lundi 28 mai 2012

va... puis viens et suis-moi - textes du jour

Lundi de Pentecôte 28 Mai 2012

Hier
23 heures 48 + Deux liturgies, tellement inégales avec un commun dénomnateur.
L’essentiel est mon aveu de la mort, de la découverte du corps mort, de sa Fifi à notre adorable petite fille. Elle venait de passer l’après-midi avec Laetitia, et ayant ramené celle-ci, j’ai préféré que notre conversation se fasse dans l’ambiance habituelle de nos routes d’aller et retour de l’école, et rien qu’en tournant autour de l’église et en prenant le giratoire devant la mairie et la médiathèque, j’ai pu lui dire que j’avais des choses graves à lui dire, que nous ne reverrions plus Fifi, que son corps avait été découvert, mort depuis longtemps, défiguré. Aussi, Maman ne l’avait guère vue et cela lui aurait encore fait plus mal de la voir, si méconnsaible dans cet état. Elle a accusé le coup en silence, elle croyait manifestement au retour de sa chienne chérie, de sa véritable fille. Encore ce matin sur la route, ses mots de certitude, son indication aussi de panneaux publicitaires vers Kergonan, que nous pourrions utiliser. Il y a eu de loin en loin des questions précises car j’ai été précis, le laboratoire, la destruction du corps pour analyser les causes de la mort, le poison, pas d’incinération individuelle. Le paradis, au lieu de parler de la mort, une messe spécialement et particulièrement pour les chiens. Vieillir de vieillesse, ne pas mourir si jeune. Ce qu’elle dit dans la voiture, je nous ai garés dans les stationnements devant la médiathèque. Mais au lit où elle a voulu que nous continuions à parler comme dans la voiture – après qu’elle eut un moment avec sa mère : c’est un ange, la reine des princesses au paradis des chiens – qu’elle aimerait mourir le plus tôt possible. Elle a évoqué à deux reprises, ce dont je ne lui avais pas, je crois, parlé spécialement : mourir avec quelqu’un qui vous aime et que l’on aime, comme le Frère Claude, elle a retenu ce moment essentiel. J’ai surtout reçu l’inspiration tandis qu’elle comprenait ce qu’elle avait appris, que j’évoquais la mort probable dès le mercredi matin de sa disparition, de lui raconter toute notre histoire avec les chiens, depuis Lucia jusqu’à Raïssa. Elle demande pourquoi elle et pas d’autres de nos chiens, pourquoi personne ne l’a défendue. Elle n’a failli pleurer que deux fois, je la regardais de profil, très forte, sans projets de vengeance ni de révolte, mais la voiture arrêtée devant le portail : pourquoi Dieu ne fait-il rien, n’a-t-il rien fait ? et puis elle s’est ravisée, a voulu que je lui parle du paradis. Deux choses certaines, la résurrection (je n’ai pas précisé : des morts, de la chair, car pour elle la résurrection c’est manifestement cela et pas de l’éther) et la proximité de Dieu. Pour tout le reste, nous ne savons rien. Le paradis pour tout le monde, pour toute la création à laquelle les Apôtres ont été envoyés annoncer la Bonne Nouvelle. Au lit, elle est d’une profondeur bouleversante. Les gentils peuvent être méchants, et les méchants gentils. Les gentils peuvent devenir méchants. Il devrait y avoir un test, ce devrait être inscrits sur le passeport. Elle a accepté de n’avoir pas revu le corps, elle voulait initialement que je lui montre l’endroit, j’y ai été disposé tout en lui disant que cela ne signifiait rien, qu’elle n’ »était sans doute pas mort là. Comme moi, elle aurait voulu quelques poils à retrouver, moi qui regretter de n’en avoir pas coupé vendredi soir. Reniac… chaque coup donne une nouvelle résonnance au souhait d’ailleurs de ma chère femme, toujours cette maison lui a paru maudite, maléfique. Marguerite voudrait que nous déménagions tout de suite, un appartement fermé mais tout en gardant Reniac. C’est exactement ma propre pensée, mon souhait : réalisable ? certainement pas dans nos conditions financières actuelles. Nous avons donc, tout en vivant cet événement : accepter le fait que notre chienne est morte, que nous ne la reverrons plus, qu’elle ne reviendra pas, parlé de tout autre chose, nos chiens de générations précédentes, les études à venir à organiser en concertation d’elle avec Eva et Laetitia. – Je pense qu’il y aura le choc, mais il a aussi cet avu dont aucun adulte n’est capable et qui est pourtant d’expérience : tu sais, Papa, quand tu n’es pas là au botu de quelques heures, je t’oublie. Elle oubliera, croit-elle. Je lui ai dit qu’elle n’oublierait pas, mais je ne lui ai pas dit qu’ainsi elle souffrirait moins puis plus…   Je lui écris maintenant tout cela. Et nous avons évoqué aussi l’affiche et l’annonce de presse. C’est une fille forte à l’amour économe de mots.

