vaste et plus priante que les exilés de l’être chrétienne j, et les pourchassés des XVème, XIXème et XXème siècles, savent lire l’histoire, savent ce qu’ils vivent. Et ils en récoltent le fruit. Ainsi s’accomplit la parole du Seigneur proclamée par par Jérémie : la terre sera dévastée et elle se reposera durant soixante-dix ans jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repos tous les sabbats profanés. Qu’était-il arrivé, sinon ce que de génération en génération – et particulièrement les nôtres, me semble-t-il – nous perpétrons… Le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se laasser, leur envoyait des messagers, car il avait pitié de sa Demeure et de son peuple. Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles et se moquaient de ses prophètes. Finalement, il n’y eut plus de remède à la colère grandissante du Seigneur contre son peuple. Les Babyloniens brûlèrent le Temple de Dieu, abattirent les murailles de Jérusalem, incendièrent et détruisirent ses palais, avec tous leurs objets précieux. Nabuchodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils jusqu’au temps de la domination des Perses… Or, la première année de Cyrus, roi de Perse… le Seigneur inspira Cyrus… L’homme, agent des catastrophes pour l’homme, mais Dieu seul (Dieu fait homme) agent du salut. Renversement de situation par un cheminement du cœur : au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion…Je veux que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem au sommet de ma joie. [2]

[1] - 2ème livre Chroniques XXXVI 14 à 23 passim ; psaume CXXXVII ; Paul aux Ephésiens ; évangile selon saint Jean III 14 à 21

[2] - « Les fleuves de Babylone » ne sont rien d’autres que l’Euphrate et ses affluents ; on sait que la Babylonie s’est construite sur les rives de ce fleuve, comme l’Egypte le fut sur celles du Nil. Et c’est là qu’Israël va vivre sa première expérience d’un peuple en exil, loin de sa terre, loin de son sanctuaire ; il devra montrer qu’il est capable de rester lui-même en terre étrangère et païenne. Sans ignorer que nos sages attribuent ce Psaume à David lui-même, nous pensons qu’il a pu être rédigé au cours des premières années de l’exil ; il revêt d’ailleurs la forme d’une élégie. Relevons, dans ses neuf versets, quelques idées essentielles ; le souvenir de Sion reste vivace dans le cœur des exilés qui ne peuvent se résoudre à faire leur deuil de la patrie et refusent de se laisser aller à chanter comme ils chantaient sur leur terre natale ; ils ont suspendu leurs harpes comme pour s’interdire à tout jamais de chanter. De là vient sans doute, le fait que le judaïsme traditionnel ait interdit de goûter à une quelconque musique pour marquer le deuil consécutif à la destruction du Temple. Les exilés font aussi le serment, assorti d’une malédiction, de ne jamais oublier Jérusalem. Et c’est justement cette phrase qui est prononcée en brisant un verre, par celui qui se marie : « si je t’oublie, ô Jérusalem, que m’oublie ma droite ». Le psaume se termine par une vindicte violente contre Edom et Babel. Edom peut être ce peuple qui, au temps du premier Temple, implanté sur le flanc est d’Israël, à la hauteur de la mer Morte, applaudissait bruyamment aux coups de boutoir de Nabuchodonosor en criant : « démolissez, démolissez jusqu’à ses fondements ». Selon nos sages, Edom désigne aussi l’empire romain qui, en 68 de notre ère, détruisirent le second Temple. - Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.


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