mardi 5 juin 2012

ils étaient remplis d'étonnement à son sujet - textes du jour

Mardi 5 Juin 2012

Prier d’abord… le chant presque grinçant, avec des douceurs, pas vraiment de couleurs, comme un mélange d’alcools, ceux d’hier soir, « Dédé » C., André si noble, essayant le crémant, puis le whisky, tandis que je refuse la Suze et qu’il ajoute du cassis, au total, on ne sent plus rien, pas même la douceur. Cuisinier de marine depuis 1954, l’Indochine, l’Algérie, les Açores, peut-être l’escorte du Colbert vers le Saint-Laurent de 1967. Ses radios, son dos parfait, son taux de PSA, consulter un médecin régulièrement est avoir le sens de sa responsabilité vis-à-vis d'autrui, récits d'accidents notamment cardiovasculaires... le sort de ses enfants, lui toujours en mer... mais le sens de la vie, et finalement un profond respect pour l'existence en tant que telle, telle qu'elle est donnée à chacun... la joie enfantine pour les résultats de ce qu'il fait et aura fait... puis le passage de la baignoire à la douche et ce réaménagement pratique du lieu de vie qui est sereine connaissance du possible quand… tout le potager de cinquante ans de travail, les pommiers comme une charmille, les poussins en encoignure avec leur mère, coq et poulettes avec prudence au fond du petit pré. Notre fille médusée de sourire et l’octogénaire ingambe qui sait si bien s’y prendre avec elle, droit, le regard fond de mer, le poil intact et une compagne qui crie comme en plein air, a l’œil rusé et avare, mais la main généreuse. Ma chère femme a alors le visage de l’offrande à la vie tandis que si souvent je ressens qu’elle se vit enfermée et en impasse, tandis que je fais des kilomètres comme le hamster dans la roue. Marguerite et moi vivons de projets, notre fille combione déjà les équipes et les jeux pour son anniversaire pour dans six mois tandis que comme sœur Anne, mais pressé seulement par moi-même, j’attends que quelqu’un me trouve utile. Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice [1] Mais dans cette attente, quelle est la réalité sociale, quelles sont nos contraintes : A César rendez ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. La réponse du Christ sur la relation ou pas avec l’occupant, est éminemment politique, mais crée-t-elle une shizophrénie ou des incompatibilotés que je ne peux résoudre ? Je crois que c’est nous-mêmes qui nous posons les mauvaises questions. César et Dieu s’éprouvent mutuellement en nous, on en forme d’équilibre, pas même en complémentarité, mais selon un comportement tranquille et réaliste. La société a besoin de justice, pas de prière, et Dieu ne se prie pas, Il se reçoit. Nous sommes immergés dans les conditions de notre existence, hôte ou prisonnier de César, et nous recevons la divine visite. Ne perdez pas la position solide qui est la vôtre, mais continuez à grandir dans la grâce et la connaissance de Jésus Christ, notre Seigneur et notre Sauveur. Alors à Celui-ci, cette forme seule de la prière finalement adéquate : fais connaître ton œuvre à tes serviteurs et ta splendeur à leurs fils. [2].


[1] - 2ème lettre de Pierre III 12 à 18 ; psaume XC ; évangile selon saint Marc XII 13 à 17

[2] - Nous devons prendre à la lettre l’intitulé de ce pasuame, « prière de Moché, homme de Dieu », malgré les nombreuses hypothèses émises par certains exégètes autorisés (Le midrach Chohér Tov, attribue même à Moïse les 11 psaumes qui vont de 90 à 100 ; il les aurait prononcés à l’intention des 11 tribus d’Israël (à l’exception de sa propre tribu, celle des Lévi destinée au Temple). La réflexion philosophique de l’existence contenue dans ce psaume convient parfaitement à un homme de l’envergure de Moïse qui atteint la perfection de l’idéal humain dans es rapports avec Dieu ; il est appelé Ich ha Elohim = « homme de Dieu », car c’est le seul qui dialoguait avec Dieu « face à face », et, en tant qu’homme le plus modeste que la terre ait porté (l’homme Moché était très modeste Nb. 12.3), il percevbait de façon la plus aigüe possible l’abîme infranchissabkle qui sépare l’homme de son créateur. Il s’agit donc bien d’une réflexion sur la condition humaine. Par rapport à Dieu, vivant éternel, l’homme n’est que néant ; sa vie n’est que de « l’herbe qui fleurit le matin et se fane le soir », un bref « sommeil » après lequel c’est « déjà la mort », un « souffle », un « oiseau qui s’envole ». Non seulement la vie humaine est éphémère, mais les 70 ou 80 ans qu’elle dure ne sont souvent qu’années de « misère et de souffrance » ; elle est comme soumise à l’implacable exigence divine, que le psalmiste désigne de façon imagée par « la colère, la fureur de Dieu », pour dire que c’est ainsi que les malheurs sont perçus par les hommes eux-mêmes. Vue sous l’angle du rapport avec Dieu, oui, la vie humaine est proprement insignifiante ; mais Moïse nous invite à un point de vue complémentaire et plus positif par lequel cette courte existence prend tout son sens. Si l’homme se pense comme un « serviteur de Dieu », avec pour mission « de faire pénétrer la sagesse dans son cœur », sagesse de la Tora, bien sûr, grâce à laquelle il peut se garder du mal et se repentir des fautes commises, alors, au lieu de se « faner » en un matin, il se trouvera « rassasié de l’amour de Dieu » ; l’opression se transformera en joie (c’est le sens de l’expression : saméh’énou kimot ‘initanou = « réjouis-nous à la mesure des jours où tu nous as opprimés », verset 15). Enfin les « e,fants » que l’on laisse derrière nous, sont comme l’antidote du caractère éphémère de notre existence. C’est ainsi que l’homme peut donner un sens à sa vie et tendre vers l’idéal de l’homme représenté par Moché, tel que Dieu l’a conçu lors de la création. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.  Ce commentaire me frappe par son volontarisme implicite, tout dépendrait de l’homme pour que Dieu soit atteint, pour que le bonheur, non défini d’ailleurs, soit sa vie. Ce qui ne remédie pourtant pas à la mort que ne peut pallier notre fécondité. Le chrétien au contraire se confie à la seule grâce – celle-ci est-elle un donné, un concept dans la spiritualité juive ? alors même que tout Israël respire l’expérience d’une providence miraculeuse se manifestant à chaque génération ? Il me semble que le Juif est seul, sans doute sait-il Dieu … mais il ne peut l’approcher, exception : Moïse. Pour le chrétien au contraire, Dieu incarné est à la portée de tous, c’est Lui le demandeur, l’appelant.

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