Ce matin
06 heures 31 + Ma dernière phrase d’hier soir … c’est une fille forte à l’amour économie de mots. Pouvoir l’écrire de sa fille de sept ans et demi. Je lui ai appris la vérité-réalité.Trois quarts d’heure à parler allant et venant autour de notre chienne, de l’histoire de nos vies à chacun, des antécédents à la sienne dans la mienne. Le court agenouillement avec sa mère que nous retrouvons après cette forme d’annonce et de profession de foi. Le moment que je cherchais, qui devait être hier soir, qui aurait pu être à son coucher, m’ été donné subitement après que nous ayons raccompagné sa petite amie chez les siens. Celle-ci ne pouvant même plus dire qu’elle a la nostalgie du retour de sa propre mère « congédiée » par le père pour… Nous vivons en creux plusieurs drames, le nôtre est-il simplement cette parcelle de la souffrance du monde, vraie réalité ? Je suis ce matin vidé, je fais mon possible. Sens des deux liturgies d’hier : une profession monastique solennelle, exemple-même que la liturgie quand elle est vécue intensément sans distinction d’acteurs principaux, de célébrants, de participants, de familles de sang ou de vocation, rest cpntagieuse, notre fille malgré que cela ait duré plus de deux heures, ma femme si souvent réticente mais ayant reçu les grands moments, et moi souvent en larmes entre reviviscence de mes anciennes interrogations sur un état de vie et la disparition, jusqu’à son cadavre de notre chienne aimée, si jeune, si lâchement agressée. Dire de Michel SERRES hier soir sur l’âme des animaux et notre communauté de vie avec eux qui se perd. Et l’autre, sur les quais de Vannes qui ne furent pas de plaisance jusqu’il y a peu, la « béatification » de la fille du chancelier LAMOIGNON, dite « l’ange des mansardes » après son mari, MOLE de CHAMPLATREU ai été guillotiné. Il n’y avait que le regard et le sourire des religieuses de la congrégation qu’elle fonda en 1803 en ces lieux-mêmes, paroissienne de Saint-Sulpice, le desservant devenu évêque l’appelle aussitôt, elle a marié les deux enfants survivants des cinq qu’elle avait eus. Cette femme, comme Yvonne-Aimée de Malestroit, me passionne, mais cette liturgie, au demeurant simple et brève, messe en plein air, défilé d’une centaine de prêtres et d’évêques, derrière bannières et au son des musiques bretonnes, avec des façades encore d’autres siècles, n’était que masculine, déguisée, jeux de rôles. Il y avait sans doute prière et ferveur chez ces clercs, accablés par le soleil pour ceux qui n’étaient pas à l’estrade, mais cela ne se voyait ni ne sentait. J’ai voulu donner le signal des applaudissements quand dfut termiéne la lecture en latin de la bulle papale. Il n’y en a eu qu’après la traduction française. D’une autre congrégation, tout en blanc, une jeune religieuse m’avait accepté à ses côtés en bout de son rang. Elle ne me sourit qu’à mon départ aanticipé, la prière universelle dite et accepta mes vœux que la suite de sa vie soit belle : enseignement inculqué comment ? d’avoir à se tenir loin des hommes, et puis la version féminine de l’existence se réveilla à l’instant de constater qu’il n’y aurait eu que ce frôlement de rencontre. – Je me sens vidé, le sens de la vie, le sens de la marche… mais il m’est donné de marcher. A cet instant, sort de l’horizon un soeil aussitôt ardu. Prier, puis écrire au nouveau secrétaire général de l’Elysée quelques lignes de courriel sur l’actuel viol, le énième commis par le dictateur mauritanien (débarquer avant terme le président de la Cour suprême, empêché par les