mardi 19 juin 2012

soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait - texes du jour

Mardi 19 Juin 2012

Suite de l’histoire d’Achab et de la vigne de Naboth, que je cherchais à connaître dès hier. Fort contraste entre la qualification du meurtre de son voisin vigneron perpétré par le roi et la miséricorde divine [1]. Tu as commis un meurtre et maintenant tu prends possession… Tu t’es déshonoré en faisant ce qui est mal aux yeux du Seigneur…On n’a jamais vu personne se déshonorer comme Achab en faisant comme lui ce qui est mal aux yeux du Seigneur… Il s’est conduit d’une manière abominable… A l’assassinat, le roi ajoute le polythéisme et l’idolâtrie. Mais… quand Achab entendit les paroles prononcées par Elie, il déchira ses habits, se couvrit le corps d’un vêtement de pénitence, et il jeûnait, il gardait le vêtement de pénitence pour dormir, et il marchait lentement. Un dépressif plus encore qu’un homme de piété. Dans son obsession pour la vigne de son voisin [2], il avait été de même : il se coucha sur son lit, tourna son visage vers le mur et refusa de manger. Le conflit aurait été soluble dans notre droit, expropriation pour cause d’utilité publique et Achab offre une juste compensation, mais l’autre refuse : Cède-moi ta vigne ; elle me servira de jardin potager, car elle est juste à côté de ma maison ; je te donnerai en échange une vigne meilleure, ou, si tu préfères, je te donnerai l’argent qu’elle vaut – Que le Seigneur me préserve de te céder l’héritage de mes pères !... L’évangile dxe maintenant paraît loin de cette histoire : vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. La perfection comme solution, la perfection des hommes comme solution sociale… mais qu’est-ce que la perfection ? Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Pas de différence, Dieu notre modèle. Pas de psaume, sauf erreur, qui « demande » l’amour du prochain, mais de nombreux qui appellent le pardon, qui disent la contrition et attestent même la lucidité de notre condition humaine. Selon ta grande miséricorde, efface mon péché, lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devabt moi. Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés. Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice. [3] Livré à lui-même, l’homme, le psalmiste crient vers Dieu, et la réponse divine l’appel à un comportement, non vis-à-vis de Lui, mais entre nous tous.


[1] - 1er livre des Rois XXI 17 à 29 ; psaume LI ; évangile selon saint Matthieu V 43 à 48

[2] - 1er livre des Rois XXI 1 à 16

[3] - Appel à la clémence, au pardon, regrets sincères des mauvaises actions accomplies, conscience aigüe du mal ; c’est cela que David, sur l’intervention énergique de Nathan le prophète, veut nous enseigner dans ce psaume, après avoir vécu l’aventure coupable avec Bat-Chéva’ (II Samuel 11). Selon le Malbim (Méïr Loeb ben Yeh’iel Mikhaëm, 1809-1879, exégète polonais réputé), le psaume tout entier doit être compris comme une longue supplique dans laquelle David demande à Dieu de lui pardonner cette faute grave. Ainsi, le veerset 7 voudrait dire : puisque j’ai été « enfanté dans l’iniquité », ma nature humaine veut que je sois imparfait ; ma raison est prisonnière de mon corps matériel ; ma faute n’est qu’une conséquence de cette condition humaine. Si « ma mère s’est enflammée pour le concevoir », je ne saurais être totalement responsable de ma passion puisque c’est dans la passion que j’ai été conçu. En fait, ce verset a été interprété très diversement, par les exégètes autorisés. Citons seulement Abraham Ibn Ezra (1089-1164, poète, exégète, grammairien, philosophe… né à Tudèle en Espagne, célèbre surtout par son commentaire critique de la Bible), qui voit une allusion au premier homme qui n’a été doté de la sexualité qu’après avoir mangé du fruit défendu. Quoi qu’il en soit, David veut apprendre à chacun de nous que quelle que soit notre faute, il nous est possible d’en obtenir le pardon, pour peu que notre repentir soit sincère, que nous ayons vraiment le cœur brisé et que nous mettions notre confiance en Dieu. A ce sujet, ce psaume met en rapport le repentir avec la prière et les sacrifices ; si ces derniers permettent d’obtenir le pardon de ses fautes, le meilleur sacrifice sera toujours la contrition et « l’esprit brisé », accmpagnés de la prière : « ouvre mes lèvres et la bouche dira ta louange ». Est-ce à dire que les sacrifices doivent être défiitivement bannis ? Certainement pas ; en contrepoint du verset 18, « tu ne veux ni sacrifice, ni offrande, tu n’agrées pas d’holocauste », les deux derniers versets du psaume affirment avec force qu’une fois Jérusalem reconstruite, « tu accepteras les sacrifices de justice » qui sont l’expression d’une conduite irréprochable. Le sacrifice expiatoire ne sera plus nécessaire ; il n’y aura plus que des sacrifices de remerciements et de louanges. Ce psaume est lu le matin de Kippour dans les psouqué dézimra, et dans la aprière du soir que l’on récite avant de se coucher. ». Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.
Nos frères juifs excellent à nous faire comprendre ce qu’est le péché et ce qu’est la responsabilité. C’est du moins une voie. Elle est curieusement exonérante en grande partie, le péché originel n’est pas un poids, mais une excuse… curieusement aussi, pour le chrétien, la femme en tant que mère, est davantage responsable (elle transmet le péché, elle le commet mêe pour concevoir…) que l’homme qu’elle a mis au monde. Tel que je lis l’adultère de David, la femme au plus s’est laissée faire : c’était le roi, mais ce n’est pas elle qui s’est exposée et donnée spontanement sauf à supposer qu’elle se soit exhibée en se baignant en contre-bas des balcons royaux. Le texte donne au contraire toute la responsabilité à David, adultère et assassin. Peut-être les deux manières de voir et comprendre le péché – celle des Juifs et celle des chrétiens – doivent se combiner et sont alors, ensemble, éclairante. Notre nature et notre initiative ou notre faiblesse pécheresses. Y réfléchir en ce temps commencé de carême.

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