samedi 16 juin 2012

il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth - textes du jour

Samedi 16 Juin 2012

Expérience de la fratrie tout hier et avant-hier soir : point besoin de se raconter, on vit ensemble, on fait de petites choses ensemble, en l’espèce les photos et papiers de famille, c’eût pu être de retendre des sièges dépenaillés ou monter les murs de la cabane de notre fille, et cela se joue à plusieurs, l’un évoquant les siens qu’il venait de quitter et ceux qu’il visitera après nous, et nous avec Marguerite taquinée et taquinante, faisant de chaque repas un suspense : participation ou pas au plat suivant. Expérience aussi de la position du serviteur anonyme, moi qui voulut tant être en politique, donc élu pour mieux valoir un jour auprès du prince à conseiller et accompagner, je distribue paisiblement et mets dans les boîtes aux lettres des tracts, d’un autre, effigies souriantes du duo, maladresse des rédactions : une majorité présidentielle pour François Hollande, alors qu’il s‘agit maintenant d’une majorité parlementaire. La campagne, les étiers, la mer au crépuscule avant le minuit de Cendrillon, plus de cent boîtes aux lettres, mais trois rencontres seulement, dont deux en silhouettes, la première sans âge, chandail rouge et voiture rouge, acceptant le papier mais sans que se noue la conversation. Peut-être mon visage et mon passage confirmeront-ils la voix que je suppose. Le vieillissement fait consentir à beaucoup et comprendre plus encore. Combien notre vie est encombrée de notre personne et des cent accessoires qu’elle se veut au lieu de se valoir par elle seule. J’en suis là, avec cette sensation quotidienne du décisif commencement seulement ce jour et d’être à peu près à pied d’œuvre moyennant encore quelques préalables, d’ordre tout domestique. Notre vie à chacun préalable à la vie éternelle tous ensemble. Prier… une version encore du Magnificat, celle d’Isaïe : je tressaille de joiedans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. L’image n’est pas ici celle de la maternité obtenue ou du salut engendré, mais celle des noces si familière pour le contemplatif, l’aventure des fiançailles et l’émerveillement en source soudaine. Il m’a enveloppé du manteau de l’innocence, il m’a fait revêtir les vêtements du salut, comme un jeune se pare du diadème, comme une mariée met ses bijoux. Les images de la terre fécondée, des plantes, de nos plantes, nos fleurs, nos arbres que nous aimons, celle de notre splendeur aux premiers jours de l’amour. Rappel du cantique d’Anne : mon cœur exulte à cause du Seigneur ; mon front s’est relevé grâce à mon Dieu. Dieu comblant, Dieu relevant, Dieu nous faisant triomphants et magnifiques. Cela nous le comprenons puisque nous l’espérons, puisque cela nous arrive, mais l’enfant Jésus introuvable dans le groupe des familiers et des pélerins, retour de Jérusalem, qui peut comprendre ? qui peut comprendre Dieu ? et plus encore l’Incarnation ? Le dialogue est abrupt tant la distance des deux situations est grande. Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! – Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. Marie et Joseph en prennent chacun « pour leur grade ». Quand Dieu nous met devant les évidences, de la façon la plus rude pour ne nous consoler et accueillir que l’instant d’ensuite, c’est l’épreuve de la foi, qui est toujours celle de l’identité de Dieu, travestie en nous, et que le Seigneur réajuste : Esprit Saint. [1]

Raisonné avec mon cher aîné sur la contradiction qu’il y a à enseigner l’histoire nationale (il la faut aujourd’hui européenne pour un patriotisme européen… mon papier de Commentaire) pour raviver et nourrir les racines de notre civisme et de notre commune solidarité mentale, et à ne pas pratiquer notre histoire au jour le jour quand c’est notre tour de la faire, l’abstention dans les urnes certes mais le non-suivi des événements, le désintérêt même pour ceux-ci alors que professionnellement on se tient à jour ou l’on a déployé toutes les facultés dont la simple et périodique application à l’actualité, nous rendrait participant à notre actualité… structures et valeur de notre présent, disposition du présent à notre analyse, à nos suggestions, à nos engagements, à nos contagions et propagations… à l’inverse, pourquoi l’Eglise, par exemple, ne distribuerait-elle pas dans les boîtes des tracts, simples ? mais quoi dire et quoi écrire ? Encycliques et homélies, soit ! célébration des sacrements conviviaux, soit ! mais passer chez les gens… ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Dieu alors s’adapte : il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Leçon quand tout se passe et a passé : sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Dialogue avec Marguerite avant de s’endormir : pourquoi Marie, le modèle de toutes les mamans, nous récitions le Je vous salue, Marie ! Parce qu’elle est la mère de Jésus et que Jésus est tès important. – Oui, mais comment est-elle ? Tu te souviens de Cana, c’est d’ailleurs elle qui est invitée, pas Jésus, il ne fait que l’accompagner avec ses disciples. – Faites tout ce qu’il vous dira. L’Esprit Saint. Elle a l’Esprit Saint et elle le donne à toutes les mamans. … Dans la nuit, un cauchemar, et nous avons dormi et nous sommes éveillés en trinité.


[1] - Isaïe LXI 9 à 11 ; cantique d’Anne, cf. 1er Samuel II 1 à 8 ; évangile selon saint Luc II 41 à 51

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