armes de regagner son bureau hier après-midi : le simple rappel de notre ambassadeur vaudrait désaveu de notre part, test de la « françafrique » dont un premier a été donné au discours de Tulle, mais – tout l’enjeu du mandat présidentiel nouveau dans chacun des domaines du mal-être français et européen – aura-t-il sa suite, son développement ? Je n’augure pas. Puis, avec le compte-à-rebours de l’arrivée de cet ami d’antan auquel ma chère femme reste si fidèle, avec réciprocité, parce qu’il y a surtout le terreau toujours tiède d’un passé et de relations communes, d’un travail et d’une ambiance qui furent porteurs de cette fin d’adolescence qu’est la trentaine, surtout si elle rayonne et est heureuse. C’est d’ailleurs à ce moment que nous nous rencontrâmes et que l’amour arriva – définitif – mais chargé de difficultés qui n’ont plus jamais cessé : l’amour antidote de presque tout, mais ce presque tout survenant en même temps que lui, dans nos vies… Etre sur le qui-vive désormais chaque fois que s’absente l’un quelconque de nos chiens qu’affectionnent nos agresseurs anonymes. Trente hectares et les tenir en laisse ou en chenil… ? Du même genre en parabole que ces treize mois de massacres en Syrie par un pouvoir qui tient selon le balancier des équilibres et procédures en Conseil de sécurité. Les années 1950 savaient être roides. Le veto soviétique fut contourné pour la Corée en assemblée générale : la résolution Acheson, dont plus personne à commencer par les Américains, et nous désormais puisque de GAULLE est si loin, ne parle. POUTINE tout dictateur qu’il est, n’est pas STALINE vainqueur de HITLER. – Et puis le défi à relever… « Mon cher Bertrand, avec vous on ne choisit pas un sujet. C’est votre plume qui vous dira où elle veut aller. Mais je verrai plutôt le pamphlet, La France aujourd’hui, hier et demain. Ancien d’extrême droite si c’est l’être que de considérer BRASILLACH comme un de nos plus plus grands auteurs au XXème et avoir contribué à la fondation de la Table ronde, il ne m’a encore jamais publié, mais il me donne de mon prénom depuis notre dernière correspondance. Françoise VERNY et nos rencontres pour d’énièmes évaluations négatives. La longue histoire (Romain GARY édité à son huitième manuscrit seulement, ses lettres me le racontant, étonnantes de graphisme) s’achève, celle de ma vie ne m’appartient plus. Depuis quelques mois, je sais que le relais a déjà passé à notre fille. Et que de nous trois, la plus à chérir, soutenir est bien sa mère, ma femme.
J’avance à l’autel du matin, le bouquet à la main. Naguère, hier encore, le partage faisait église – dans cette diffusion virtuelle quotidienne – et aujourd’hui la chapelle est simple, chaleureuse, priante. [1] Ma fille veut une messe pour Fifi, elle l’aura, et pas in petto. Une demi-heure de soins ménagers, chiens et nettoyage, tasse de thé pour ma femme et une demi-heure pour assembler ce dont je me décharge avant de prier… J’ai vécu hier soir le test de l’amour et puis se couchant, embrassée par sa mère, notre fille m’a dit : reviens, je voudrais qu’on continue de parler comme dans la voiture. Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se laissa tomber à ses genoux et lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? ». La question n’est pas la bonne, car la vie éternelle, c’est le Royaume c’est d’être avec Dieu, ce n’est pas un bien c’est l’union à une personne, pas d’échangisme. Jésus, dans cet épisode si célèbre mais inépuisable de sens et d’avertissement, ne reprend son interlocuteur que sur le titre qu’il reçoit de lui, alors qu’au lavement des pieds de ses disciples, il leur dira : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison »… « Pourquoi m’apelles-tu Maître ? Personne n’est bon, sinon Dieu. »  Alors, ce paradoxe, aucun des douze Apôtres n’a couru vers le Christ, chacun a été appelé, désigné nommément, mais a suivi. Celui-là ? Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit àl’aimer. Je ne peux vérifier si le texte original emploie le même verbe pour le disciple que Jésus aimait. L’inconnu va au Christ selon la rumeur, selon la réputation de celui-ci, mais Jésus a le coup de foudre. A l’apéritif de plein air, hier, devant l’abbaye de Kergonan, ces adolescents et pré-adolescents, des garçons, le regard si clair et l’âme si ouverte à ma question banale : que voulez-vous faire plus tard ? les réponses variaient, elles étaient blaguées tant ils étaient encore loin, en chronologie de leur âge, du choix d’une filière, d’une carrière et ils ne répondaient pas en termes d’ambition, tandis qu’uniformes et toilettes, allaient et venaient, censément familiers les uns des autres. Eux et le sommelier du général commandant la région militaire me parurent vrais : ils étaient ouverts. Jésus appelle mais, contrairement à sa manière pour mander ses futurs Apôtres, il conditionne son appel. Ceux-ci, d’une certaine façon, ne furent pas libres : pas même le temps de la réflexion, appelés, ils suivent. A cet homme, Jésus présente un choix : une seule chose te manque : va ! d’ordinaire c’est au miraculé que cet ordre s’adresse… va, vends tout ce que tu possède, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel (réponse à la question initiale), puis viens et suis-moi.  Il était pourtant venu. Jésus commente, car lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste : il avait de grands biens. … Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le Riyaume de Dieu ! La suite est la raison de notre prière : tout est possible à Dieu. … Il a donné des vivres à ses fidèles, gardant toujours mémoire de son alliance [2]. Et à ceux qui suivent, on suivi, Pierre, qui s’y connaît, assure :  cet héritage vous est réservé dans les cieux (justement ce que convoitait cet homme), à vous que la puissance de Dieu garde par la foi…. Et vous tressaillez d’une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut, qui est l’aboutissement de votre foi. Celle transmise à notre fille qui, sans encore savoir, disait vouloir se suicider pour rejoindre plus vite sa chienne que nous cherchions et attendions encore. Alors, ma responsabilité me fut perceptible. Et si… s’il n’y avait ni salut, ni rémission, ni retrouvaille, que… L’agnostique est certain, l'indifférent aussi... l’âme de foi : non. – Prier, demander.Tout.


[1] - 1ère lettre de Pierre I 3 à 9 ; psaume CXI ; évangile selon saint Marc X 17 à 27

[2] - Ce psaume alphabétique est dit à min’ha de chabbat parce qu’il parle de justice, comme les versets du tsidkatkha et parce que le « souvenir » que Dieu laisse de ses actions, se réfère au commandement du chabbat : « souviens-toi du chabbat » (Ex. 20.8). Ce psaume consttiue aussi un hommage à Dieu pour la providence qu’il exerce sur toutes ses créatures et sur son peuple en particulier. Il est particulièrement de mise dans la bouche du fidèle qui, au moment où le chabbat est sur le point de finir, s’est amplement délecté de cette grâce divine qui se manifeste le chabbat dans toute sa splendeur. Rabbin  Claude BRAHAMI, op. cit.

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