mardi 10 avril 2012

J’ai vu le Seigneur, et voilà ce qu’il m’a dit - textes du jour.

Mardi de Pâques . 10 Avril 2012


Prier… les textes d’aujourd’hui [1] … pénétration des incroyants, les deux contes de FLAUBERT sur Jean Baptiste et sur saint Jérôme, et surtout la supposition admirablement romancée, racontée avec pudeur et pour montrer une union intime quoiqu’ayant pour objet la communion avec un tiers, et quel tiers ! la thèse de Marguerite YOURCENAR selon laquelle Marie-Madeleine et Jean s’aimèrent amants, rencontrés dans et par Jésus. De fait, l’aventure humaine et spirituelle de Marie-Madeleine n’a son intensité et son témoin qu’en Jean l’évangéliste. Marie-Madeleine restait là dehors à pleurer devant le tombeau. Elle était au calvaire, elle était à l’ensevelissement. Première étape de l’union à Dieu, de la prière, de l’avancée vers Lui : la situation, l’accepter, en être. Deuxième étape : elle se penche vers l’intérieur, tout en larmes, et, à l’endroit où le corps de Jésus avait été déposé, elle aperçoit… Le fait dans l’aventure, dans nos vies, ce sont les autres qui nous ramènent aux questions que nous ne savons pas poser à l’existence ni nous poser. Elle dialogue avec naturel, ces deux inconnus. Ils lui demandent : Femme, pourquoi pleures-tu ? – On a enlevé le Seigneur mon Maître, et je ne sais pas où on l’a mis. Elle ne parle pas de cadavre, mais de présence réelle, le dogme-même de la vie eucharistique, sa réalité… Tout en disant cela, elle se retourne. Chacun des moments de cette incroyable aventure de la foi est un mouvement, manifestement inspiré, puisque de la prostration, elle passe à une attitude d’interrogation : elle se penche vers l’intérieur du tombeau, puis de la déploration d’un fait qu’elle expose à des inconnus, elle change de sujet, plus par son corps que par son espreit, elle mûe : elle se retourne et aperçoit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Elle inaugure toute l’aventure des disciples qui finiront par s’y faire, Jean seul ayant la divination, chaque fois : c’est le Seigneur. Plus que de l’amour, c’est déjà la connaissance, la pratique surnaturelles. Le Christ ressuscité, physiquement présent mais maître des lieux, du moment et du temps, partout à la fois et nulle part, ce Christ ne se reconnaît plus que d’âme ou quand, explicitement, il s’identifie, par un geste, une posture, par le rappel du vécu avant le drame. Il lui demande : Femme pourquoi pleures ? Qui cherches-tu ? Elle réitère, elle croit avancer. Le prenant pour le gardien, elle lui répond : Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi, j’irai le reprendre. L’amour est prédateur, Dieu même l’est qui appelle à Lui, à sa suite, à la conversion, au don. Jésus lui dit alors : Marie ! Elle se tourne vers lui et lui dit : Maître. Elle reconnaît parce qu’il est manifeste qu’elle est reconnue. La suite est analogue au récit de Matthieu, mais comme tout y est plus intense et chemin spirituel, il y a le Noli me tangere, quoique le texte dans son intégralité le fait comprendre, la liberté de Dieu, du Dieu ressuscité, du Fils n’est complète qu’à son retour au Père, que dans le Père. Marie-Madeleine, au plan où elle se situe et situe encore Jésus, empêche le mouvement complet de la rédemption, de la grâce, de la vie. Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père. Va plutôt trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie-Madeleine, amante, devient catéchiste. Mais avec quelle autorité ! J’ai vu le Seigneur, et voilà ce qu’il m’a dit.

[1] - Actes des Apôtres II 36 à 41 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Jean XX 11 à 18

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