jeudi 31 mai 2012

comme aux jours de fête - textes du jour

Jeudi 31 Mai 2012

Tous les signes de désespérance sont là, sinistres, comme l’envers, le contraire d’un ciel étoilé. Dans tous les domaines, je les vois, les subis jusqu’à anéantissement. Pas du tout imaginaires. Notre chienne dont même les cendres sont inaccessibles, l’inertie du système ménal et judiciaire… l’imperméabilité du candidat, de l’élu, du nouveau président en exercice et de ses bureaux à toute offre de service et de correspondance exactement à l’instar de son prédécesseur. Au moins, savais-je que JC était chambré par DdeV. Ce qui accule à la répétition, elle-même lassante, et impose que le compagnonnage devienne demande, encore plus éludée. La manière dont sont traités certains en politique, ignoblement, me blesse comme s’il s’agissait de moi : les renégats et traîtres. L’extraordinaire erreur afghane et la mutuelle persévérance sous des mots et selon des calendriers différents. La Syrie. Sans que l’Histoire soit aussi prévisisble qu’elle le devenait dans les années 30, quantité de germes, de théâtres, d’acteurs horribles, précisément identifiés, sont en train de préparer ce qui n’est certainement ni la paix ni la beauté. Je lirai FABIUS dans le Monde, mais lui aussi est un homme qui ne répond pas et qui n’a besoin de personne que d’organigramme. Il ne fut pas toujours ainsi. Le pouvoir change les hommes et dans le cas des vétérans, il les confirme et choisit leur côté le plus rigide, alors que l’espérance des sociétés et des électeurs est bien que les hommes changent le pouvoir…
Ma fatigue physique. Le poids de responsabilité d’aimer, d’avoir mis au monde et souhaité des enfants. Une chape faisant linceul. Elle se secoue un peu quand je marche à l’air libre, allant ouvrir à nos chiens et sortant. Mauvais sommeil depuis plusieurs jours avec un éveil autour de quatre heures du « matin ». La liturgie de béatification de la fille LAMOIGNON m’a semblé tellement parodique, sans un mot personnel de quelque prélat mitré que ce soit pour saluer au moins la chrétienté sous le soleil du quai de la Rabine. Un anti-témoignage, une incommunication, une non-communion totale, laideur physique et spirituelle. Un affreux souvenir. Et pourtant, continuer, espérer, prier…  [1] La « fête » de la Visitation : Marie à sa cousine Elisabeth donne une sensation extraordinaire de… je ne sais dire : ni angélisme, ni paradis, mais voilà deux femmes, d’âge  très différent, l’une quasiment en fin de vie, l’autre à son tout début, l’une exaucée dans son désir d’enfant, l’autre recevant un enfant qu’elle n’avait pas du tout envisagé, et les voici à la rencontre l’une de l’autre, se congratulant pas tant l’une l’autre, qu’en Dieu. Ambiance divine et pourtant tout humaine. Le contraire de notre monde, de notre société ? non, le monde et la société qui pourraient devenir tels. L’accolade de Marie et d’Elisabeth, Fra ANGELICO… Ne crains pas, Sion ! Ne laisse pas tes mains défaillir !Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. Dieu partenaire, Dieu sollicitant l’homme, se réjouissant de lui… Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Marie, mère Dieu, disputes conciliaires, séparations d’entre les églises chrétiennes, est explicitement saluée ainsi par sa cousine selon le texte de Luc rédigé dans les années 70… Le Magnificat est une réponse pas à l’ange de l’Annonciation mais à une autre femme car c’en est une, celle-ci, Elisabeth, qui entonne le chant du bonheur, et cela, à la simple écoute de son fils in utero : lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Marie survient, il n’y a pas la poste, le télégramme ni le téléphone, elle n’a pas le temps de dire ce qu’il lui arrive, à elle, et elle est reçue pourtant telle que l’hisoire de la rédemption l’a soudainement révélée. Elisabeth transmets instantanément sa foi à son fils. Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. Puisqu’à l’Annonciation, Elisabeth en est à son sixième mois, selon Gabriel, bien renseigné… la jeune fille a aidé à l’accouchement de Jean, le futur Baptiste. Dans cette nouvelle cellule sociale, dans cette communauté chrétienne naissante, le temps n’est pas seulement à la prière ni à la louange divine, il est très pratiquement employé en allers et retours, en obligations civiques, le recensement. Sans compter les explications conjugales entre Marie et Joseph, mais tou est guidé par Dieu, imprégné de Lui. Dieu, une personne et pas du tout une idée.  Vivre deux univers à la fois, celui dont nous sommes à terme sauvés, celui que d’ici nous discernons très mal, redoutons parfois, espérons quand même. Ces deux mondes ne nous sont perceptibles qu’en aveugles. De plus en plus de données m’échappent. Plus exactement, je commence à voir et vivre notre précarité, première étape d’une espérance et d’une conscience plus vive du salut. Avec cette péremption de l’actuel, le Magnificat anticipant les Béatitudes ou les vivant par prétérition. Il disperse les superbes, il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles, il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.


[1] - Sophonie III 14 à 18 ; Paul aux Romains XII 9 à 16 ; cantique d’Isaïe XII 2 à 6 ; évangile selon saint Luc I 39 à 45

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