dimanche 8 avril 2012

il vit et il crut - textes de la nuit puis du jour . Pâques

Dimanche 8 Avril 2012


Prier… abondance des textes après leur absence toute la journée d’hier. Les offices à option, la veillée hier soir [1]: originellement, toutes les messes étaient ainsi nocturnes et le sont encore dans l’orthodoxie grecque au Mont Athos, on va de la pleine nuit aux aurores, on s’éclaire au cierge, tout est chanté, nouis avons à peine gardé l’Exultet, haec nox est, quand la voix est belle, notre aumônier scout quand j’étais chef de troupe, ce peut être plus que prenant. Le mouvement de la liturgie dans son ensemble selon que célébrants et assemblée ont trouvé le rythme, que l’homélie est adéquate : j’ai parfois dormi, parfois intensément vécu ces nuits de mes quinze ans à l’an dernier… la messe ce matin en trinité, la beauté d’une chasuble de simple drap blanc aux broderies ni minimales ni superflues, notre recteur encore jeune et le poil noir, cela allait très bien, notre fille pressée de vérifier si lapin et cloches de Pâques passeraient enfin s’impatientait et demanda même si « on a le droit de ne pas communier », le chemin de la piété elle le vit avec bonheur et intelligence dans nos prière et lecture du soir, la messe n’est pas encore son élément au contraire de ce qu’elle fut, je crois, pour moi dès mes quatre-cinq ans : mon Seigneur et mon Dieu ! quand se vivait l’Elévation dans le lointain, mais toute l’assemblée à genoux plus ou moins confortablement… [2]. Les événements sans doute, passage de la Mer Rouge, tombeau vide, mais commentaire, ce que nous sommes et pouvons-devons devenir face au mystère, face au salut, peu importe notre parcours, la dogmatique sur le péché, la mort-même, l’essentiel est la vie, et la vie est une personne, une personne pour nous, à notre échelle mais surpassant tout, une personne accessible et accueillante. Alors, Isaïe, le prophète de la passion, celui qui nous présente le Christ souffrant que dit-il maintenant que tout est gagné, c'est-à-dire accompli ? Ton époux, c’est ton Créateur, « Seigneur de l’univers » est son nom. Ton Rédempteur, c’est le Dieu saint d’Israël, il se nomme : « Dieu de toute la terre ». Oui, comme une femme abandonnée et désolée, le Seigneur te rappelle. Est-ce qu’on rejette la femme de sa jeunesse ? dit le Seigneur ton Dieu. Un moment je t’avais abandonnnée, mais, dans ma grande tendresse, je te rassemblerai. Ma colère avait débordé, et un moment je t’avais caché ma face. Mais dans mon amour éternel j’ai pitié de toi, dit le Seigneur, ton Rédempteur. L’image est moins simple pour nos générations aux amours soi-disant de dilection et donc pluriels, de part et d’autre, mais notre âme n’est jamais pluriel, elle se divise en contradictions et souffre. Le bienfait de l’amour est qu’il unifie, celui de la fidélité est qu’il maintient l’amour, et ce maintien est grâce autant qu’aventure. Je suis dans la grâce et l’aventure, la plus passionnante de ma vie qui en a connu beaucoup et de tous ordres. Récompense, triomphe, sécurité, célébration : Jérusalem, malheureuse, battue par la tempête, inconsolée, voici que je vais sertir tes pierres et poser tes fondations sur des saphirs. Je ferai des créneaux avec des rubis, tes portes en cristal de roche, et tous tes remparts avec des pierres précieuses. La cité sainte de l’Aocalypse… Tes fils seront tous instruits par le Seigneur, ils goûteront un bonheur sans limites. Tu seras établie sur la justice, délivrée de l’oppression, que tu ne craindras plus, délivrée de la terreur, qui ne viendra plus jusqu’à toi. Combien il est alors naturel que les premiers témoins de la Résurrection soient des femmes : elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. De quoi ? pourquoi ? En entrant dans le tombeau, eles virent assis à droite, un jeune homme, vêtu de blanc. Elles furent saisies de peur. Mais il leur dit : « N’ayez pas peur. !Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité, il n’est pas ici… elles débordent d’affection de tendresse, d’amour tout humains, de compassion. Elles ont été au supplice de toutes les manières : Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé… Mais voici l’Eglise, sur convocation tout humaine d’une femme que Jésus a proclamé parfaite dans ce qu’elle lui administra : Marie-Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre, ambiance pour le cimetière… Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Jean Daniélou a raison des contradictions ou des divergences dans les récits évangéliques, sobrement et vraiment. Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, à l’aller, les femmes ce fut à leur retour… mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se pencahnt, il voit que le linceul est resté là ; cependant, il n’entre pas. Simon-Pierre qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Explication aux « pélerins » d’Emmaüs le soir-même, apparition aux Dix dans le même moment. Pierre et Jean n’échangent pas un mot, alors que les femmes s’interrogeaient. Jean ne dit pas la réaction ni la pensée de Pierre. Factuellement, il rend compte de sa conversion : un monument. Il vit, et il crut. A Thomas, la séquence sera reproché : tu crois parce que tu as vu mais heureux ceux qui croiront sans avoir vu… nous. Thomas a mis du temps, Jean a les éléments dès le premier abord, mais il lui est donné un temps de recul, de réflexion, de prise de conscience. Quand il entre à son tour, il est prêt, il sait non seulement ce qu’il va bien voir, mais il sait ce ce que cela signifie. Il vit et il crut. Evangéliste, il a ensuite la délicatesse d’en raconter beaucoup plus sur autre que lui, Marie-Madeleine précisément. A lire dans la semaine. L’expérience mystique du « fils du tonnerre » n’est pas de l’émotion, du texte, du bonheur. Pour Jean et chez Jean, le fait est mystique, c’est un mystique du fait, pas tant de l’union à Dieu, que de la compréhension totalisante du mystère. Il vit et il crut. Et de tous les disciples et des quatre évangélistes, il est de loin celui qui a le plus vu : parmi les premiers appelés, du trio de la Transfiguration et de l’agonie au jardin des Oliviers, seul témoin de l’intérieur du procès, seul disciple au pied de la croix jusqu’au dernier cri, jusqu’au dernier soupir, et le premier à constater que… Pour lui, revenir à l’Ecriture ainsi accomplie, c’est voir. Jusque là les disciples n’avaient pas vu. Faute d’être exégète, je suppose cependant que le mot est même pour voir. Paul qui n’a pas vu, qui ne se pose aucune question de foi, qui est le missionnaire, le propagateur, le pasteur par excellence. C’est simple, notre destinée est le Christ, nous sommes dans le Christ. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. L’autre grand témoin oculaire, celui dont les dialogues avec le Seigneur sont les plus fréquemment rapportés, au point d’être le parcours-type des avancées et des reculs dans la foi selon l’affectivité, le bon sens, l’attachement, la peur et la forfanterie… l’affirme : nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts. C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. Pierre a le sens du péché, il en a tant commis, et c’est à lui que sera remis, par délégation, le pouvoir jusque là exclusivement divin de le pardonner.


[1] - Genèse I 1 à II 2 ; psaume CIV ; Genèse XXII 1 à 18 passim ; psaume XVI ; Exode XIV 15 à XV 1 ; cantique Exode XV 2 à 17 passim ; Isaïe LIV 5 à 14 ; psaume XXX ; Isaïe LV 1 à 11 ; cantique Isaïe XII 2 à 6 passim ; Baruc III 9 à 32 & IV 4 ; psaume XIX ; Ezéchiel XXXVI 16 à 28 passim ; psaume LI ou psaume XLII ; Paul aux Romains VI 3 à 11 ; psaume CXVII ; évangile selon saint Marc XVI 1 à 8

[2] - Actes X 34 à 43 passim ; psaume CXVIII ; Paul aux Colossiens III 1 à 4 ; évangile selon saint Jean XX 1 à 9

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