samedi 28 avril 2012

il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens - textes du jour

Samedi 28 Avril 2012

Eveillé depuis une heure. – Signal d’éveil des oiseaux presque en fanfare, puis recto tono discret. Ciel sans lumière, flou.
Culpabilité… il s’est confié à moi tandis que nous camionnions des éléments de cuisine qu’il se chargeait de monter chez nous, la route est déjà un projet commun, nous décentrant et nous permettant de communiquer, de nous dire, bien le contraire de nous abandonner mais être avec nous-même utilement par le partage avec autrui. Couple aimant, stable, comblé d’enfants, beaux chacun, mais il se reproche de ne pas répondre assez à l’amour et à la demande de sa femme, simplement parce qu’introverti, s’exprimant peu, il n’a pas les paroles, les gestes et les caresses qu’elle demande. Je vais essayer de lui dire : tout simplement en vous en dormant ou en vous éveillant, posez la main sur sa hanche à votre côté. Ou dites-lui, d’une phrase, ce que vous venez de me dire… Notre fille étreint sa mère, mais celle-ci tient une bouteille d’eau de Javel, craint pour son gilet de laine auquel elle tient, elle s’emporte, comme parfois, effondrement de Marguerite qui ne l’a évidemment pas fait exprès, elle se persuade que sa mère la gronde, ne veut que la gronder. Désespoir… à la cantonade, je demande à ma chère femme de consoler notre fille qui répète que sa mère ne veut pas la consoler mais la gronder. Trouvaille : je veux une punition. Donne-moi une punition, je l’assure qu’elle n’a pas à être punie. Réminiscence d’un dessin animé, fort bien fait d’image mais complexe et paternaliste de suggestions des comportements, un couple genre Quaker dans la « deep America » fait internat pour quelques enfants, l’un ment, l’enseignant lui dit qu’enfant il lui arrivait aussi de mentir et qu’il fut puni d’une manière qu’il n’a plus jamais menti. La punition sera que… l’enfant lui donnera à lui l’enseignant un coup de latte, le plus fort possible chaque fois que lui, l’enfant, aura menti. La pire punition est la conscience d’avoir fait souffrir autrui… Je ne conclus pas. – Sollicité sans cesse par le « milieu chrétien », je n’ai pas de mal à séparer foi et politique, mais cet acharnement pose question, celle de la loi et celle du comportement individuel. Je reçois aussi ces réactions ou ces inclinations en faveur du président sortant, motivations diverses mais surtout instinct soit positivement pour lui soit par hostilité à son compétiteur. Je vis cette campagne au second degré. Si les Français sont directement interrogés, peu se dérobent pour admettre que l’échéance est sérieuse. Mais elle l’est chaque fois. La relation de la personne au collectif, sans qu’il y ait repli sur le groupe, nous la formulons chacun idéalement, mais la pratique, et plus encore une vivante institutionnalisation est difficile. – Révélation géniale, rien que du point de vue sociologique et psychologique, que le Corps mystique et la communion des saints. Ce n’est pas une déduction des évangiles, c’est une invitation positive du Christ par le sacrement de la chair et du sang. Nous sommes avides de cette solidarité et de cette union à tous, mais nous ne pouvons pas ne pas partir de nous-mêmes, et nous-mêmes nous nous vivons divisés entre nos astreintes physiques et psychologiques, nos limites et le tréfonds de nous-mêmes, entre l’enveloppe de notre corps, de notre histoire, de notre constitution mentale dont nous sommes en partie responsables et comptables, et cette âme, ce visage que nous avons de nous-mêmes au possible et qui est sans doute la manière dont Dieu nous veut et nous regarde, mais quelle distance. Or, c’est la conscience de cette distance qui nous fait aller à Dieu.
Prier… [1]  « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ». Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s’écrièrent : « Ce qu’il dit là n’est pas tolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! ». Même réaction que les Grecs, plus tard, sur l’Aréopage, entendant Paul qui ne leur déplaisait pas et les avait même flattés, évoquer la Résurection du Christ. Quand Jésus, l’Eglise (ses mandements sur la morale éthique) viennent au fait, nous nous récrions, la sagesse ne dérange pas, les miracles satisfont, mais la réalité ? un tel dépaysement… Significativement, le pain de vie ne sera pas à charge dans le procès du Messie. Souveraineté du Christ qui souvent dans les évangiles est présenté comme lisant dans l’esprit de ses auditeurs ou contradicteurs. Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disciples. Il leur dit : « cela vous heurte ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ? … C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair n’est capables de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas ». Le vocabulaire et les concepts humains sont défaillants pour décrire, embrasser la totalité de la réalité : Dieu-même. Jésus, Dieu fait homme, pour nous révéler, autant qu’il nous est possible de le recevoir, porte au sommet le dire et l’intelligence de l’homme, mais ces énoncés sont fantastiques. Le seuil ne peut être franchi ni en logique ni en sagesse, le saut est la foi. Il n’est pas sans conséquence. Jésus savait en effet depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le livrerait. En regard, l’Eglise – Pierre, pécheur, renégat, relaps, mais croyant – fait profession de foi : tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu le Saint, le Saint de Dieu. Le même Pierre au paralysé : Eneas, Jésus-Christ te guérit, lève-toi et fais ton lit toi-même… Et aussitôt il se leva … Pierre fit sortir tout le monde, se mit à genoux et pria, puis il se tourna vers le corps et il dit : Lève-toi… elle ouvrit les yeux et, voyant Pierre, elle se redressa et s’assit. Pierre lui donnant la main, la fit se lever. Exactement les instructions de Jésus à l’instant de cette Ascension qu’il avait évoquée pour les incrédules… guérir, ressusciter sont des ordres autant qu’un pouvoir, le pouvoir de la foi. Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens ! [2]


[1] - Actes des Apôtres IX 31 à 43 ; psaume CXVI ; évangile selon saint Jean VI 60 à 69

[2] - Comme dans le cas précédent, ce psaume a été divisé en deux parties pour les mêmes besoins liturgiques. Notre psaume nous semble un peu décousu, mais son sens est clair. Il s’agit d’un homme qui se trouve dans une situation difficile, proche de la mort et qui demande à Dieu de l’en délivrer ; il fait alors le vœu d’offrir un sacrifice dans le temple au sein de Jérusalem, en présence de tout le peuple. Comme dans les autres psaumes, aucune précision n’est apportée quant à la nature de ces souffrances ni à l’époque où se déroulent ces événements, afin que puisse s’y reconnaître quiconque se trouve dans la détresse ; de même que dans ce psaume l’auteur prie pour lui-même en s’incluant dans l’ensemble du peuple d’Israël, quiconque a besoin du secours divin doit se solidariser evc ses frères. Sur l’expression ahavti ki ychma’ ha chem = « j’aime l’Eternel quand il me répond », le midrach nous dit que Dieu, touché par cette décaration, répond que lui aussi aime Israël (Deut. 7.13) « il t’aime, te bénit et te multiplie » Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.


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